Au secours! Les
chrétiens de Centrafrique en danger
La romancière Calixthe
Beyala dont la mère était centrafricaine tient à mettre en lumière la souffrance
des siens depuis le coup d’État
L’arrivée au pouvoir
de rebelles musulmans en Centrafrique laissait-elle craindre l’émergence d’une
persécution à l’encontre d’un peuple majoritairement chrétien?
Je suis très touchée
et bouleversée par la fragilité de la communauté chrétienne en Afrique. Ce sont
des gens qui croient beaucoup à la parole du Christ, qui n’ont eu de cesse de
prêcher la non-violence et qui n’ont donc jamais appris à se battre. En
Centrafrique, leur pacifisme confronté à la brutalité des islamistes laissait
craindre une persécution qui est désormais bien présente. L’archevêque de Bangui
a d’ailleurs appelé mon petit frère, général là-bas, afin qu’il protège les
sœurs de la paroisse, régulièrement molestées par les
rebelles.
Mme Calixthe Beyala /
© Pana
Je crains que le
rapport de force ne soit en train de changer. Depuis deux semaines et
l’auto-proclamation quasiment impériale de Michel Djotodia, il n’y a plus d’État
et un vide sécuritaire qui profite aux rebelles. Les gens de Bangui sont
effrayés par le contexte actuel. Ils n’ont jamais vu autant de violence ; les
rebelles débarquent et dévastent tout sur leur passage ; les biens sont pillés
et les institutions détruites, quand ce ne sont pas les chrétiens qui meurent
sous leurs coups. D’autre part, les militaires de l’armée régulière sont très
surpris: ils s’attendaient à lutter contre des hommes et se retrouvent face à
des enfants, parfois d’à peine douze ans, enrôlés de force par les
islamistes.
En dépit de ses
racines chrétiennes,
Les intérêts
économiques ont pris le dessus sur nos valeurs humanistes. Quand les rebelles
combattent pour un idéal idéologique, nous combattons pour de l’argent. Cet
argument n’a jamais porté les peuples. En Afrique du Nord, attirée par les
matières premières,
Par Baudouin de
Saxel - bvoltaire.fr - 15/04/2013
Centrafrique : le
chaos l’emporte à Bangui
Par MARIA
MALAGARDIS –
Libération, 15 avril 2013 à
23:01
Violences . Des
combats entre la population et le Séléka au pouvoir ont entraîné une vingtaine
de morts.
Tous les voyants
sont au rouge en Centrafrique, pays enclavé au cœur de l’Afrique centrale. Hier,
les habitants continuaient à fuir l’un des quartiers les plus peuplés de la
capitale, Bangui, où des heurts entre les forces du Séléka et les habitants
auraient fait au moins vingt morts ce week-end. La cause exacte de ces
affrontements reste incertaine : selon le nouveau président, Michel Djotodia,
qui s’est exprimé dimanche soir à la radio, ce sont des nostalgiques de l’ancien
président François Bozizé (que Djotodia a renversé le 24 mars) qui auraient
provoqué les troupes du Séléka.
Indiscipline. Mais, selon des
témoignages recueillis sur place par RFI, dans le quartier de Roy-Babé, théâtre
de ces dérapages, les habitants se seraient opposés aux pillages en règle du
Séléka qui, sous prétexte de récupérer des armes, vidaient les maisons
«inspectées». En réalité, depuis le départ du peu regretté Bozizé et la mise en
place par les armes d’un nouveau régime «transitoire», les braquages et
règlements de comptes n’ont jamais cessé. Du moins dans la capitale, car pour le
reste du pays, sans informations fiables et suivies, personne ne sait ce qui s’y
passe réellement. La persistance de cette insécurité tient en partie à
l’indiscipline des troupes rebelles, mal formées et composées d’un agrégat de
mouvements qui voulaient tous déboulonner Bozizé. Mais après ? La victoire est
peut-être plus difficile à gérer.
«En réalité, le
Séléka est une mosaïque d’où émergent deux grands groupes : les "Tchadiens"
soutenus à l’extérieur par N’Djamena, et les "Soudanais", dont Michel Djotodia
est la figure de proue», explique un bon
connaisseur du dossier. Mais qui est réellement Michel Djotodia, qui s’est
emparé du pouvoir par un coup de force autant militaire que politique, en
s’imposant sur certains de ses camarades de combat ? Depuis son arrivée au
pouvoir, cet ancien diplomate en poste au Darfour s’est quelque peu assagi,
acceptant notamment de ne rester en place que le temps d’une transition de
dix-huit mois, alors que ses premières déclarations étaient plus
ambiguës.
