COLLOQUE
EGLISES ET IMMIGRATION
Présence
africaine et valeurs républicaines :
Apport des Groupes et Eglises Issus de
l’Immigration ?
Paris,
11 et 12 Mars 2006
LES « LAICITES AFRICAINES » FACE AU DEFI DE
L’INTEGRATION
Par
M.
Clotaire SAULET-SURUNGBA
Président de l’ADAAC , d’EDUCAVENIR et de
Militant
associatif
Professeur
de Sciences Physiques au Lycée Alfred KASTLER de CERGY (95)
« Pourquoi tes habits sont-ils rouges Et tes
vêtements comme les vêtements de celui qui foule au pressoir ? J’ai été
seul à fouler à la cuvée, Et nul homme d’entre les peuples n’était avec
moi ; Je les ai foulés dans ma colère, Je les ai écrasés dans ma
fureur ; Leur sang a jailli sur mes vêtements, Et j’ai taché tous mes
habits. »
Esaïe
63/2-3.
« Seigneur, jusqu’à quand les méchants
seront-ils à la fête ? Oui, jusqu’à quand ? Ils profèrent
grossièretés et insolences, ils font les fanfarons, tous ces gens qui causent
le malheur des autres. Ils oppriment ton peuple, Seigneur, ils maltraitent ceux
qui t’appartiennent. Ils tuent froidement la veuve et l’immigré, ils
assassinent les orphelins. Et ils ajoutent : Le Seigneur ne voit rien, le
Dieu de Jacob n’y fait pas attention. »
Psaume 94/3-7.
INTRODUCTION
En
cette matinée du samedi 19 février 2005, je me rasais dans ma salle de bain et
mon portable que j’ai pris l’habitude de ne plus quitter, même dans des
endroits intimes sonna. Qu’elle n’a été ma surprise et toute la fierté que j’ai
éprouvé en apprenant que mon interlocuteur était le Président de
Pour
mémoire, il y a lieu de rappeler que sous le fallacieux prétexte de
vérification du niveau de sécurité, M. Jean-Pierre BRARD, Député -Maire de
Montreuil avait fait une intrusion intempestive dans une église haïtienne et
voici quelques clichés de cet évènement, tel que rapporté par le pasteur MAS
Félicien de l’Assemblée Chrétienne Le Rocher : « Lorsque le Maire
s’est rendu à l’Eglise Haïtienne de Montreuil, il a commencé par arracher les
affiches devant la porte, est rentré dans l’église, s’assied pendant quarante
minutes. Il se lève ensuite pour compter les chaises en plein culte…Il est
ensuite monté sur le créneau pour dire aux chrétiens : arrêtez de
chanter ! Arrêter de faire du bruit ! ici on prie dans le
cœur !... »
Ce
samedi 19 février 2005, le Pasteur Jean -Arnold de CLERMONT devait ouvrir
officiellement les assises du Premier Congrès de
Sur
la ligne du RER A, le train venait de quitter la station Charles De Gaulle
–Etoile en direction de Cergy –Le -Haut qu’un serviteur de Dieu, africain noir
et non « homme de couleur », car le blanc, le noir, le rouge, le
vert, le rouge ou l’indigo sont des couleurs et que l’expression « homme
ou femme de couleur » que le langage courant semble adopté pour désigner
exclusivement et pudiquement des noirs a une connotation discriminatoire, même
au sein d’une assemblée où théoriquement, il ne doit pas y avoir « ni de
grec ni de juif », ce serviteur de Dieu, disais-je, avec sa Bible Thomson
et dans un français impeccable, s’est levé pour prêcher
En
novembre 2005, j’étais en déplacement à Besançon avec quelques compatriotes,
dans
La
dernière église à laquelle j’ai appartenu, engagée dans l’action humanitaire en
direction de Madagascar, le Sri - Lanka, l’Inde et
Dans
cette église que j’ai fréquenté assidûment jusqu’au 29 septembre 2005,
l’engagement « missionnaire et humanitaire » pour le Centrafrique a
conduit les responsables de l’église à convaincre subtilement les fidèles à ne
prier que pour un seul candidat, en l’occurrence le pasteur - adjoint de
l’église, officiellement « accrédité à Bangui comme Pasteur Ambassadeur »
responsable d’une ONG chrétienne d’action humanitaire et devenu « Pasteur – Ambassadeur
-Candidat aux élections présidentielles »…Dois-je préciser que mes prières
pour chacun des onze candidats afin que la volonté de Dieu se fasse étaient un
grain de sable dans un mécanisme ?
