AU PAYS DES
« MACHINS »
A l’instar de mon
compatriote Adolphe Pakoua, j’avoue volontiers être passablement
« embrouillé » par tout ce qui se passe en RCA en cette veille du
Forum de Bangui . J’en suis même à me demander pourquoi je m’obstine à écrire
sur ce pays de fous, capables de mettre le feu à leur propre pays ! La
réponse s’est imposée d’ elle-même : parce que moi aussi je suis fou et que
j’aime ce pays et, la plume est et demeure ma seule arme . Voilà pourquoi je la
saisis à nouveau pour vous parler des « machins » de Bangui et
d’ailleurs qui ont mis le grappin sur le pays de nos ancêtres . Ces
« machins » si sourds, aveugles et muets aux souffrances du peuple
centrafricain y compris quand il est violé !
Nous commencerons notre
inventaire à la Prévert des « machins » par :
- le CNT : pour rappeler
que le CNT, ce ne sont que cent trente cinq personnes sur quatre millions huit
cent mille Centrafricains, cooptées par la Séléka, sur des bases opaques pour servir
d’Assemblée transitoire . Une fois en place, le CNT s’est révélé incapable de
doter la Transition d’institutions fortes, de garde- fous juridiques solides
susceptibles d’en baliser correctement le chemin . Pire, c’est le CNT, émanation
de la Séléka qui choisit par soixante quinze voix sur cent trente cinq Madame
Samba-Panza, maire de Bangui et SURTOUT autre émanation de la nébuleuse Séléka
comme Présidente de la Transition dans une sorte de coup d’Etat institutionnel
interne à la Séléka pour diriger le pays .
-Le gouvernement de la
Transition : sous la férule de Madame Samba-Panza, ce deuxième « machin » qui est sensé durer
un temps va s’enfler , devenir pléthorique et même bicéphale avec des
conseillers qui ont rang de ministres d’Etat et des titres à rallonge !
Pourquoi une Présidente si bien entourée commet-elle gaffe sur gaffe sans
résoudre un seul problème qui touche son pays ? A-t-elle ramené la paix et
la sécurité dans le pays, celle qui s’était présentée comme une mère pour
les Centrafricains ? Non . L’avez-vousvu au chevet des réfugiés attaqués
dans l’église de Fatima ? L’avez-vous entendue protester davantage contre
les violences infligées par les soldats étrangers aux pauvres enfants
centrafricains ?
Son gouvernement s’est
transformé au fur et à mesure en un gouvernement autiste, suffisant, arrogant et
ingrat envers le peuple centrafricain , n’hésitant pas à user du népotisme le
plus abject . Et la Présidente par intérim de se prendre pour une élue du
peuple, laissant floquer des pagnes à son effigie ! Aux dernières
nouvelles, ce gouvernement décidément machiavélique et/ou écervelé entend
cornaquer le Forum de Bangui en y envoyant une centaine de représentants . Pour
les per diem ou pour un baroud d’honneur ? Un conseil : ayez
l’élégance de quitter le palais de la Renaissance sur la pointe des pieds avec
votre cohorte de courtisans incompétents . Partez madame, « partez avant que le peuple ne soit
obligé de vous jeter le tison ardent, symbole d’un départ définitif et
honteux » dixit Boganda .
-L’ANE : il n’y a qu’en
RCA qu’un ANE au féminin, au nom mal choisi et à la composition opaque, est
chargé d’organiser les élections ! Qui plus est, l’ANE se réveille à la
veille des élections pour crier misère . Cela prêterait à sourire si notre pays
n’agonisait pas par ailleurs .
-Les partis politiques
centrafricains : leur nombre est une énigme pour moi et leur
fonctionnement, un mystère . Au rythme de leur création, bientôt chaque village
centrafricain aura son parti et de
facto son candidat . Candidat pour quoi faire grands dieux ? J’ai déjà
écrit et répété que leurs communiqués sur Internet ou leurs interviews sur RFI
ne peuvent servir de programmes . Alors où sont leurs programmes ? Avec
quels hommes ou femmes entendent-ils conduire les affaires des
Centrafricains ? Et que dire
de leur silence éloquent devant les viols à répétition des mineurs
centrafricains ( leurs enfants, leurs neveux et nièces ) en fait leurs
futurs électeurs ?
A certaines époques de
l’histoire d’un pays, certains silences résonnent comme des actes de trahison .
-Le Procureur de la
République : il est le seul à ignorer les viols sur les enfants
centrafricains alors que le dernier des journalistes occidentaux arrivé à Bangui
peut interroger des dizaines de Centrafricains parfaitement informés de ces
crimes . Nous informons monsieur le Procureur que le compatriote Alexis L. qui a
réalisé le travail en amont peut éclairer sa lanterne . Il a témoigné sur France
Info . A Bangui, tout se sait !
-La Minusca et son inénarrable
général Babacar Gueye qui refusent d’appliquer les Résolutions votées à
l’ONU en faveur de la RCA pour perpétuer leur présence dans le pays . Le galonné
Gueye ne se définissait-il pas lui-même comme musulman, appelant les Séléka ses
« frères » ? Nous avons appelé à son départ immédiat du
territoire national car il est juge et partie .
-Quant à la Sangaris, nous
n’avons toujours pas compris pourquoi elle n’a pas voulu procéder au désarmement immédiat en débarquant à
Bangui . L’argument du nombre peu élevé ( 2000 soldats) est peu efficient . La
Séléka ne disposait pas de couverture aérienne et la disposition de Bangui est
idéale pour désarmer tous les porteurs d’armes : deux ou trois sorties
seulement permettent d’entrer et de sortir de la capitale centrafricaine . Au
lieu de quoi, la mission française a préféré laisser les tueurs sortir de la
ville avec armes et bagages . Les viols des mineurs apportent un éclairage
nouveau . Ensuite, Sangaris a mis en place des mesures de
« confiance » qui contournaient habilement les Résolutions de l’ONU,
ce qui revient à délivrer des sauf-conduits aux criminels .
- Toutes ces structures sont
coiffées par le grand « machin » de New York qui s’est assis sur le
rapport dénonçant les viols pendant presque un an . Quand Anders Kompass qui
n’en peut plus de cette hypocrisie criminelle lance une alerte, c’est lui qui
devient suspect : l’ONU l’a suspendu ( pour étouffer l’affaire ? ) .
La France, patrie des
droits de l’Homme a gardé sous le coude pendant neuf mois les résultats des
investigations de sa gendarmerie prévôtale .
Les commentaires des
journalistes et des nombreux commentateurs français sur les viols en
Centrafrique oscillent entre des pratiques bien connues de tous depuis le Rwanda
en passant par le Congo et une éventuelle manipulation de l’armée centrafricaine
(FACA) évincée par Sangaris ! D’autres commentateurs ajoutent perfidement
que des soldats tchadiens et Equato-guinéens sont également impliqués …Cela
atténue-t-il la portée du crime ?
Nous savons depuis
Mitterrand que l’Occident « a
beaucoup de patience pour supporter la douleur des autres », mais de
grâce, n’en rajoutez pas .
David
KOULAYOM-MASSEYO . (02/05/2015)