Propagation de la
tuberculose « ultra-résistante », un fléau mortel
DAKAR, 25 mars 2009
(IRIN) - Ces trois
dernières années, le nombre de pays où ont été signalés des cas de tuberculose
ultra-résistante aux médicaments (ou XDR-TB, une maladie généralement incurable
dans les pays en voie de développement) a augmenté de près de 25 pour cent : ils
étaient 55, lors de
Selon les
estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ cinq pour cent
des nouveaux cas de tuberculose diagnostiqués chaque année sont multi-résistants
(MDR-TB) ; parmi les patients affectés, quelque 60 000 sont atteints de la
souche mortelle, quasi incurable de tuberculose.
« Les nouvelles ne
sont pas bonnes », a déclaré Mario Raviglione, directeur du « Partenariat Halte
à la tuberculose » de l'OMS. « Si le monde ne bouge pas, nous allons avoir de
gros ennuis ».
Toutes les formes de
tuberculose multi-résistante sont particulièrement mortelles chez les patients
atteints du VIH, qui sont sujets aux infections tuberculeuses généralisées en
raison de leur système immunitaire faible. Les recherches de l'OMS révèlent un
taux de décès supérieur à 90 pour cent chez les patients atteints du VIH et de
Les bactéries
responsables de la tuberculose attaquent généralement les poumons et se
transmettent par voie aérienne ; les zones pauvres et densément peuplées sont
des terreaux fertiles pour une transmission rapide, selon les travailleurs de la
santé.
Inégalité
d'information
Selon M. Raviglione,
seuls trois pour cent environ des personnes atteintes de XDR-TB (la forme la
plus extrême de résistance aux médicaments) reçoivent à temps des soins de
qualité, permettant de traiter l'infection. Si d'après certaines études
médicales, dans les pays dotés de bons systèmes de santé, jusque 60 pour cent
des cas de tuberculose XDR-TB peuvent être traités, la plupart des pays où ces
bactéries ultra-résistantes sont détectées ne disposent pas des ressources
humaines, ni des laboratoires nécessaires pour établir des diagnostics précoces
et exacts, a expliqué M. Raviglione à IRIN.
« Les informations
fiables sont limitées aux pays développés. En Afrique, nous connaissons mal
[l'ampleur de
Si 60 000 personnes
contractent la tuberculose XDR-TB chaque année, selon les estimations de M.
Raviglione, plus de 40 000 ne sont pas soignées et continuent de contribuer à la
propagation de ces bactéries extrêmement résistantes.
D'après le rapport
publié par l'OMS en 2009 sur la tuberculose (LINK), plus d'un demi-million de
nouveaux cas de tuberculose multi-résistante ont été recensés en 2007. La
résistance se développe lorsque les patients ne suivent pas correctement le
traitement médicamenteux de six mois nécessaire pour soigner la tuberculose, ou
lorsqu'ils sont infectés par une personne atteinte de tuberculose MDR-TB.
L'Inde,
Premier
avertissement.
Au Burkina Faso,
Herman Zombré, 26 ans, a expliqué à IRIN qu'il avait cessé de prendre ses
médicaments un mois après son diagnostic, en novembre 2008. « Mon employeur ne
voulait pas me donner le temps [d'aller prendre une dose quotidienne de
médicament au centre de santé] ». Pour assurer l'adhésion au traitement, les
centres de santé demandent souvent aux patients de prendre leurs médicaments
sous la surveillance d'un travailleur de la santé.
En mars, le
personnel de santé a réussi à retrouver Herman Zombré pour reprendre le
traitement. D'après Augustin Darankoum, directeur du service des soins
infirmiers du Centre public de contrôle de la tuberculose, le personnel de santé
tente de retrouver tous les patients qui ne se présentent plus aux centres. «
Quand Zombré a arrêté de venir, nous sommes allés le chercher. Avant que les
patients commencent leurs traitements, nous notons toutes leurs informations et
un membre de notre personnel les raccompagne chez eux pour que nous sachions où
ils habitent ».
Selon M. Darankoum,
ce ne sont pas les médicaments qui incitent les patients à interrompre leurs
traitements, mais le manque d'argent pour couvrir les frais de transport
occasionnés par leurs visites médicales quotidiennes. « Pour aider les patients,
nous contribuons à couvrir l'achat de carburants et de cartes téléphoniques pour
leur permettre de nous contacter en cas d'urgence ».
Mais tout cela est
une question de vigilance au quotidien, selon l'infirmier. « Si à 11 heures du
matin, nous n'avons toujours pas vu le patient, nous l'appelons. Puis, nous
allons le chercher », a expliqué M. Darankoum à IRIN. « Nous ne pouvons pas les
laisser traîner dehors : ils vont [développer des complications] et infecter
d'autres personnes qui vont elles aussi hériter de ces complications ».
Au Burkina Faso, 4
000 personnes sont soignées à l'heure actuelle pour des cas de tuberculose,
selon le gouvernement.
Deuxième
avertissement.
M. Raviglione, chef
du service de lutte contre la tuberculose de l'OMS, a expliqué à IRIN que les
gouvernements ne pouvaient pas se permettre d'attendre, pour endiguer la
tuberculose, que celle-ci se transforme en différentes formes résistantes aux
médicaments. « Les programmes de contrôle nationaux ne suffiront pas, à eux
seuls, à freiner la propagation de la tuberculose multi-résistante ». Selon le
chef de service de l'OMS, les laboratoires inexistants, les lacunes en matière
d'inspections et de diagnostics, et la non-observance des traitements ont
augmenté les cas de MDR-TB ; pour éliminer cette maladie, il faut une meilleure
coopération régionale et internationale.
A la question «
Selon les
estimations de l'OMS, 1,7 million de personnes ont succombé à la tuberculose en
2007, et 9,2 millions de nouveaux cas ont été signalés.
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