par B.
MANDEKOUZOU-MONDJO
|
Ceci résonne comme
une génération des contraires… Je suis dès lors
amené à présenter un code de lecture et donner par la même occasion une
clarification devenue nécessaire de mes propos… Je pense, en
effet, comme Bachelard (1), qu’un nom ou un
mot apporte une signification qui n’a de sens que dans un corps
d’habitudes ou d’usages. Et les usages, pour m’inspirer, me viendront
ici de l’histoire de la République Centrafricaine. |
Les élections sont enfin
programmées. Elles ne peuvent point ne pas y ressembler et renvoyer à « la Chasse aux Papillons »
(2) nous contant l’histoire
de « ce petit diable à la fleur de l’âge » qui offrit à Cendrillon de
sortir de sa cage.
« Quand
il se fit tendre, elle lui dit : "J'présage
Qu'c'est pas dans les plis
de mon cotillon
Ni dans l'échancrure de mon corsage
Qu'on va à la chasse
aux papillons »
De Posture
à Imposture voilà établie la relation à laquelle je pense, celle du décalage
entre la réalité et son annonce à travers publicité et promesses diverses :
le décalage qui nous fait découvrir, dépités, que « l’enseigne fait la
chalandise » (3)
L’image et l’aventure de
Cendrillon se sont imposées par le livre de Jean-Joël Brégeon (4) racontant
« l’épopée » des Administrateurs en Oubangui-Chari la Cendrillon de
l’Empire. Ils ont fait ce qu’ils ont pu : pas grand’chose puisqu’ils
étaient courts de moyens et représentants d’une lointaine Métropole qui les
avait oubliés. Tout restait à faire quand la République Centrafricaine est
sortie de l’aventure coloniale ; et il y eut des Administrateurs pour dire
« qu’il a même manqué à l’Afrique un demi-siècle de colonisation pour
naître à l’indépendance véritable et à une souveraineté qui ne soit pas
factice » (5)
« Enfin, on
décolonise ! » Dans cette déclaration,
Boganda en a appelé à la décolonisation parce qu’il voulait que le
Territoire de l’Oubangui-Chari fût délivré de l’administration coloniale et de
ses méthodes de gestion :
inhumaines, brutales et inefficaces. Il n’en a pas moins pensé, lui aussi, que l’aventure tournerait court si nous
accédions à une autonomie avant que le Pays dispose de fils et filles formés et
capables de se prendre en charge, de prendre en charge le développement
économique et social de la nouvelle Nation et toute la gestion de notre
Patrimoine.
« Il est plus tard
que vous ne pensez »… Et ce que Boganda appréhendait
advint : l’évolution souhaitée et espérée, longtemps après l’accession à
l’indépendance, a tourné en boucle
comme une rotation qui ramène toujours au point de départ. Ce ne fut
jamais faute de rencontrer des marchands de rêves ; mais les rêves sont
devenus tout simplement et à chaque fois des cauchemars.
Cherchez
l’erreur !
A l’heure de la
« Chasse aux Papillons »
-ceci s’entendant des élections prochaines-, nous verrons venir, en nombre et en
force, les marchands d’orviétan capables d’inventer, comme dans les fééries, des
chats bottés et des cochers qui se transformeront en citrouilles à l’aurore.
Cet exemple donne tout
son sens au rapprochement que j’établis entre la posture et l’imposture. A
l’échelle du temps qui seul les oppose, à mon avis, il y a dans un cas comme dans l’autre la
même affectation ou la même tromperie sur une offre : elle est sournoise au
départ et avérée à l’arrivée.
MANDEKOUZOU-MONDJO
18 novembre
2015
(1)
Gaston Bachelard, Le Rationalisme appliqué.
(2)
Georges Brassens : La Chasse aux
Papillons.
(3)
La Fontaine, Les Devineresses.
(4)
Jean-Joël Brégeon : Un Rêve d’Afrique. Administrateurs en
Oubangui-Chari la Cendrillon de l’Empire. Destins croisés. L’Aventure coloniale
de la France. Editions Denoël (1998).
(5)
Jean-Joël Brégeon : Un Rêve d’Afrique. Administrateurs en
Oubangui-Chari la Cendrillon de l’Empire. Destins croisés. p.
224.