UNE AFRIQUE DE VIOLENCE ENDEMIQUE TRAQUEE PAR SON DESTIN
La formule des coups dEtat excessifs, corollaires des disparités tribales au pouvoir dans les perspectives coloniales, est restée au travers de la gorge des africains. Non seulement le synchronisme des événements tragiques va déchirer les esprits dans les jeunes état tributaires des grandes oppositions de lhistoire, mais surtout la guerre froide masquera une volonté manifeste opposée à lindustrialisation du continent africain ; laquelle fait figure dépouvantail géant sur la voie économique des partenaires par qui le circuit développementaliste pourrait résolument senclencher.
Voici
plus de quarante ans lindépendance le continent dans sa
globalité ne trouve toujours pas louverture. Les effets
déstructurants de limpasse vont brouiller totalement la
carte géo-économique africaine soumise avant tout à la
démocratisation des états imposée à la Baule. Une démocratie
non acquise dont lexaspérant processus revoie aux méfaits
de lindépendance non conquise mais ramassée. Tout en
sachant judicieusement que cest à partir des biens
matériels générés par la transformation des matières
premières à léchelle nationale que tout système à
vocation démocratique et / ou multipartite est viable.
Aujourdhui
encore face à lordre économique dominant, les Puissances
impliquées préservant davantage leur chasse gardée respective,
parviennent à accorder leurs violons, et avec, de subtiles
manuvres politiques dignes de main basse sur les
potentialités du continent par lentremise des filiales de
gros calibre qui sèment la rébellion armée, modèle de
substitution. LAfrique se meurt. Une Afrique de violence
traquée par son sort, non pas par la faute de ses dirigeants.
Ses partenaires nantis refusent son industrialisation dans le
sens développementaliste du terme.
Lorsque le britannique Tony Blair, sadressant aux pays les plus riches, veut donner corps à la politique du développement de lAfrique, nest-ce pas là la sonate dans la cour des grands, dautant plus que Jacques Chirac lavait déjà clamé depuis toujours non ! Etait-il entendu par ses pairs ? Je suis sceptique.
Les
dirigeants africains en proie au cul-de-sac post-indépendance,
pour si peu quil leur ait été laissé, ne peuvent que se
noyer loin du but. Mais pour sauver ce qui reste, il sont
confrontés à des gestions de plus en plus pénibles ponctuées
de corruption, malversations et détournements, au pire des cas
de dérives meurtrières. Lorsque ces hommes foulent la
constitution par le pied pour saccrocher plutôt au butin
quau pouvoir au sens noble du terme, ils ont bien
conscience que leurs successeurs nen feraient pas mieux.
Cest à juste titre que le Président Chirac lâche
quil faut laisser les présidents africains gagner leur
élection sinon ils ne le feront jamais à qui veut
linterpréter.
Il
importe cependant de relever deux types de comportement dans les
dirigeants africains. Lencrage dhumilité dans
lespace géographique dobédience musulmane moins
perméable à la vision individualiste occidentale vouée à des
sentiments égoïstes, influe sur laction politique. Ici le
social passe avant léconomique même si léconomique
appelle une volonté politique affichée de rigueur et la clarté
à la fois. Cette même vision de lautre bord, bâtie ont
ne peut plus injustement autour de la chrétienté va marquer son
empreinte sur un terrain déjà nivelé par le missionnaire. Au
point de se demander où sarrête la pratique des croyances
religieuses et où sarrête la pratique des croyances
religieuses et où commence la bourgeoisie coloniale qui a moulé
les futurs dirigeants si les deux ne vont pas de pair ?
Dès
lors que les communautés se sentent investies du fait que le
pouvoir leur assure ce minimum indispensable à la vie, les
mobilités sociales se reproduisent spontanément ; un
niveau de combinaison socio-économique est saisi entre
Administrations et administrés, même si ce fameux transfert de
technologie ou cette modernisation économique tarde à venir.
Par
contre, lidée de définir par ce quon nes pas
qui exclut lautre, portée à léchelle nationale
prend forme didentité culturelle occulte caractéristique
dethnocentrisme, de sectarisme partisan et souvent doté
dun technocratisme de fragilité morale avérée pour ne
pas dire douteux « je minstalle entouré des miens
aux Affaires dont je suis le souverain, et le reste ne compte
pas ».
Sans
vouloir chercher à dédouaner nos dirigeants par ceci qui
expliquerait cela, il faudrait reconnaître tous espaces
géographiques confondus, quil y a bien sûr de bons et
mauvais dirigeants. Par exemple : si ça se passe très bien
au Botswana ou au Burkina Faso en Matière de gestion ou encore
dans le pays de lancien capitaine daviation
ghanéenne où la corruption a disparu quasiment, il sagit
aussi bien de dirigeants non musulmans. On les compte mais
cest déjà cela.
Voilà
le cas des deux frères maliens qui venaient de se succéder au
pouvoir dont le prédécesseur par respect aussi bien aux
Institutions de la République quà son peuple, décroche
à la fin de son mandat. Ce qui lui a valu un rang dhonneur
au sein de lUnion africaine. Par un cri de cur, il
fustige ses pairs les priant de permettre aux intellectuels
africains en devoir de repenser lAfrique. Lautre
encore aux Affaires à deux années de pouvoir va exprimer à ses
adversaires les moins heureux et surtout à lAssemblée
Nationale le besoin de contrôle et de critiques avérées pour
laider à construire le Mali.
Lhistorien Konaré et le Général Touré à mes yeux sont en train de faire preuve de prestation dhommes dEtat jugés dignes de figurer dans le panorama de lhistoire africaine comme détonateur.
Nestor Adoum
Issa
Cahier politique Centrafrique: Cahier
événementiel n° 13, Mars 2005-03-09, Paris.
(mise en ligne: 12 mars
2005)
Points de vue - sangonet