En
Centrafrique, je me souviens toujours de nos luttes pour le paiement des
arriérés de salaires devant « le mur de lamentations » des
Travailleurs Centrafricains et qui est
Je
venais à peine de fuir mon pays d’origine en juin 2001 et dans l’attente de mes
papiers, je découvris un titre, en gros caractère, sur l’hebdomadaire
« L’EXPRESS » N° 2626 du 7 novembre 2001 : POURQUOI DIEU EST DE
RETOUR ? Je n’ai pas hésité à
débourser 18 francs pour me procurer ce journal…Je voulais savoir comment ce
Dieu qui a toujours été avec moi, depuis que je n’étais qu’un avorton au sein
de ma mère, a pu « voyager » avant de revenir, au point de conduire
des journalistes à dire qu’Il serait de retour…Je voulais savoir comment ce
Dieu omniprésent se serait « absenté » quelque temps avant de
revenir…
Ces
six faits que je me suis permis de relater ici, en introduction à ma
communication, révèlent que la religion est présente dans la vie de tous les
jours, que l’on se trouve en France ou en Afrique…Ils démontrent également que l’attitude
à l’égard de la religion dépend de l’endroit où on se trouve…La religion peut
ou ne pas être exclue de la vie publique…
LAICITES AFRICAINES FACE AU DEFI DE
L’INTEGRATION ?
Je
me demande si je suis qualifié pour traiter cette thématique ? Le
« braconnier » que je suis, professeur de la plus belle et
passionnante discipline qu’est
La
crainte de l’Eternel n’est-elle pas le commencement de la sagesse et de la science ?...Je
vais donc, avec cette crainte de l’Eternel, tenter de répondre aux questions
suivantes :
Existe-t-il
des similitudes entre les laïcités européennes de manière générale, et
française particulièrement et les laïcités africaines ?
Les
laïcités africaines constituent-elles un
frein ou un atout à l’intégration en France et non pas à l’assimilation des
populations issues de l’immigration ?
Que
faire pour que
Que
faire pour que
L’essence
de ma communication va être une réponse ou mieux, une tentative de réponse à
cette triple interrogation.
I-
EBAUCHE DE DEFINITION
Par
définition, la laïcité est le caractère de ce qui est indépendant des
conceptions religieuses ou partisanes. C’est un système qui exclut les Eglises
de l’exercice du pouvoir politique ou administratif, et en particulier de
l’organisation de l’enseignement public (cf. Larousse).
Ainsi,
deux éléments sont à la base de la définition de la laïcité : la
séparation de l’Eglise et de l’Etat et la neutralité de l’Etat à l’égard des
religions. Cette approche signifie que l’Etat, tout en n’étant pas inféodé à
une religion, se doit d’avoir un même regard sur toutes les religions.
Des
études ont montré, et je me permets de faire appel aux éléments des travaux de
Régis DEBRAY ou Bernard STASI, que les rapports avec la religion peuvent être
marqués par de l’indifférence -la religion ne concerne pas l’Etat- ou par une
certaine hostilité -anti-cléricalisme, anti-religion. Ces rapports peuvent être
empreints de complicité ou d’accueil…
II-DE
Historiquement,
la loi de 1905 sur la laïcité a été promulguée en plein conflit entre l’Eglise
catholique et l’Etat. Tout en fixant les modalités de gestion des édifices
cultuels, cette loi prévoit la constitution d’associations cultuelles
auxquelles peuvent être accordées des exemptions fiscales.
