La Centrafrique et la grande distorsion des aspirations nationales, créée par les régimes politiques.

 

Par Jean-Didier Gaïna

 

La République Centrafricaine ne serait la chasse gardée d’aucun parti politique, ni celle d’un centrafricain politicien, civil, militaire, rebelle ou pas, d’où qu’il soit; les partis politiques ne seraient autres que des organes de réflexion, supposées être les sources de propositions viables et de meilleures alternatives pour le développement du pays et pour la prospérité de ses citoyens.

 

Ce qui suit ne serait que l’illustration du contraire de ces principes élémentaires  que nous avons formulés ci-dessus.

 

Si vous avez le temps de relire les anciennes coupures de journaux ou la curiosité de parcourir divers articles affichés sur les sites internautes traitant de la Centrafrique, vous retrouverez certainement des faits divers ou des titres tels la réception à Bangui d’une caisse d’armes de guerre, d’origine chinoise dont le destinataire serait le Député Paco de Carnot; cela se passait après la visite officielle de François Bozizé en Chine.  A la même époque, l’on apprenait la nouvelle de la mission confiée par François Bozizé à Touaboy, Ambassadeur de Centrafrique, résidant à Washington, DC, pour l’acquisition un avion de transport; le résultat des transactions avait donné un aéronef désaffecté des rebuts de l’armée américaine et dont la valeur marchande ne reflétait nullement la coquette somme de 15 million de dollars que Bozizé avait allouée à cet effet.  Cet avion devrait bien entendu servir aux besoins de desserte et de désenclavement du pays.  Cependant, avez vous jamais lu les rapports des succès du gouvernement lorsque que celui s’était chargé des opérations de gestion des coopératives de café, des opérations de l’office de commercialisation des produits agricoles (ONCPA), de celles de la CAISTAB, de la SEGA et d’autres agences nationales d’activités économiques du genre?   Peut-être que dans ses esprits, Bozizé avait compris ces défaillances et voulait s’essayer au transport aérien à titre purement privé, qui le sait?  Ces transactions là se déroulaient après l’octroi du contrat d’exploration ou de production de l’uranium de Bakouma à un groupe d’affaires sud africain.  A l’époque également, l’on apprenait la nouvelle d’un marché clandestin, passé par Zingas, ministre de l’éducation nationale, qui avait encaissé les frais divers d’examen, et qui autorisait des élèves d’un établissement scolaire privé au Cameroun, à participer aux épreuves du baccalauréat centrafricain.  Ce ministre centrafricain de l’éducation nationale avait peut-être découvert la nécessité lucrative de réhabiliter l’idée ancienne des cours ou examens par correspondance.  Le seul inconvénient avait été que le ministre Zingas avait oublié de faire établir une autorisation officielle pour sa combine par son propre cabinet.  Récemment, le ministre Ngouandjika révélait dans ses échanges épistolaires avec Prosper Ndouba, n’avoir jamais perçu son salaire de ministre depuis plusieurs années, et qu’il détenait depuis le titre de millionnaire centrafricain par lui-même attribué et appartenait ainsi à la classe des millionnaires du pays, qui se comptaient sur les doigts de la main.  Malheureusement, celui-ci avait cru devoir taire les sources de sa grande richesse.  Ne réalisait-il pas que ses compatriotes étaient nombreux à vouloir connaître son astuce?  Cet exemple et d’autres du genre disaient long sur les astuces d’octroi d’importants marchés d’état et des dessous de table que les ministres du gouvernement de Bozizé avaient concoctées au nom de la très généreuse corruption nationale et sous le très haut patronage de Bozizé lui-même.  Mais, Bozizé savait-il ce qu’il faisait surtout quand il donnait les ordres de ne pas toucher à un seul cheveu des têtes de ses opérateurs préférés?  Devrions nous conclure que tout cet acharnement par les membres du KNK, par les rebelles et les partis d’opposition à être élu ou à s’accaparer du pouvoir à Bangui, n’avait pour seul objectif que de celui de former des associations officielles de malfaiteurs pour voler aux centrafricains les ressources que le pays aurait?  Est-ce que faire de la politique, est-ce qu’entrer en rébellion ou faire de l’opposition ne se résumerait qu’à avoir accès aux ressources du pays, puis à rendre les citoyens misérables?  Nous attendons depuis de nous convaincre du contraire.

