La Centrafrique, une république ou un pays sous contrôle d’hommes sans foi ni loi  (première partie)

 

Par Jean-Didier Gaïna

 

Ces derniers temps, nous étions arrivés à nous demander combien de séances de dialogue national inclusif encore, combien d’assises, ou combien de grands  rassemblements de réflexion nationale le pays devra organiser, afin que toutes les recommandations qui en résulteraient apportent enfin au pays les résultats désires, et à chaque citoyen tous les bienfaits escomptés?  Est-ce que les militaires centrafricains devront encore organiser une autre mutinerie et donner le prétexte pour l’organisation d’une assise nationale de réflexion?  Est-ce que de nouveaux groupuscules devront revendiquer l’inimaginable pour prolonger l’anarchie dans le pays?  Est-ce qu’il faudra remonter le temps et faire monter une grève d’élèves et d’écoliers ou une grève des syndicats des fonctionnaires pour faire comprendre au régime en place le ras-le-bol du peuple et un besoin de changement dans les manières véritablement démocratiques de mener le pays vers le succès?  En même temps, est-ce que le pays devra toujours attendre que ce soit la CEMAC ou une autre institution généreuse qui veuille assurer le financement d’un dialogue national, afin que les centrafricains puissent discuter des problèmes liés au manque de progrès dans leur pays?  Combien d’états-généraux avaient été organisés au sein des départements ministériels ou des diverses institutions du pays et qui n’avaient toujours pas donné des résultats crédibles et durables?  Est-ce que ce serait impertinent de se demander pourquoi les centrafricains et toutes les assistances techniques extérieures, ensemble, n’avaient pas été capables de débattre des problèmes réels et cruciaux du pays, d’explorer les solutions efficaces, d’arriver à un consensus national acceptable, puis de convenir de bonnes stratégies pour enfin réaliser les buts et objectifs définis de développement durable qui profiterait non seulement aux fidèles, membres d’un parti politique au pouvoir, mais à la société nationale et à tous ses citoyens?  

Nous demeurons persuadés que l’esprit inquisiteur, la grande capacité de réflexion, la perspicacité, l’intelligence et la créativité qui animent les diverses couches de la communauté nationale centrafricaine, seraient  capables de générer des solutions pertinentes aux maux que la société centrafricaine avait connus depuis son accession à l’indépendance.  C’était il y a 62 ans.  D’après les statistiques des grandes institutions internationales, le pays serait à la traîne dans tous les secteurs de l’économie, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises, des industries d’exploitation, du commerce, de la santé, de l’éducation, ou simplement du développement.  Si notre optimisme ne nous autorise pas à douter de la légitimité et de la pertinence des diverses recommandations qui avaient été proposées par le passé, il semble opportun de nous poser la question de savoir pourquoi donc celles-ci n’avaient toujours pas abouti, ou avaient tardé à apporter tous les changements économiques et sociaux tant espérés dans les villes et dans les campagnes?  Si le problème ne se situe pas au niveau des capacités d’analyse des problèmes, ni au niveau de l’élaboration de recommandations, nous ne pourrions que nous demander où se situerait donc le véritable problème de l’absence de véritable progrès dans le pays?    (À suivre)