« A
César ce qui est à César ! A Dieu ce qui est à Dieu ! » Telle a
été la réponse que Jésus avait apporté à ceux qui l’interrogeaient … Cette réponse
consacre la séparation du temporel de l’intemporel, la distinction entre les
choses de Dieu et les questions humaines. Autrement dit, notre Seigneur Jésus a
lui-même fait une dé liaison théologie –politique tout en invitant son disciple
et non le ministre du culte qui doit être au dessus de la mêlée, à devenir le
« sel » et la « lumière » sur tous les terrains, y compris
celui de l’économie, du sport, de la protection des droits humains et de
l’environnement, de la culture, de la politique…
Le
roi Salomon, dans le livre 127 des Psaumes affirme sans
ambages : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que
les maçons se donnent du mal. Si le Seigneur ne veille pas sur la ville, c’est
en vain que les veilleurs montent la garde. C’est en vain, vous aussi, que vous
vous levez tôt, que vous levez tard et que vous peinez à gagner votre
pain. »
La
culture judéo-chrétienne de l’Europe Occidentale dont
Sous
la plume de Marion FESTRAETS, nous lisons dans l’EXPRESS N° 2626 de novembre
2001 :
« Nous sommes chrétiens au même titre que
nous sommes allemands ou périgourdins, écrivait Montaigne. Le 11 septembre nous
a-t-il rappelé, outre notre condition d’Occidentaux, cette identité
négligée ? Alors que l’Orient s’embrase au nom d’un Allah impavide,
qu’avons-nous fait de Dieu ?
Le
constat n’est pas d’hier : les églises se vident, les prêtres s’éteignent,
les fidèles vieillissent. Dans les années 60, 89% des français revendiquaient
leur appartenance ; à peine 55% en faisaient autant en 1998…La messe
hebdomadaire, en chute libre, rassemble désormais moins de 10% des français, et
les deux tiers des enfants délaissent le catéchisme. Si l’on continue malgré
tout, à célébrer les rites de la naissance, du mariage et de la mort, c’est
moins par adhésion au culte que par ce qu’on n’a rien trouvé pour les
remplacer…On se marie à l’église pour le cérémonial et la jolie robe, pour
l’émotion et les dorures, que la mairie n’offre guère, mais qui se soucie des
mots du prêtre ? »
En
ce qui concerne les autres religions, notre journaliste écrit : « Minoritaires,
les quatre (4) millions de musulmans et les 600 000 juifs français
échappent pour l’heure à une désaffection qui, si elle se manifestait, mettrait
en péril l’identité même des fidèles.» Et notre spécialiste de souligner que
« plus que tout autre pays de l’Europe Occidentale,
Qui
dirait mieux ?...En tous cas, pour ma part, je ne peux que prendre en
compte ce constat jusqu’à la preuve du contraire…
III-DES LAICITES AFRICAINES ?
Le
vingt et unième siècle sera religieux, prédisait MALRAUX…En effet, en Afrique,
en Asie, en Amérique latine, les fidèles, tous les vendredi pour les musulmans,
tous les samedi pour les adventistes du 7ème jour et tous les
dimanche pour les autres chrétiens, prennent d’assaut les mosquées, les temples
ou les églises…Des grandes Conventions sont organisées pour annoncer
On
va à Lourdes pour chercher l’eau bénite sensée guérir toutes les maladies…On va
à
En
Afrique, les rapports de l’Etat avec la religion peuvent être, dans certains
cas, empreints de tolérance ou mieux, par un accueil, voire une complicité…Au
point où les frontières entre
Serait-il
hasardeux d’évoquer ici les exemples de l’armée de résistance du seigneur en
Ouganda avec KONI, les NINJAS du pasteur TOUMI du Congo Brazzaville, les
indépendantistes de
Ce
qui est certain et les faits sont têtus, au nom de « dieu », on est
témoin des cas de figure où des leaders « politico –militaro
-religieux » finissent par tenir la bible dans une main et la kalachnikov
dans l’autre alors que Dieu, du moins le Dieu des Chrétiens, le Créateur de
l’Univers est un Dieu de paix et appelle d’abord à l’AMOUR, à la tolérance, au
pardon, à l’humilité et au compromis sans compromission…
Je
n’hésiterai pas pour dire que dans ces cas cités, la religion ou mieux, Dieu
est utilisé pour justifier des choix politiques…Notre Créateur est utilisé
comme l’arôme « Maggy », présent sur les tables africaines que l’on
utilise pour remonter la sauce à la pâte d’arachides de viande boucanée, de
« ndolê », de « koko na gnama na kpé ti sindi » ou
bien pour arroser une bonne grillade de « kpêtê na mongbèrè», au même
titre que des siècles auparavant, COLBERT a utilisé le Christianisme pour
élaborer le fameux « Code Noir » de Louis XIV…
Les
