Franck SARAGBA

AU DELÀ DE LA TRANSITION POLITIQUE EN CENTRAFRIQUE…

 

Le processus de délitement  de la vie publique qui allait crescendo, amorcé depuis plus de cinquante ans a atteint son paroxysme. Ultime stade de pourrissement d’un pseudo-Etat devenu fantôme dont le nivellement par le bas a scellé d’une manière politico-tragique le fatal dessein d’un pays pourtant prometteur. Autrement dit, le plus haut degré de l’anarchie et de chaos jamais égalé  en terme politique dans lequel de frustes gouvernants ne contrôlent plus rien avec le mutisme approbateur, la démission voir la compromission scandaleuse de certains leaders dite de l’opposition démocratique.

Tandis que la population se meurt, délaissée à elle-même sous le regard lâchement livide des «ex généraux », naguère bourreaux de leur peuple, Co-fossoyeurs par excellence des forces armées centrafricaine (FACA). Eux, qui, aujourd’hui sont les premiers à abandonner leurs hommes sur le terrain à la moindre escarmouche pour se calfeutrer et chercher refuge toute honte bue auprès de l’armée française dont la représentation diplomatique a été livrée récemment à tort à la vindicte des partisans du défunt régime auquel ces courageux généreux appartenaient. Quelle Honte !  

A peine les cendres encore fumantes du défunt régime « des libérateurs » contre lequel nombreux de nos concitoyens se sont érigés  tardaient à se consumer que la coalition Séléka déployât  une Chappe de plomb et de terreur sur l’ensemble du territoire national. L’incandescente braise de l’auto destruction à la manière séléka se nourrit désormais du viol de nos braves mères et sœurs dont les insupportables cris nous parviennent assez pour hanter nos nuits, du sang de nos frères  innocents que charrie au quotidien la rivière M’poko et le fleuve Bali, le tout assorti de pillages, braquages,  kidnappings de personnes et autres vols commis au préjudice de l’Etat ou encore de tierces personnes, fruits des années de labeur de nos concitoyens au point de se poser des questions en somme toutes légitimes :  Finalement, à quoi a servi ce coup d’état ? A quoi sert le président de la Transition ? A quoi sert le premier ministre ? A quoi sert le Gouvernement de transition ? A quoi sert le CNT ? 

Le stratagème à courte vue de nos apprentis politiques  a fini par emporter tous les régimes et détruit le pays. A trop vouloir jouer pendant toutes ces années avec le bon et généreux peuple de Centrafrique, aucun de ces hommes politiques qui depuis ces cinquante dernières années ont gouvernés ou qui ont une fonction de décision n’est digne ni crédible pour revenir au devant de la scène politique et parler au nom de notre peuple. Les échecs répétés de ces anciens régimes ont préparé le terrain à ce qu’il est convenu d’appeler la phase terminale d’un processus d’autodestruction  entamé il y a de cela une cinquantaine d’années. La coalition séléka ne fait que profiter des erreurs monumentales et du gouffre abyssal provoqué par les anciens régimes qui se sont succédé. Le pays s’en relèvera t-il un jour ? La Centrafrique, renaitra t-elle de ses cendres ?  Oui, mais par le renouvellement de la classe politique qui s’affranchirait des vieilles querelles politiciennes et ethnico-partisanes du passé. Aujourd’hui, ni la séléka, ni l’opposition démocratique ne sont porteurs de cette espérance pour le pays.

Concocté, entretenu,  perfectionné régime politique après régime politique par les mêmes acteurs et leurs suppôts qui jouent  depuis Cinquante trois ans à ce fameux  jeu de « qui perd, gagne ». Pêle-mêle, Il y a là ceux-là même qui ont exercé déjà le pouvoir, ont lamentablement échoué mais veulent coûte que coûte revenir l’on ne sait pourquoi ? De l’autre côté, il y’a ceux qui avaient comploté, manigancé  puis attenté pour finalement avoir raison des acquis de  la démocratie naissante et interrompre la phase d’apprentissage du processus démocratique, ils s’en mordent les doigts à regret. Enfin, il y a les moins futés, ces griots d’un autre temps, qui, à visage découvert  ont installé et fait avec zèle l’éloge de ces régimes impopulaires comme seul notre pays peut en produire. En un laps de temps record, ces singuliers personnages ont retourné leurs vestes combien réversibles mais usagés pour reprendre service et s’installer confortablement malgré le « pogrom » qui s’abat sur le peuple centrafricain. Ils ne sont pas à deux contradictions prêtes. On les retrouve tantôt au palais de la renaissance, à la primature, au sein du Conseil national de transition, tantôt dans le gouvernement ou à l’affût dans un mutisme coupable. Ils se préparent de nouveau à transhumer ou à muter après la période de transition en oubliant que la Centrafrique ne sera plus comme avant. Après la transition, il ne fait aucun doute que La Centrafrique entrera dans une nouvelle ère.

ALLONS ENCORE PLUS LOIN QUE LES ACCORDS DE LIBREVILLE POUR UNE VERITABLE TRANSITION.

Donner du sens à la transition, c’est aller au-delà de la transition purement politique pour opérer une véritable mutation. La page doit être tournée aussi bien sur le plan politique, économique que social avec de nouveaux acteurs et de nouvelles perspectives. C’est à ce moment-là et seulement à ce moment-là que le pays basculera alors du moyen âge pour faire un pas vers une renaissance Centrafricaine.  

Pour cela et à l’instar de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) qui a demandé aux candidats Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka de retirer leurs candidatures aux élections présidentielles afin d’éviter des troubles à Madagascar. Une excellente idée qui pourrait être adapté à notre pays afin de donner du sens, une certaine « Aura « à cette véritable transition que nous espérons tous. Cette mesure permettra d’atténuer les haines, les peurs, les  rancœurs, les méfiances rampants qu’entretiennent ces anciens acteurs de la vie politique entres-eux et qui constituent un blocage pour le pays entier. Incapables de fournir un travail en commun pour l’intérêt du pays, ils excellent et persistent dans une haine viscérale qui les habite.  Aussi, cette liste de « non présidentiables »  arrêtées par les accords de Libreville doit être élargie à d’autres personnalités politiques qui ont été responsables, co-responsables, collaborateurs de premier plan dans la descente en enfer de notre pays.

Un autre exemple nous vient de la Libye où le Congrès national qui joue le rôle de notre CNT (Conseil National de transition) a adopté une loi selon laquelle tous les anciens responsables du régime déchu sont interdits d’occuper un poste officiel. Nous pourrions rallonger cette liste à tous les anciens dignitaires des différents régimes politiques qui se sont succédé dans notre pays depuis cinquante ans. La république, toujours généreuse et reconnaissante envers ses enfants même les plus ingrats leur octroiera une pension pour le restant de leur existence. C’est pourquoi, lorsque le temps  de la transition politique sera venu, l’heure est arrivée pour la proclamation d’une  nouvelle ère en Centrafrique.

De l’Esprit Fini Kodé…

Franck SARAGBA