CES CHOSES
QU’ON VOUS DIT ET CE QU’ON NE VOUS DIT PAS SUR LA CENTRAFRIQUE ET LES
CENTRAFRICAINS, par Rocka Rollin LANDOUNG
Ce qu’on vous dit, du
coup vous le savez tous déjà, mais il y a des choses qu’on dit et qu’on ne vous
dit pas bien et qu’un grand nombre ignore.
1- Notre fiche
signalétique
Ce qu’on vous
dit
C’est que la
Centrafrique est un petit pays enclavé situé au coeur de l’Afrique comme
l’indique son nom. Elle est sans intérêt pour la communauté internationale car
elle n’a pas de richesses. C’est un pays qui a à peine 5 millions d’habitants
pour une superficie de 623 000 km². C’est pays où la population vit à peine avec
deux(2) euros par jour. La Centrafrique est classée parmi les pays pauvres très
endettés (PPTE) par la Banque mondiale.
Ce qu’on ne vous dit
pas
C’est que la
Centrafrique est aussi grande que la France et la Belgique réunies. Qu’elle
dispose des ressources naturelles et minières. Un pays où le sol-sous est
vachement riche en diamant, en or etc. Un pays où on trouve de différentes
essences de bois industriels à commercialiser.
Qu’elle est riche en
faune et flore. Quand il s’agit de parler safaris, les touristes se tournent
vers Kenya, Tanzanie, Afrique du Sud, mais en aucun moment la République
Centrafricaine. Ce qui est un manque à gagner pour ce pays, car le pays abrite
une faune très variée, on peut visiter en son sein de parcs nationaux, à
l’exemple du Manovo-Gounda Saint Floris.
C’est la plus grande
réserve naturelle de la sous-région, sa superficie s’étend sur plus d’un million
sept-cent quarante mille hectares. On y trouve de nombreuses espèces menacées, à
l’instar de l’hippopotame ou du rhinocéros noir. Le parc Dzanga Sangha, à
l’ouest du pays vaut également le détour pour son écosystème exceptionnel,
encore préservé du tourisme de masse à ce jour ; on y retrouve du gorille ou
d’éléphant. Les richesses de ce pays dont personne n’en parlent ou refusent
volontairement d’en parler médiatiquement provoquent la convoitise d’autres les
pays riches et des particuliers fortunés qui y financent des groupes rebelles
armés pour mieux se servir illégalement sans que les recettes passent par la
caisse de l’Etat, et tout ceci, grâce aux complices de certains dirigeants
avides et égoïstes ; conséquences, des unités actives qui oeuvrent de partout
pour contrôler ces riches qui échappent totalement au contrôle du pouvoir
central.
2- Nos dirigeants,
notre société et notre vie politique…
C e qu’on vous
dit
On vous dit que la
Centrafrique vit depuis plus d’un demi-siècle un cycle décennal de coups d’Etat.
On vous dit aussi que ses dirigeants n’ont pas le sens du patriotisme, qu’ils ne
soucient pas du peuple, qu’ils viennent uniquement se servir, se remplir les
poches. Et il est vrai. On ne voit pas qui viendra démentir
ceci.
Ce qu’on ne vous dit
pas
On ne vous dit pas que
les futurs dirigeants voraces centrafricains, généralement, tiennent leurs
réunions de partage du gâteau à l’extérieur du pays, plus particulièrement en
France dans des maquis africains au sous-sol, dans des entrepôts ou dans des
fast-food, on les voit et on les croise à tout moment, mais on ignore ce qui se
dit entre eux; c’est là où il y a des plans d’assassinats, d’exactions, de
viols, de toutes sortes de violences se dessinent. Les murs de ces différents
locaux entendent tous et savent tous, mais n’ont pas de bouches pour tout
dévoiler. Y demeurent de vrais secrets que le grand public ignore complètement.
Ils savent très bien ce qu’ils veulent faire une fois le pouvoir conquis. Ces
différents opposants aux différents pouvoirs en place n’ont jamais fait des
réunions publiques, des conférences de presse.
