L’ONU demande 16 millions de dollars pour
contenir la crise alimentaire au Niger
DAKAR, le 20 mai Nations Unies (IRIN) - Le Niger doit impérativement
recevoir 16 millions de dollars d’aide alimentaire d’urgence avant la fin du
mois de septembre pour éviter que le tiers de la population de ce pays
semi-désertique ne soit confronté à la famine, ont déclaré les Nations Unies
jeudi dans un appel de fonds.
L’année dernière, des nuées de criquets pèlerins ont dévasté les cultures du
Niger, et le soleil a brûlé la végétation, provoquant la perte de 15 pour cent
de la production céréalière moyenne du Niger et de près de 40 pour cent des
pâturages.
Aujourd’hui, ce sont 3,6 millions de Nigériens, sur les 12 millions que compte
le pays, qui risquent de connaître la famine, préviennent les Nations unies.
«Une crise silencieuse menace le Niger», a indiqué le Bureau des Nations unies
pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) dans son appel à
contributions de 16,2 millions de dollars.
«Cette année, les stocks de nourriture et les fonds gérés par la structure
nigérienne de coordination de l’aide alimentaire ont été totalement mobilisés
pour couvrir la moitié des besoins de la crise et seront bientôt épuisés», a
prévenu OCHA.
Au Niger, pays enclavé aux confins du désert du Sahara classé avant-dernier à
l’index de des Nations unies sur le développement humain, les deux-tiers
de la population vivent avec moins d’un dollar par jour.
Cette année, du fait de l’invasion acridienne couplée à la sécheresse qui ont
ravagé cultures et pâturages du pays, les travailleurs humanitaires ont alerté
l’opinion internationale en révélant que près de 800 000 enfants de moins de
cinq ans souffraient de famine et que 150 000 présentaient déjà des signes de
malnutrition.
OCHA a indiqué que les prochains mois avant les récoltes d’octobre seraient
particulièrement difficiles pour les habitants du Niger ayant enregistré une
campagne agricole exécrable et n’ayant par conséquent pas pu stocker les vivres
nécessaires pour passer la période de soudure.
Une enquête nutritionnelle effectuée au mois de janvier par le Programme
alimentaire mondial (PAM) et Helen Keller International dans les districts de
Maradi et Zinder au sud a révélé des taux de malnutrition alarmants chez les
enfants; 13,4 pour cent des enfants souffraient de malnutrition aiguë tandis que
2,5 pour cent souffraient de malnutrition sévère.
«Ces taux enregistrés quatre mois avant la période de soudure sont de l’ordre de
ceux observés dans les pays en guerre ou au plus fort des crises alimentaires ou
de la période de soudure au Niger», a déclaré OCHA. «Les taux grimperont
certainement dans les mois à venir».
Dans l’appel de fonds, près d’un million de dollars seront alloués à la lutte
contre la malnutrition chez les enfants et à la préservation de leurs vies.
1,5 millions de dollars financeront les opérations d’urgence du PAM en cours
menacées d’arrêt.
«Le PAM connaît de gros déficits... seuls 59 pour cent des besoins totaux sont
couverts en l’état actuel des contributions», a déclaré OCHA. «En l’absence de
nouvelles contributions, l’opération pourrait s’arrêter dès le mois de juin, au
plus fort de la saison de soudure lorsque les besoins en aide alimentaire sont
les plus urgents».
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
souhaite obtenir quatre millions de dollars pour financer ses projets. La moitié
de la somme sera allouée à la distribution de semences aux agriculteurs, qui
constituent l’essentiel de la population rurale du pays.
2 millions de dollars serviront à acheter du fourrage pour les bêtes et autres
animaux domestiques pour désamorcer les tensions entre éleveurs à la recherche
de pâturages devenus rares et les agriculteurs qui possèdent la terre.
Les affrontements entre éleveurs et agriculteurs sont fréquents au Niger en
période de pénurie. Des affrontements sont survenus il y a deux semaines dans la
région de Dosso, à 140 km au sud-est de la capitale Niamey, et ont fait onze
victimes.
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