Centrafrique :
débâcle ou enlisement de la transition…Par Rodrigue Joseph Prudence
MAYTE
Alors que d’un côté les forces armées hétéroclites qui ont porté au
pouvoir le nouvel homme fort de Bangui continuent de démontrer avec
outrecuidance leurs insatiabilités en matière de pillages, de l’autre côté le
président auto proclamé nomme des personnalités à des postes de responsabilités
bien que toutes les infrastructures administratives ont été pillées et
saccagées. On n’a même l’impression que le changement brutal du régime défunt
orchestré par le géant voisin au pied d’argile semble être la goutte qui a
débordé le vase sur la scène internationale. Il suffit de passer au peigne fin
les chapitres de la contestation, de la condamnation et de la sanction sur
l’échiquier international pour se rendre à l’évidence que la République
Centrafricaine vit présentement en vase clos.
Il s’emblerait que les Chefs d’états africains en général et ceux de
la CEEAC en
particulier trouvent inadmissible l’ingérence perpétuelle du Tchad dans les
différentes crises inter centrafricaines. Tellement que les raisons
démonstratives et convaincantes de l’éviction de l’ancien locataire du palais de
la renaissance n’ont pas été bien élucidées, les Chefs d’états de
la CEEAC ont
préféré boycotter la récente réunion
de N’djamena par leurs absences massives. Bien que la transition se
grippe sur le plan international,
les clans se forment à Bangui autour du pouvoir du premier bailleur de
l’hôtel Ledger. En revanche, une brocante très achalandée s’exerce d’une manière
hebdomadaire dans une bourgade d’un pays voisin en vue d’écouler à tout va les objets de
pillages issus de la crise centrafricaine. Il est aisé de reconnaître que seuls
les biens immobiliers de Centrafrique ont échappé à cette braderie. La commune
renommée raconte que les rebelles risquent même de tracter toutes les maisons
luxueuses de Centrafrique en vue de les vendre
ailleurs…Hélas !
La
Centrafrique est toujours en ruine, rien n’est encore fait pour
annoncer une quelconque rénovation. Les décombres sont encore palpables et le
paysage donne une vue assez choquante du pays alors que le nouvel homme fort de
Bangui et ses acolytes semblent se complaire de l’environnement sociétal et
politique. On se demande encore comment est ce que le Gouvernement fera pour
gérer les charges fixes de l’état et venir également à bout des défis qui
s’imposent au pays surtout lorsqu’on sait que la Centrafrique ne vit que d’une assiette
fiscalo-douanière ? Mais quelle hallucination ! Tous les signes sont
présentement visibles pour admettre l’état anarchique de la République
Centrafricaine. Il est certain qu’à la lumière de la réalité
politique et sécuritaire du pays, la Centrafrique devient de
plus en plus un état infréquentable. A posteriori, une vague de désamour se fait
observer de fil en aiguille vis-à-vis de la classe politique centrafricaine et
des voix s’élèvent peu à peu pour demander une rupture politique et un
changement radical de la gestion de la chose publique…Néanmoins, si cette
transition se transforme en eau de boudin, tous les hommes politiques qui ont
cautionné le coup de force, en feront les frais.
Rodrigue Joseph
Prudence MAYTE