 

Qu’en est-il de Bozizé lui-même?  Peu après avoir fait chasser Patassé du pouvoir à Bangui à cause de l’incompétence des dirigeants du MLPC à bien gouverner le pays, la presse avait révélé que François Bozizé, dans ses nouvelles fonctions de chef d’état, s’était immédiatement rendu en Europe, afin d’y écouler des diamants centrafricains qui avaient apparus, comme par enchantement dans son nouveau bureau du palais de la renaissance, et, sans que celui-ci ait fait établir, au préalable, un quelconque bureau d’achat des pierres précieuses dans le pays.  Est-ce que Ndountingai, alors ministre des mines et de l’industrie, avait été le démarcheur et lui avait fourni frauduleusement ces pierres précieuses?  Si tout ce trafic de Bozizé avait été légitime et légal, nous nous poserions alors la question de savoir si les recettes de ces marchés avaient été versées au trésor centrafricain.  Mais cette question n’aurait de sens si l’on sait que Bozizé avait été à la fois grand percepteur, planificateur des dépenses, puis payeur général du trésor public centrafricain.   N’oubliez surtout pas que le Président de la République Centrafricaine serait également dans les faits le premier ministre suppléant du gouvernement, le ministre suppléant des finances, le premier suppléant président de l’assemblée nationale, etc.  François Bozizé serait si brillant que ce serait normal qu’il ait tous les portefeuilles non officiels de suppléant dans son gouvernement.  Quoi donc de plus normal?   N’est-il pas un pur produit de Papa Bok, de l’empire centrafricain d’ailleurs, et  qu’il avait fait récemment officiellement réhabiliter?

 

Sans grands débats sérieux au sein du gouvernement, sans considération aucune de stratégies testées, et sans demander l’opinion des populations rurales des zones d’exploitation du diamant centrafricain, Ndoutingai, toujours ministre des mines et de l’industrie avait fait prendre la décision unilatérale de faire suspendre toutes les activités d’exploitation et d’achat du diamant sur tout le territoire national pour une durée indéterminée, sous le prétexte de la sauvegarde des intérêts nationaux et parce que de nombreuses autorisations avaient été octroyées illicitement, y compris celles concernant ses propres opérations clandestines.  Il fallait bien trouver, pour ce qui le concerne, le moyen efficace pour regagner le monopole de ce marché des pierres précieuses.   Ndoutingai n’avait jamais eu une idée des retombées sociales graves de sa décision sur les populations de ces régions et qui avait entraîné la famine à Berbérati.  Ne s’était-il jamais demandé ce que les paysans des régions de l’Ouham, de l’Ouham-Pendé et de l’Ombela-Mpoko seraient devenus sans revenus si, jadis, le gouvernement de Bokassa avait fait interdire la culture du coton dans ces préfectures et sans offrir d’autres alternatives d’activités à ces paysans agriculteurs?  Mieux encore, après s’être bien assuré que les artisans et leurs familles mourraient de faim, Ndoutingai avait vite fait de revenir auprès de la population de Berbérati pour voler leurs votes, afin d’occuper le poste de député de la circonscription de Berbérati.  Voila un exemple de ce que nous appellerons les actions rocambolesques d’un gouvernement.  Il serait extrêmement  difficile de croire que tout cela se produisait dans un pays qui s’était attribué les qualificatifs de république et de démocratie.  Ne vous précipitez surtout pas pour conclure que la population de Berbérati ne se souvenait pas des répercussions négatives de la mauvaise décision officielle du ministre Ndoutingai, et, que cette population était amnésique.  C’était sans compter que Ndoutingai avait les moyens financiers, militaires et politiques par s’assurer une meilleure mainmise sur le diamant dans cette région en opérant la subtilisation des votes de la population de Berbérati pendant les élections législatives de 2010.

 

Il n’y a pas longtemps, la presse centrafricaine faisait état de la tenue des états-généraux des finances de l’état.  Les grandes décisions issues de ces travaux avaient été endossées par François Bozizé lui-même et insistaient sur la lutte tout azimuth contre la mauvaise gestion des finances de l‘état et plus particulièrement contre la corruption.  Une semaine ou deux après ces assises, le ministre des finances Ndoutingai s’envolait avec plus de frais de mission qu’il n’en avait besoin pour une mission dite officielle en Amérique, auprès des Nations-Unies, de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International, faisant ainsi fi des recommandations des assises qu’il avait lui-même présidées.  Celui-ci, parti de Bangui, n’était jamais arrivé en Amérique, avait décidé de faire l’école buissonnière, puis avait pris des vacances en Belgique.  Avait-il à son retour à Bangui remboursé les excédents de cette avance de caisse qu’il s’était octroyée comme frais de mission?  Vous conviendrez avec nous qu’en sa qualité de ministre des finances d’un gouvernement du KNK, il était le gardien du grenier et pouvait se servir à volonté, et, que les lois, les règlements, les décisions ministérielles ne s’appliqueraient bien évidemment pas au Colonel Ndoutingai, membre du bureau politique du KNK.  Toutefois, quand il s’agissait des malversations du Commandant Lapo au Trésor, ces malversations  étaient inacceptables selon Bozizé et selon ce même ministre Ndountingai, et, était sanctionnées par une révocation du poste de trésorier payeur. Tout cela ne vous nous rappellerait pas les ambigüités des dysfonctionnements des régimes passés et le modèle de gouvernement bicéphal qui avait existé sous l’empire centrafricain?