rapports entre l’Eglise et l’Etat en Afrique Noire définissent ce que l’on
pourrait appeler une « laïcité moderne et partagée » qui fait qu’un
chef d’Etat, quel que soit le degré de sa croyance ou son engagement dans le
ministère du culte, ne doit s’ériger en chef religieux ou n’aura pas la
prétention de faire évoluer le pays vers une théocratie…L’attachement à
Permettez-moi,
par souci de clarté et d’illustration de mon propos qui se veut avant tout se
placer dans le cadre des activités de la plateforme de réflexion et d’action
que représente l’Association des Diasporas Africaine et Antillaise Chrétiennes
(ADAAC) ou (AD2AC) qui succède à la défunte ADAC, permettez-moi d’évoquer à
titre d’exemple concret, ces marrons encore chauds que l’on vient de retirer du
feu, à savoir l’histoire toute récente de
Comme
je le disais tantôt, les rapports entre l’Eglise et l’Etat peuvent être, dans
certains cas, empreints de tolérance ou mieux, par un accueil, voire une
complicité…Dans le cas de
Aujourd’hui,
cette complicité avec la religion ou mieux, cette crainte de Dieu, pour des
motifs quelquefois discutables et discutés, a fait que le Centrafrique soit
dirigé, depuis mars 2005, par un
pasteur , militaire de formation, qui ne s’est pas caché derrière le ministère
du culte pour solliciter les suffrages du peuple…Il a battu un autre
pasteur qui n’a pas pu franchir le second tour des élections
présidentielles, bien que ce dernier, s’appuyant sur l’action humanitaire de
laquelle, par définition, on ne doit pas en tirer des bénéfices politiques ou
économiques, ait cru ou ait voulu,
subtilement et sans appareil politique, confondant les églises, les temples et
même les mosquées en structures « acquises divinement » à ses
ambitions hautement personnelles, et avec le concours intéressé du « système
MARANATHA d’Osny», transformer toutes les chrétiennes et tous les
chrétiens du Centrafrique, en toute naïveté voire en tout amateurisme
politique, en de potentiels électeurs qui voteraient les yeux fermés à 101 % pour
un candidat estampillé du prestigieux label « pasteur »…
Le
score historique de « 1,52% » ne doit-il pas nous faire réfléchir ou
bien nous amener à dire, pour les plus optimistes que le temps de Dieu n’est
pas encore venu ?
D’autres
diraient que si Dieu donne la vision, Il donne en même temps la provision pour
permettre d’acheter au moins les petits objets électoraux tels que les « tee-shirts »
que l’on offrirait gracieusement au paysan ou au jeune supporter…Ce qui ne signifie
en rien une corruption quand bien même il faut combattre résolument et
méthodiquement l’achat des voix des électeurs!
En
Afrique, d’une manière générale, les religions ne sont pas de la sphère privée
de l’intimité et de la conviction…On ne prie pas dans le cœur comme le veut
Jean-Pierre BRARD, le Député -Maire de Montreuil…On prie dans les maisons, dans
les stades, dans les bureaux, sur les places publiques, lors des cérémonies
officielles sans que cela dominent la vie politique…Et la vie politique ne DOIT
pas être dominée par les religions, mais plutôt, les religions DOIVENT se
placer au-dessus de tout…
Et
je suis tenté de reprendre ici, les quatre remarques fondamentales exprimées
par le Pasteur Jean -Arnold DE CLERMONT, le 19 Février 2005, lors du Premier
Congrès de
Primo,
le chrétien, et à plus forte raison les Eglises, relativise le politique. Il
refuse d’en faire un absolu. Il peut (doit) s’engager et militer ; les
Eglises doivent l’y exhorter afin qu’il se comporte en citoyen responsable.
Toutefois, ce même chrétien, dans l’exercice du politique, ne pourra oublier
ses convictions et les exigences évangéliques. Il aura donc toujours une parole
« en retrait » ; il gardera ses distances à l’égard des
affirmations politiques ; il fera la distinction entre le choix humain qui
est le sien et la volonté de Dieu. Il ne pourra utiliser cette parole de Dieu
comme garantie de ses propres choix.
Secundo,
le chrétien n’en est pas moins engagé, porteur de convictions, mais surtout
d’un regard sur le monde et sur l’humanité, informé par la parole de Dieu. Il a
donc un rôle premier qui est d’analyser les situations et de dénoncer les
déviations de ce monde par rapport à la justice et à la paix voulues par dieu.
Il doit s’exercer à montrer ce que peut être cette volonté de Dieu pour
l’humanité. S’il est clair que le « royaume de Dieu n’est pas de ce
monde » il n’en est pas moins vrai que le chrétien doit pouvoir donner des
signes de ce royaume « qui vient ».
