Une préparation aux catastrophes «cruellement insuffisante» en Afrique

 

NAIROBI, 7 mai 2009 (IRIN) - L'inefficacité des systèmes de gestion des catastrophes, le manque de financements et le peu de données pertinentes pour pouvoir planifier des activités de réduction des risques ont eu des répercussions négatives dans les pays d'Afrique subsaharienne, selon les spécialistes.

« Malgré la croissance économique forte de certains pays, les catastrophes continuent de compromettre la capacité du continent à créer des richesses pour son peuple », a déclaré Margareta Wahlström, secrétaire générale adjointe des Nations Unies à la réduction des risques de catastrophes (RRC).

« Avant, on pensait souvent "les catastrophes se produisent, et puis la vie reprend son cours normal". Aujourd'hui, ce n'est plus possible en raison du coût élevé des catastrophes », a déclaré Mme Wahlström aux participants à la Deuxième Conférence régionale d'Afrique sur la RRC, qui s'est tenue à Nairobi, le 5 mai.

« Il est difficile de convaincre les ministères des Finances d'allouer des fonds ... mais est-ce qu'il est plus coûteux de réduire les risques en planifiant mieux ? Pas forcément », a-t-elle ajouté. « Si vous prévoyez de construire une maison et que les populations locales vous disent que la région est sujette aux inondations, vous allez économiser de l'argent en cherchant un endroit plus sûr ».

Selon les registres du gouvernement kenyan, le coût de l'intervention menée au cours de la sécheresse de 1999-2001 a été estimé à 340 millions d'euros. Cette intervention aurait toutefois coûté la moitié de cette somme, si un système efficace de gestion des catastrophes avait été mis en place, selon Ali Mohamed, secrétaire permanent du ministère des Programmes spéciaux.

Le Kenya se trouve également aux prises avec des conflits internes et transfrontaliers. Selon les experts, le niveau de préparation du pays aux urgences a été mis à l'épreuve par les déplacements de population massifs provoqués par les violences post-électorales de 2008.

Selon Achim Steiner, directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), le Kenya perd l'équivalent de 5,5 pour cent de son produit intérieur brut tous les sept ans en raison de crues et de sécheresses récurrentes. A l'heure actuelle, environ 10 millions de personnes sont touchées par la sécheresse.

Le manque de préparation aux catastrophes n'est toutefois pas l'apanage des pays en voie de développement, comme l'a montré le passage de l'ouragan Katrina, en Nouvelle-Orléans, en 2005.

« Notre état de préparation est cruellement insuffisant », a déclaré M. Steiner. « Le changement climatique, sans doute la plus sombre des vérités, nous montre que nous devons commencer à gérer la planète en tant qu'ensemble. Au Bangladesh, le niveau de la mer devrait s'élever de 60 centimètres avant la fin du siècle... environ 20 à 30 millions de personnes vont devoir chercher un autre endroit où s'installer ».

 

Les défis

Le manque de données climatiques, par exemple, compromet la capacité des pays à effectuer des prévisions climatiques correctes, selon Charles Akol de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique. « Les pays d'Afrique manquent de capacités pour pouvoir mener des états des lieux, à la suite des catastrophes », a-t-il ajouté.

Selon Davies Okoko, responsable de la préparation aux catastrophes à la Société kenyane de la Croix-Rouge, les équipes d'intervention doivent être formées de nouveau à faire face aux menaces émergentes, et les services d'urgence doivent être équipés pour faire face aux catastrophes qui se déclarent rapidement. « Peu de ressources sont consacrées à la gestion de ces catastrophes », a-t-il expliqué.

L'urbanisation rapide a été évoquée parmi les causes de l'augmentation des risques et du coût des catastrophes, la population urbaine mondiale surpassant la population rurale.

Youcef Aitchellouche, coordinateur de la gestion des catastrophes à la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a appelé à développer les capacités à l'échelle locale, et à renforcer la coordination entre l'aide humanitaire et l'aide au développement pour assurer une gestion durable des risques de catastrophes.

Au Mozambique, par exemple, les organismes de gestion des catastrophes travaillent avec les communautés locales, a expliqué Pedro Tomo, directeur de l'institut national de gestion des catastrophes. Des centres de technologie agricole ont également été créés dans des zones reculées pour enseigner aux agriculteurs à contrer les effets des sécheresses et des inondations récurrentes.

Selon Mme Wahlström, des événements climatiques tels que le tsunami de 2004 ont montré que les catastrophes n'avaient pas de frontières. « Nous devons apprendre à être opportunistes, à tirer parti des éléments déclencheurs, parce que les gens ont tendance à oublier les catastrophes », a-t-elle expliqué.

La conférence, qui s'achèvera le 7 mai, après l'élaboration de recommandations, s'inscrit dans le cadre du Cadre d'action de Hyogo, un plan directeur mondial destiné à promouvoir une approche stratégique et méthodique de réduction des vulnérabilités et des risques de catastrophes, et à diminuer les pertes dues aux catastrophes, d'ici à l'an 2015.

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