 

Vous auriez présumé que l’année 2011 tirant à sa fin, et que pour préparer les stratégies de 2012 et prévenir d’incuries éventuelles à venir, ces états généraux des finances de la république du KNK discuteraient des problèmes urgents à l’origine du marasme économique du pays, de la pauvreté, du manque d’emplois, des grèves des fonctionnaires, de la baisse du pouvoir d’achat, et qui, avec d’autres facteurs, avaient empêché le progrès du pays.  Mais enfin, comment discuter sérieusement de la relance de l’économie, de la production nationale, de l’exportation sans discuter de l’inflation, de la stagnation des salaires, de la hausse des prix, surtout quand l’on sait que les travailleurs dans le pays et ceux dans les consulats centrafricains à l’étranger, tiraient le diable par la queue, même si les salaires modiques seraient  payés régulièrement pour ce qui concerne la fonction publique?  Est-ce que nous nous étions trompés en pensant que les députés, le gouvernement d’un président “démocratiquement élu” par le peuple et une administration nationale s’étaient mis en place pour être à l’écoute de ses citoyens, pour être sensibles aux problèmes des citoyens, et pour résoudre promptement, efficacement, à peu de frais  et au mieux tous ces problèmes du développement du pays?  Et les ouvriers du KNK attendraient que ceux soient la France, les Américains, les fonctionnaires européens ou ceux des Nations-Unies qui viennent leur proposer des solutions et résoudre à leur place les problèmes quotidiens des centrafricains et ceux du pays.  Comme toujours, Bozizé et son gouvernement attendraient par exemple que le gouvernement chinois offre de réfectionner les ponts désaffectés sur les avenues de France et David Dacko.  En regardant la photographie du grand projet de construction de l’hôtel de Ngoundjika à Boyrabe, nous étions arrivés à la réflexion que toutes les sommes d’argent que celui-ci avait détournées et tout le ciment et autres matériaux de construction que celui-ci avait  affectés à son chantier auraient largement suffi à reconstruire ces ponts par des nationaux et sans aucune assistance de l’extérieur.  Tous les diamants volés ou sortis frauduleusement du pays et l’argent provenant de la corruption des membres du gouvernement de Bozizé et de leurs acolytes, frères et autres opportunistes nationaux ou étrangers auraient pu résoudre de nombreux besoins en équipement, en formation professionnelle et autre dont la Centrafrique aurait grandement besoin.  N’est-il pas évident que la République Centrafriaine aurait bien les ressources nécessaires pour son developpement? Où va donc tout l’argent du peuple centrafricain?  Dans les poches de tous ces ouvriers officiels du KNK, des libérateurs étrangers et de leurs alliés opportuniste.

 