Le
chrétien a donc en politique un double rôle : de critique et de
proposition.
Tercio, pour les Eglises le meilleur moyen
de n’être pas confondues avec des partis politiques, ou d’être
instrumentalisées par le pouvoir politique est d’utiliser le mode du
questionnement, pour aider leurs interlocuteurs à se positionner eux-mêmes.
Le chrétien, me semble-t-il, s’il doit exprimer un choix devra toujours le
présenter dans sa relation avec ses opposants, comme le résultat d’un débat
ou les positions adverses ne sont pas niées ou déformées, mais critiquées et
dépassées. Ainsi l’auditeur sera lui aussi placé, non devant un impératif, mais
devant un choix.
Pour conclure, le Président de la
Fédération Protestante de France (FPF) avait affirmé qu’en tout cela, il vous
apparaît que pour moi, le chrétien est en politique un catalyseur de réflexion
autant qu’un homme ou une femme d’action. Pour lui, la politique n’est pas un
combat où il faut écraser l’Autre, mais un engagement au service de la société
humaine, engagement dans lequel le chrétien sait qu’il a besoin de tous les
autres pour arriver à trouver les éléments d’une vérité commune.
En une phrase, le chrétien en Politique
est non comme quelqu’un qui sait mais comme un chercheur de vérité, animateur
de cette recherche, comme il est devant le texte biblique, avec ses frères et
sœurs, à l’écoute d’une parole de Dieu pour aujourd’hui ».
Ces quatre remarques du Pasteur Jean –
Arnold de CLERMONT en matière d’engagement du chrétien –et non du ministre du
culte qui doit se placer au dessus de la mêlée- et que je me permets d’appeler
le « CODE DU CHRETIEN EN POLITIQUE » est non seulement en harmonie
avec la « Déclaration de Lausanne » qui stipule « …Nous
affirmons que l’évangélisation et l’engagement socio - politique font tous deux
partie de notre devoir chrétien. Tous les deux sont l’expression nécessaire de
notre doctrine de Dieu et de l’homme, de l’amour du prochain et de l’obéissance
à Jésus-Christ… »
Et pour conclure cette partie, je
reprendrai ici la conclusion du texte « L’engagement politique du
chrétien » du Président du Comité Protestant Evangélique pour
« Nous avons besoin d’enseigner une
vie chrétienne non compartimentée entre ce qui serait des questions
spirituelles (la prière, le culte,
Le ministère ou service ne se limite pas
au pastorat mais s’étend à tous les chrétiens.
C’est pourquoi, « dans un monde
complexe et changeant, nous voulons rechercher le bien commun de la cité…Nous
voulons rechercher avec humilité et conviction une participation active à la
réflexion , à divers niveaux, afin de proposer des orientations et des
engagements qui soient, pour l’humanité, porteurs d’avenir et d’espérance. »
IV- INTEGRATION PAR LES
EGLISES, LES SYNAGUOGUES OU LES
MOSQUEES ?
Je voudrais introduire ce chapitre en
faisant un distinguo entre « intégration » et
« assimilation » d’une part et d’autre part, faire remarquer que
toutes les populations africaines, qu’elles soient noires ou blanches, ne sont
pas nécessairement concernées par le processus d’intégration.
En effet, nombre de citoyens français
noirs sont nés en France et ont par nature, une culture française. Comment
pourrait-on demander à ces français que la couleur de la peau range quasi
systématiquement parmi les « racailles » ou apparentés ou mieux,
parmi les populations issues de l’immigration, de s’intégrer dans une société à
laquelle ils appartiennent déjà ? Comment demander à ces citoyens noirs
nés en France qui ont déjà l’habitude, à table, d’avoir un menu qui commence
par une « entrée », le corps qui peut tout aussi bien être des cuisses
de grenouilles que des chenilles ou du poulet fumé avec la sauce « gombo à
la pâte d’arachide –dakatine » assortie de la fumante boule de semoule, et
que la sortie soit constituée de fruits et de fromage ?
Il existe également des africains noirs et
blancs, nés en Afrique et ayant migré en France pour des raisons économiques,
politiques ou culturelles. Parmi ceux-là, certains appartiennent à l’espace
francophone ou ont été des citoyens français qui ont eu à chanter « nos
ancêtres les gaulois » sous les Tropiques et qui parlent la langue de
Molière tout aussi bien que le français d’origine hongroise ou espagnole...