«Charia». Reste que de
nombreux Centrafricains redoutent de voir une islamisation rampante du pays.
Réalité ou psychose ? Difficile de trancher. Mais le soupçon existe, entretenu
par la présence, pour la première fois, d’un musulman au sommet du pouvoir. Mais
aussi justifié par les exactions des troupes, qui ont attaqué et pillé plusieurs
églises en province pendant leur conquête du pays. Dimanche, des roquettes se
sont également abattues sur une église de la capitale, faisant sept
morts.
Plus préoccupant, dans un document
daté du 12 avril 2012 que Libération s’est procuré,
Michel Djotodia affiche des ambitions assez troublantes : s’adressant
à l’organisation de
Les nouveaux maîtres de Bangui démentent vouloir islamiser
Accusé par le camp
de l'ex-président François Bozizé de vouloir favoriser les musulmans aux dépens
des chrétiens, le chef de l'État auto-proclamé, Michel Djotodia, a tenu à
réaffirmer les principes de laïcité en Centrafrique.
France 24, France
24, Priscille LAFITTE - 30/03/2013
"
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Le nouvel homme fort
de Bangui est accusé par l’entourage du président déchu François Bozizé de
servir un agenda djihadiste. Deux chefs de la rébellion, Moussa Mohammed
Dhaffane et Younous Adim Birema Nourredine, "ont étudié en Arabie saoudite et au
Qatar. Ils prônent le wahhabisme à qui veut l'entendre. Ils le prêchent", avait
ainsi alerté, en janvier dernier, le ministre de l’Administration territoriale,
Josué Binoua, qui disait craindre
une "guerre de religion".
L’image de milliers de
musulmans scandant "Allah Akbar" lors de l’arrivée de Michel Djotodia à la
grande mosquée de la capitale Bangui pour la prière du vendredi a choqué
certains chrétiens, d’après le témoignage d’un habitant de Bangui, recueilli par
l’AFP.
"Dans le sud de ce
pays chrétien, ce discours a eu des résonances funestes, d’autant que des
membres de
Butin de guerre écoulé
par les commerçants musulmans
L’archevêque de
Bangui, Monseigneur Dieudonné Nzapalainga, témoigne en effet sur RFI que "des
hommes et des femmes qui étaient venus prier [à la cathédrale de Bangui] se sont
fait piller en sortant de l’église par des gens qui voulaient prendre également
leurs véhicules, par la force". Ce haut représentant de l’Église catholique
craint une escalade des sentiments anti-religieux de part et d’autre et appelle
"les responsables de
Bozizé, pasteur de
l’Église du christianisme céleste-Nouvelle Jérusalem
Ces actions à
l’encontre des chrétiens font écho aux violences anti-musulmanes qui ont été
signalées depuis décembre dernier, début de l’avancée des rebelles depuis le
Nord. Les comités d’auto-défense des partisans du président Bozizé, qui avaient
érigé des barrières en ville pendant la crise, s’en sont régulièrement pris aux
musulmans banguissois, les assimilant aux rebelles, rapporte
l’AFP.
Si l’islamisme trouve
un certain écho en Centrafrique, rapporte le chercheur catholique Richard
Filakota et cherche à se rallier les jeunes, la mouvance évangélique prospère
également. L’ancien président François Bozizé est lui-même membre de l’Église du
christianisme céleste-Nouvelle Jérusalem et ancien pasteur de cette mouvance,
dont il a fondé la branche centrafricaine.
Le Nord du pays, zone
d’incertitude
Il serait erroné de
transposer la concurrence entre ces deux mouvances religieuses sur le terrain
politique, s’accordent toutefois à affirmer les représentations des religions à
Bangui, qui rappellent que le début de la crise est politique, et non
religieuse. "Je demande aux musulmans de ne pas dire ‘Aujourd’hui c’est notre
tour’, déclare à l’AFP l’imam Oumar Kobline Layame, président de la communauté
islamique de Centrafrique. Il ne faut pas casser cette cohabitation que nous
avons depuis plus de 50 ans."
De plus, les chefs de
L’islam de
- CENTRAFRIQUE
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