Tout ce qui précède pourrait être considéré comme les faits divers de la politique du gouvernement de Francois Bozizé.  Ces faits divers sont si familiers, au point où tous les centrafricains à quelques exceptions près ne réagissent plus en espérant que le régime KNK finira bien un jour comme les avaient vécu le Mesan, le RDC et le MLPC.  Il n’ ya qu’a observer les grands évènements politiques et sociaux dans le monde pour accepter que le monde tourne et qu’un jour prochain les tourments causés au peuple par le KNK et ses partis allies, appartiendront aussi à l’histoire.  Nous nous excuserons ici de n’avoir pas recueilli d’autres exemples, oh combien nombreux, des exactions d’un régime politique, élaborées par des soudards, des opportunistes, des charlatans et des mercenaires qui s’étaient fait appeler les “libérateurs” pour se faire accepter un moment et surtout pour enfin s’accaparer frauduleusement des biens qu’ils n’auraient pu avoir autrement.  Même après avoir donné le nom de Kwa na Kwa à un nouveau parti politique de sa cure, Bozizé et les autres partis dits de sa mouvance presidentielle, n’avaient toujours pas réussi à faire changer de cap à la cannibalisation systémique de l’économie de ce pays, malgré tous les atouts que le pays aurait.  Est-ce que le peuple centrafricain n’avait pas encore réalisé que la création d’un nouveau parti politique ou la création d’une rébellion armée n’avaient jamais réussi à apporter la prospérité à la population et au pays?  Quelles serait alors les voies d’accès à une solution viable?  Celle-ci arriverait par une grande ouverture intelligente  vers le monde extérieur pour comprendre ce qui se passe dans les autres pays comme la Côte d’Ivoire, la Tunisie, l’Egypte, la Libye et de nombreux autres, puis la sagacité, la créativité  et la sagesse de tous les citoyens pour en tirer toutes les leçons importantes et qu’ils pourraient utiliser à leur tour.  La solution arriverait aussi par l’éducation civique et l’éducation morale de tous les citoyens pour construire une société qui aurait les meilleurs attributs possible et qui profiteraient à toute la communauté nationale.  Malheureusement, la jeunesse centrafricaine avait appris que le droit ne s’obtenait que par le mensonge, par la malhonnêteté, par l’escroquerie, par la démagogie, ou par la force des armes.   Les gouvernements de Kolingba, de Patassé, et de Bozizé avaient appris à la jeunesse du pays et à tous ses citoyens que pour réussir dans la vie, il fallait s’associer à leur parti, ou être membre de leur clan, et que, faute de travailler durement et avec intelligence, et faute de mériter légitimement un bien en travaillant honnêtement, il était acceptable de détourner les ressources du pays, de voler ses compatriotes, de corrompre ou d’être corrompu.  L’application de la justice n’étant indépendante que dans les apparences, celle-ci s’opérait sans éthique, sans caractère moral et sans déontologie, et se rangeait du côté du plus offrant.  Etes-vous alors surpris que certains groupes offriraient la sharia en remplacement de cette justice des droits modernes, corrompue?  Est-ce qu’il faudrait trouver une autre alternative à ce système de justice malveillante et corrompue et revaloriser un système coutumier plus juste et plus efficace?  La République Centrafricaine vivrait donc sa pseudo-démocratie sans véritable indépendance des pouvoirs.  Aujourd’hui, l’assemblée nationale serait essentiellement constituée par le KNK et ses partis alliés; la justice et les différentes cours constituées de l’état marchait à un son de cloche dicté par Bozizé et son KNK; l’armée nationale ne serait ni patriotique ni nationale.  Voici résumé l’état de la Centrafrique.

 

Faute de mettre en place un veritable mouvement de renouveau politique, le KNK ne serait autre que le parti du “le poil avec le poil”.  Comme dans l’expression inusitée du “poil leur a poussé dans la paume”, les ouvriers du KNK aspireraient à vivre heureux que de la manne  que leur offrirait Bozizé et de son système.  Selon l’intonation vocale, le KNK pourrait aussi signifier “la mort avec la mort” quand on compte toutes les pertes en vies humaines observées depuis la première rébellion armée initiée par Bozizé pour renverser Patassé.  La France, les Nations Unies et les autres n’avaient qu’à continuer à croire ce qu’ils voudraient bien croire, le régime de Bozizé n’a rien changé à tous les maux que vivait et vit encore la société centrafricaine.  Est-ce qu’il faudra attendre d’ester Bozizé et son régime auprès du Bon Dieu, le Père?  Est-ce que les centrafricains, les ouvriers du KNK et les militants des partis alliés s’imaginent pourquoi le pays manque de nouvelles écoles pour les enfants, pourquoi les enfants ne recoivent pas une bonne éducation dans ce qui reste encore du système éducatif national, pourquoi l’université de Bangui demeure vétuste et sans grandes ambitions nationales, pourquoi la rébellion se serait transformée en lutte tribale, pourquoi le gouvernement de Bozizé regorgeait de cadres incompétents, pourquoi tout le système sanitaire et médical serait corrompu et inadapté, pourquoi il faudrait corrompre pour réussir à un concours administratif, pourquoi les routes ne sont pas entretenues, pourquoi les jeunes ne trouvent pas du travail, pourquoi l’on observe  dans les rues de hommes armés quand il n’y aurait pas de guerre civile? Tout cela à cause du système dénue du sens patriotique et national mis en place par Bozizé, et surtout, parce que pour qu’un centrafricain se sente important dans le pays, il lui faudrait la bénédiction du KNK et des partis alliés.  A cause de ce qui précède et d’autres exemples que vous trouverez par vous-mêmes, nous énoncerions volontairement que la République Centrafricaine serait dirigée en majorité par des malfaiteurs.  Mais tout ce monde, sans exception, rendra bien compte un jour devant la tribune d’une nouvelle Centrafrique juste, avec des meilleurs espoirs et de nouvelles aspirations pour toute la communauté nationale.