Tout se passe à
huit-clos car le plan est machiavélique. Ces conquérants de pouvoir par des
armes n’ont jamais une feuille de route. On ignore totalement leur projet de
société ; pourtant dans la diaspora ils sont là avec nous, ils bouffent avec
nous, ils fêtent avec nous. Ils ne disent pas qu’ils sont des « sous-marins »,
des renseignements généraux officieux qui éditent des fiches sur vous, sur vos
moindres gestes, des « judas » ; ils ne se déclarent pas des bandits du grand
chemin. Vous ignorez que les trois grandes fêtes nationales centrafricaines sont
entrain d’être mises au placard par ces différents dirigeants du pays. A savoir,
les 1er décembre, 29 mars et 15 août.
3- Les mauvais
coups
Ce qu’on vous
dit
On le dit tout le
temps depuis un certain temps et ça fait la une des médias. On dit que la
Séléka, qui est un nom sango (RCA) et lingala (les deux Congo) qui signifie «
alliance ». Alors alliance des différents groupes armés hostiles au régime de
Bozizé qui a décidé depuis le 10 décembre 2012 de prendre le pouvoir et qui est
parvenue à le faire depuis le 24 mars 2013. Et que certains éléments de cette
coalition commettent les pires exactions que la Centrafrique n’a jamais
connues.
Ce qu’on ne vous dit
pas
On ne vous dit pas que
la Séléka était déjà dans le pays de Boganda depuis l’assassinat des grandes
figures politiques de l’époque telles que le colonel Christophe Grélombé, le
général Bédaya Djader, j’en passe. Les différentes mutineries incessantes
meurtrières des années 90 étaient déjà fomentées par une coalition, ces unités
actives internes étaient donc des Séléka. On ne vous dit pas que si les
centrafricains ne changent pas radicalement la façon de faire leur politique,
les coalitions désastreuses militaires et pseudo démocratiques demeureront
toujours et toujours dans ce pays.
La Séléka n’est pas
arrivée en Centrafrique seulement suite à l’assassinat de Monsieur Charles MASSI
ou exactement le 10 décembre 2012 qui est le début de sa marche sur la capitale
Bangui pour prendre le pouvoir à François Bozizé. Les Séléka étaient même déjà
là en Centrafrique en 2001 et 2003 sous une autre appellation que nous oublions
aujourd’hui (les zaggahawas).
Ce qu’on vous
dit
On vous dit que depuis
le 24 mars 2013, il y a des exactions perpétrées en Centrafrique par certains
éléments non contrôlés de la seleka.
Ce qu’on ne vous dit
pas
On ne vous dit pas que
d’autres groupes armés tuent, massacrent, violent, kidnappent les centrafricains
de partout. Qu’une rwandatisatisation se profile dans le paysage centrafricain,
qu’une guerre confessionnelle se dessine. Qu’il y a eu plus de 1155 morts depuis
décembre 2012, 3000 réfugiés en Equateur (RDC ) et plus 1000 au Cameroun. (Bilan
non officiel).
4- Au-delà de nos
frontières
Ce qu’on vous
dit
On dit au peuple
centrafricain que c’est le président tchadien Idriss Déby Itno qui met et
destitue les présidents centrafricains au pouvoir depuis 2003 à aujourd’hui,
qu’il veut remplacer le feu Omar Bongo. Que la plupart des sommets ou des
rencontres concernant la République fantôme centrafricaine se tiennent à
Ndjamena. Déby manipule les dirigeants centrafricains comme ses
marionnettes.
Ce qu’on ne vous dit
pas
On ne vous dit pas
qu’Idriss déby veut la réunification du Tchad-Centrafrique-Darfour afin d’être
le super président d’un Etat en Afrique centrale. Déby veut utiliser le fleuve
Oubangui pour ravitailler le lac Tchad qui tarit. Déby ne veut pas entendre
parler d’exploration et d’exploitation du pétrole centrafricain, ce qui mettra à
mal l’économie tchadienne, vu que c’est la Rca qui est son principal client en
kérosène. On ne vous dit pas que ce sont les officiers tchadiens qui forment
l’armée centrafricaine sur son propre territoire et connaissent toutes les
stratégies militaires de cette même armée depuis les années 90 sous le règne de
Patassé via la MISAB et aussi son espace géographique.
On ne vous dit pas que
non seulement Déby considère les dirigeants centrafricains comme ses gouverneurs
provinciaux marionnettes, mais c’est aussi Ndjamena qui paie depuis 2003
jusqu’aujourd’hui les fonctionnaires de l’Etat fantôme centrafricain. Il décide
avec son
homologue congolais
Sassou Nguesso par exemple le montant du salaire qui doit être versé aux
conseillers nationaux du nouveau régime au CNT.
