DESARMER OU PARTIR

 

 

    Nous vivons dans un «  village planétaire » où une seule image du corps d’un enfant échoué sur une plage suffit à ramollir la ligne politique des nations les plus rétives .  Quelles images, quel nombre de morts en Centrafrique vont-ils décidé la France et les Nations Unies à ordonner à leurs troupes présentes dans ce pays d’appliquer enfin le chapitre VII de la Résolution de l’ONU ? Les moyens sophistiqués déployés ( hélicoptères de combat, engins blindés, moyens d’écoute…) ne sont-ils là que pour sauver la mise à l’ectoplasmique et futile présidente de la transition ? Ce serait faire trop peu cas de la RCA…

 

 

            Les faits

 

     Au commencement était un assassinat crapuleux d’un jeune centrafricain aux motifs non encore établis .  Dans un pays normal, c’est à la police et surtout à la justice d’établir les faits et de punir les coupables . En RCA, ce sont des escadrons de la mort qui sillonnent les quartiers à moto, à pied pour tuer impunément des innocents .

     Pendant ce temps, que font les forces internationales stationnées en Centrafrique ? Rien ou plutôt elles tirent sur les manifestants . Pourquoi ? Les Centrafricains n’ont-ils pas le droit de protester contre les meurtres en série et la mauvaise gouvernance de leur pays ? Les casques bleus ne sont-ils là que pour protéger les autorités de la transition et en premier lieu la présidente par intérim ? Ces mêmes casques bleus par ailleurs violeurs d’enfants et incapables d’appliquer le chapitre VII de la Résolution de l’ONU, sont devenus de fait les ennemis de la RCA car ils se permettent de tirer sur une foule de manifestants pacifiques . Le symbole est affligeant pour l’ONU : alors que les meurtres sont commis dans les troisième et cinquième arrondissements, les casques bleus de l’ONU protègent le palais de la Renaissance au centre-ville ! Un palais vide de surcroît, sa locataire, l’inénarrable Catherine Samba-Panza, étant partie à New York .

 

         L’inénarrable présidente de la Transition 

 

Voilà une dame qui s’est présentée comme une mère pour les Centrafricains pour se faire nommer présidente par intérim par un CNT à prédominance Séléka (75 voix sur 135 ) et qui se révèle comme une véritable catastrophe sur pattes pour notre pays depuis deux ans : absence de vision politique, absence de protestations devant les massacres et viols des Centrafricains, détournements éhontés du moindre don pour la RCA, népotisme, clientélisme, clanisme, régionalisme, sexisme inefficace avec ses copines du gouvernement, affairisme débridé, mendicité outrancière, entêtement inutile et improductif ( cf nomination obstinée du Premier ministre Kamoun en dépit du bon sens ), incompétence généralisée et crasse étalée aux yeux du monde…et j’en passe et des meilleurs . Cette dame met à mal le mot « Dignité » de notre devise . Si elle en avait, il y a longtemps qu’elle aurait démissionné .

     N’est-ce pas son silence éloquent devant les massacres antérieurs qui est interprété par les ennemis de la nation comme un encouragement à tuer davantage ? Son inertie en matière de justice a instauré de fait la loi du Talion et les exécutions extrajudiciaires en Centrafrique . Ses demandes de prolongation, son remaniement à la veille des élections sont là pour prouver que seuls ses intérêts égoïstes président . Les intérêts de la RCA et des Centrafricains sont relégués au second plan .   

     Son indigence politique s’est encore vérifiée à travers son adresse à la nation hâtivement rédigée, sans relief et surtout qui relègue aux calendes grecques le deuil national attendu par les Centrafricains . Drôle de mère et drôles de larmes de crocodile !

      Enfin c’est à bord des hélicoptères de combat français qui ne combattent rien en RCA que la présidente par intérim a d’abord rejoint l’ambassade de France, puis son domicile . Tout un symbole .

Répétons-le : la France ne sortira de son ambiguïté en Centrafrique qu’à son détriment .

 

      Rôle ambigu des Forces internationales en RCA   

 

    La Minusca, depuis le fameux général Babacar Gaye jusqu’à son remplaçant a toujours fait des communiqués de presse pour protester contre la violence et les meurtres en RCA . Quand le chef des opérations militaires de l’ONU, le français Ladsous va là-bas, c’est pour décréter des « zones sans armes » à Bambari ! Les communiqués alambiqués et ce marquage spatial qui se veut intelligent sont un aveu de l’échec patent des forces onusiennes en Centrafrique . De plus en plus de Centrafricains restent persuadés aujourd’hui que les troupes internationales ne sont là que pour faire du tourisme sexuel et s’adonner à différents trafics, d’où l’apparition de ces panneaux d’un nouveau genre qui demandent leur départ pur et simple du pays . En effet, à quoi cela sert-il d’être armé jusqu’aux dents, de disposer de moyens modernes  d’écoute, de couverture aérienne, avec    plus de mille policiers sur les dix mille soldats sur le terrain ? Autant de soldats pour assister à l’agonie du peuple centrafricain, cela laisse perplexe .

     Devant l’attitude équivoque des forces militaires internationales, les partis politiques centrafricains sont sortis de leur léthargie pour condamner, exiger le rétablissement des FACA, demander également le départ de ces touristes en treillis, bref parler à l’unisson du peuple centrafricain . Il est aussi temps pour les partis politiques de passer des communiqués de presse aux actes concrets en commun pour mettre un terme aux souffrances du peuple . 

 

 

     C’est le cœur gros que je demande solennellement aux responsables de l’ONU et de la France de désarmer les milices centrafricaines ou de partir au lieu de verser dans le jeu tortueux, voire suicidaire, d’un gouvernement de transition incapable d’organiser démocratiquement sa sortie programmée d’une  scène politique où les hasards, la pusillanimité et les calculs mesquins l’ont placé . 

      Nous savons compter nos morts et les enterrer . Quant aux communiqués de presse, avec un peu d’efforts, nous saurons aussi les rédiger . Pas besoin de la France et des forces de l’ONU pour cela .

 

 

                                     David KOULAYOM-MASSEYO .

                                     02/10/2015 .