Enfin, parmi les africains noirs et
blancs, nés en Afrique ou ailleurs et qui constituent ce qu’il convient d’appeler,
populations issues de l’immigration, il y a ceux qui appartiennent à l’espace
lusophone, anglophone etc...
Pour les deux dernières catégories de
personnes, leur monde est fait des problèmes spécifiques tels que les titres
de séjour, le regroupement familial ou
l’utilisation des services de « western union » qui les amène souvent
à prendre en charge les familles restées au pays...Et c’est à cette catégorie
de personnes que le vocable «intégration » trouve tout son sens…
Les Eglises ou les lieux de cultes des
autochtones, en raison des valeurs sociales chrétiennes devraient favoriser
l’intégration des populations africaines immigrées.
En effet, sous le vocable
« étranger » ou « gentil », on doit entendre, selon le
« Nouveau Dictionnaire Biblique- Editions Emmaüs », toute personne
qui, n’étant pas israélite, appartient « aux nations » soumises à
d’autres chefs et à une autre religion que celle d’Israël. Les Madianites et
les Egyptiens (Exode 2/22), les Yebousiens (Juges 19/12) les Philistins (2 Samuel
15/19) les Moabites, Ammonites, Sidoniens, Hittites (1 Rois 11/1) sont
expressément appelés étrangers dans la parole de Dieu. Les esclaves achetés à
prix d’argent et les prisonniers de guerre qui étaient au pouvoir de leurs
maîtres et assujettis aux lois israélites (Genèse 17/12 ; Exode 21/20-21)
ainsi que les prosélytes, c'est-à-dire les étrangers ayant adopté la religion
des Israélites (Genèse 34/14-17 ; Esaïe 56/6-8 ; Actes 2/10) ne sont
considérés comme des étrangers.
Dans les livres de Lévitique 19/33-34 ou
Deutéronome 10/18-19, dieu avait ordonné aux Israélites de traiter l’étranger
avec bienveillance.
Qu’en est-il de la situation des
populations issues de l’immigration africaine et antillaise aujourd’hui en ce
11 mars 2006 en France et dans l’Union Européenne ?
L’accueil de ces populations, quand bien
cela soit teinté de « RACAILLERIE » qu’une
« KARCHERISATION » serait la voie obligée, cet accueil par des
structures qui doivent être le « sel » ou la « lumière » du
monde, c'est-à-dire les Eglises autochtones de JESUS, est-il de nature à
favoriser une intégration dans une France de
Les populations issues de l’immigration ne
doivent-elles pas, courageusement et avec humilité, se lever pour tenter
d’enlever la poutre qu’il y a dans leurs propres yeux à partir de la
« Déclaration de Cergy-Pontoise » du 20 Février 2005 et avec les
Etats – Généraux des Groupes et Eglises Issus de l’Immigration (EG-GE2I), ce
projet à court terme de l’Association des Diasporas Africaine et Antillaise Chrétienne
en France (ADAAC) ?
CONCLUSION
Que dire en conclusion ?
Les Africains dans nos Eglises, un défi,
un potentiel considérable, une réalité à prendre en compte ?
Tels sont les lignes de force de la
présentation de
Je vais paraphraser, humblement le Pasteur
Augustin NKUNDABASHAKA pour dire, à ma manière :
Les Africains et les Antillais dans
La réalisation des « Objectifs du
Millénaire » gagnerait en
intégrant une nouvelle démarche qui prendrait en compte un accueil positif des
populations du Sud par le Nord afin qu’une nouvelle synergie aux effets
démultiplicateurs, permette aux Diasporas Africaine et Antillaise qui sont déjà
un ATOUT pour le développement, participent à l’éradication exponentielle de la
pauvreté dans les pays d’origine…Et les valeurs sociales du Christianisme que
sont l’Amour, la paix, l’intégrité, l’humilité, le pardon et la recherche de
l’excellence et du compromis sans compromission, bien assimilées par les
acteurs du Sud et du Nord, constituent un gage pour « proposer des
orientations et des engagements qui soient, pour l’humanité, porteurs d’avenir
et d’espérance » comme l’a souligné le Pasteur Florian ROCHAT du CPDH dans
le « Construire Ensemble » de mars 2006…
POUR
L’AMOUR ET
Clotaire SAULET-SURUNGBA,
Jeudi, 09 Mars 2006