Du coup c’est eux qui
gèrent les administrations civiles et militaires centrafricaines, d’ailleurs qui
n’existent plus depuis le 24 mars 2013.
5- Nous,
centrafricains
Ce qu’on vous
dit
On vous dit que les
centrafricains sont un peuple désuni. C’est ce qu’on a l’habitude d’entendre le
plus souvent.
Ce qui sort aussi
souvent de la bouche des centrafricains quand il s’agit de parler de leurs
compatriotes est la phrase suivante en sango, la langue nationale généralement «
mbi yéka milieu ti a centrafricain apè, mbi yéka sarango yé ti ala pè »
littéralement : « je n’aime pas le milieu centrafricain, je n’aime pas leur
façon de faire », or celui qui parle est un centrafricain en
question.
Paradoxe ; il ou elle
se considère du coup différent de l’autre, se comporte comme un étranger
vis-à-vis de l’autre ou des autres, se met en avant et dénigre immédiatement
l’autre en face, il ou elle se croit mieux loti que ce dernier ou cette
dernière. Ils s’accusent mutuellement ; ce n’est jamais de sa faute, toujours
celle de l’autre ; ils aiment se dédouaner, se justifier, critiquer, mais ne
sont jamais solidaires. Ils aiment prendre des exemples sur les autres peuples,
ne s’encouragent pas, sont aigris, mesquins, avides.
Un centrafricain quand
il veut se servir de toi ne te le dit pas ouvertement, il pense qu’il est plus
intelligent que toi et que tu ne comprendras pas les choses, se prend pour une
élite. Il marche en « sous-marin », t’utilise comme marchepieds pour arriver à
ses fins. Vous savez qu’un centrafricain est un vicieux, un récupérateur de
situation, prêt à trahir pour arriver à ses fins. Il déteste la réussite de
l’autre. Il n’encourage pas. Est toujours dans le dénigrement. N’est pas
mobilisable, ni militant, ne s’investit pas dans les affaires citoyennes, ne
s’engage pas au niveau associatif, il préfère faire une politique du sous-sol.
Un centrafricain pense que c’est par la politique qu’il peut réussir sa vie
professionnelle et que c’est par là que sa vie sur le plan social va changer. Il
n’est pas confidentiel.
On dit que le
centrafricain à toutes les vices ou encore possède les sept(7) pêchés capitaux
interdits par la Sainte Bible pour les chrétiens.
Ce qu’on ne vous dit
pas
On ne vous dit qu’il
existe des centrafricains qui ont de très bonnes idées, qui aimeraient les
partager avec d’autres centrafricains comme eux, dans un groupe, dans un parti
politique, au sein d’une communauté ou dans un conseil de
quartier;
Mais hélas, ceux là
ont peur, peur de faire émerger leurs idéologies, peur de les partager, peur
d’être combattus, peur de voir leur famille en pâtir par représailles. Ils ont
peur tout court.
On ne vous dit pas que
certains centrafricains de la diaspora ont vraiment une très grande envie de
retourner dans leur pays fantôme pour en être utiles. Mais n’ont pas cette
baguette magique pour faire changer les mentalités. Ils ont besoin d’être unis,
d’avoir la même vision des choses, mais hélas, ils ne sont qu’une poignée. On ne
vous dit pas que les centrafricains ont un patrimoine commun qui est la langue
sango parlée sur toute l’étendue du territoire. On ne vous dit pas non plus que
les centrafricains ne se marient pas par affinité clanique ou
tribale.
Pour finir, Monsieur
Jean-Dominique MERCHET, journaliste et spécialiste des questions de défense et
d’autres spécialistes doivent in fine savoir que tout ce qui vient d’être dit
constitue la Centrafrique.
Elle n’est donc pas
UNIQUEMENT UN PETIT PAYS SANS RICHESSE, comme il la qualifie dans l’émission
Opinion décryptage.
Que la Centrafrique
n’est pas non plus LE SPARADRAP DU CAPITAINE HADDOCK.
On vous dit beaucoup de
choses et on vous en cache pleins ; ce titre, je l’ai emprunté à un écrivain
britannique Xiang Ying d’origine coréenne. Il y a bien d’autres points à aborder
et j’espère que d’autres personnes pourront compléter ce
texte.