UN LAPSUS
REVELATEUR ?
Il est admis que
« ce qui est clair s’énonce
clairement ». Or les explications, les démentis, les dénégations des
membres du gouvernement sonnent creux et faux, les tableaux aux intitulés
fantaisistes et farfelus pour justifier l’injustifiable donnent l’impression
d’un travail bâclé au coin d’une table par des amateurs .
Mais à y regarder de près, le tableau du chef de
cabinet de la Présidente de Transition révèle en filigrane un lapsus calami que les psychologues
interprètent comme un acte manqué tout comme le lapsus linguae . Quels messages nous
envoie le directeur de cabinet ?
1.
Lapsus calami
(scriptural)
Troublé, tourmenté et peut-être peu habitué à faire ce genre d’écritures
comptables, le directeur de cabinet s’est emmêlé par deux fois . D’abord en
doublant le mot Dignité en lieu et place de Travail de la devise nationale
centrafricaine . Laisse-t-il entendre par là que le travail en Centrafrique n’existe plus
que pour quelques privilégiés ? En a-t-il assez de son propre travail ? Ou
le travail qu’on lui demande de faire le répugne …L’escamotage n’est pas fortuit
. Le mot Trafics à la place de Travail aurait été plus vrai …et plus désopilant
.
Le second lapsus concerne la manipulation des
dates pour qu’elles collent à certaines réalités que l’on cherche manifestement
à occulter . Ces dates alambiquées, ces gymnastiques et contorsions masquent mal
une réalité brutale : on veut cacher au peuple centrafricain un don fait en
son nom .
Alors quels sont les messages subliminaux du
tableau de Monsieur le directeur de cabinet ? On a l’impression dans un
premier temps que c’est le travail normal d’un brave Centrafricain, passablement
dépassé par les enjeux et qui commet faute sur faute dans l’écriture de son
pensum . Il devait d’ailleurs être persuadé que son travail n’allait pas être
publié et connaître une telle publicité . En quoi, il est bien naïf .
Dans un second temps, on peut penser que le
Professeur Mabingui sait parfaitement ce qu’il fait et qu’en faisant ces fautes
grossières dans un document de cette importance, il prend à témoin ses futurs
lecteurs pour leur susurrer dans les oreilles : « lisez bien ce tableau entre les lignes et
vous verrez qu’il ne me ressemble pas » . On vous a tordu le bras
Monsieur Mabingui pour pondre ce
tableau indigne de vous ? Pourquoi n’avez-vous pas refusé et posé votre
démission dans la balance pour refiler le travail au ministère des Finances
rompu à ce genre d’exercice avec ses services techniques ? Le fait est
qu’en acceptant docilement de faire ce travail qui n’est pas de votre
compétence, vous sacrifiez votre probité morale et intellectuelle pour
sauvegarder votre poste . Comment se regarder après cela dans un miroir ?
Question de conscience personnelle .
2.Les actes de la Transition
La vertu s’acquiert .Tout gouvernement
gouverne et ment comme son nom l’indique . Mais en dix mois d’existence, le
gouvernement de la Transition ment plus qu’il ne gouverne et cela se voit de
plus en plus dans un pays meurtri comme la Centrafrique . On dirait qu’il fait
tout pour mettre le peuple centrafricain en colère . Dans le
désordre :
-son népotisme est avéré,
-il s’oppose à la justice quand un Procureur
délivre un mandat,
-il fait des dépenses somptuaires comme pendant
son séjour de deux semaines aux Etats-Unis avec une forte délégation (18/30
personnes ont obtenu leurs visas ) tandis que les fonctionnaires et les
étudiants ne sont pas payés,
-il ne se déplace jamais en province pour consoler
ceux qui souffrent, encourager ceux qui veulent déposer les armes, bref aucune
initiative politique allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie
des Centrafricains en vue de préparer les échéances futures . Comme on dit sur
les bords de l’Oubangui « cela
prouve à suffisance » sa volonté de durer sans rien faire de positif .
Cf Roland Marchal : « Ce
gouvernement n’est pas innovateur ».
-enfin, ce sordide détournement du don angolais
qui a suscité cette réaction à la Giscard de la Présidente de la
Transition :
« J’ai pour principe de
laisser les choses mourir de leur propre poison »
.
Cette référence à Valéry Giscard D’Estaing est
inappropriée car ce dernier démentait ainsi avoir reçu des diamants de son «cher parent » Bokassa . Et
il ajoutait le qualificatif « méprisant » à son démenti .
Tout le monde sait ce que les diamants de Bokassa ont coûté à VGE en 1981 . Dans
certaines circonstances, le silence est d’or .
Que conclure face aux
micmacs incongrus du gouvernement de Transition ? Que la balle est dans le
camp du peuple centrafricain . Il faut aller résolument aux élections générales
en 2015 pour redonner espoir au pays dans son ensemble . A tout prendre, il vaut
mieux pour la RCA des femmes et des hommes mal élus que ce gouvernement autiste
qui fait fi de leurs espérances sans avoir l’onction du suffrage universel . L’espoir doit être le dernier à mourir
. Et qu’on ne vienne pas me dire qu’il reste peu de temps, que l’Etat Civil a
disparu ...Le compatriote Kossa l’a déjà suggéré : même des élections
limitées à Bangui seraient plus crédibles que la situation actuelle ! La
Minusca est capable de sécuriser le pays pendant le scrutin . D’ici là, il faut
tâcher de faire rentrer les déplacés . Des moyens modernes existent pour faire
participer tout le monde s’il y a une volonté politique derrière . Les Américains ont le système
des grands électeurs, aux Centrafricains d’inventer un système électoral de
temps de guerre qui ne laisse personne au bord de la route . C’est aussi en cela
qu’on reconnaît un peuple debout qui se bat pour ses droits . L’Afrique du Sud a
eu son Mandela . Qui sera le Mandela de la RCA ? Chaque peuple a son propre
génie : il ne s’agit pas de copier un modèle, aussi intéressant
soit-il !
KOULAYOM-MASSEYO
David
Forum de Reims, 7 Octobre 2014 .