La guerre en Ukraine, l'Europe en émoi !

 

La guerre en Ukraine, l'Europe en émoi ! Par Prosper INDO

 

     La guerre en Ukraine, déclenchée le jeudi 24 février 2022, vient clore une séquence diplomatique internationale interminable, où les acteurs jouaient les prolongations, entre désinformation, intoxication, propagande ou provocations. Pendant cette longue période, la France s'est faite remarquée par un double jeu et un double langage intenables.

Emmanuel Macron, dans ses habits neufs de président en exercice de l'Union européenne, a tenté de s'interposer en médiateur entre Kiev et Moscou, comme Nicolas Sarkozy en son temps en Géorgie. Dans le même temps, le président français, en sa qualité de candidat potentiel à sa propre succession aux prochaines élections présidentielles, n'a cessé de « tirer » sur Vladimir Poutine, qualifiant ce dernier de « dogmatique » et d' « idéologue paranoïaque », aidé en cela par son ministre de l'Europe et des affaires étrangères aux accents peu diplomatiques, inutilement insultants et provocateurs.

C'est devenu un trait de caractère chez Jean-Yves Le Drian, une habitude qu'il a transmise à tous les ambassadeurs de France dans le monde (1).

Vladimir Poutine a mis un terme à ces atermoiements et subterfuges. Auparavant, il a pris soin de se rendre aux Jeux olympiques d'hiver en Chine pour saluer le président chinois Xi Jinping, alors que les officiels occidentaux boycottaient Pékin, pour des raisons diverses.

Comme il est communément admis que les Jeux Olympiques constituent une trêve et un moment de paix, le maître du Kremlin n'a pas brisé le tabou. Il a attendu la fin des jeux pour prendre l'initiative.

Enfin, il a eu la politesse d’attendre le départ d’Angela Merkel en qui il avait confiance, en s’accordant un délai de viduité, pour allumer la mèche de la guerre.

 

1 – Il est temps de changer de paradigmes.

     Pendant que les leaders occidentaux crient au loup, Vladimir Poutine a mis les pieds dans le plat, prenant prétexte d'un statu quo insupportable où les accords de Minsk, signés en 2018, n'étaient toujours pas respectés par ses différents signataires, en particulier l'Ukraine du président Zelensky. Certains croient au refus de Moscou de voir l'OTAN à ses fenêtres. L'objectif de la Russie semble plus vaste et son ambition plus large, radicale : modifier l'ordre mondial !

Il ne s'agit pas simplement d'établir un nouveau rapport de forces, mais de changer de logiciel, d'adopter de nouveaux paradigmes, d'agréer un nouvel algorithme de décisions.

En effet, il montre clairement qu'il n'est plus supportable que deux-tiers de l'humanité soient asservis et que leur sort soit subordonné aux intérêts ou caprices d'un-tiers de la population mondiale.

 

2 – Un occident toxique comme son homophone.

La réponse de l'occident, abusivement et systématiquement assimilé à l'ensemble de la « communauté internationale », traduit bien cette ambiguïté : frapper la Russie de sanctions économiques, financières et technologiques, pour l'isoler du reste du monde. L'argent, élevé au rang du Veau d'or, est devenu et demeure l'unique référence, pour des pays qui ont perdu toute spiritualité, toute morale, toute éthique, toute âme, dans le même temps où ils revendiquent et proclament leur tradition judéo-chrétienne (2).

     Au nom de la démocratie, l'occident entend étendre son influence à toute la terre et, au-delà, dans l'univers. C’est un chancre qui procède par métastases. L'Ukraine est ainsi devenue, ces derniers temps, le pays où les jeunes femmes louent leur ventre pour survivre (3). Les femmes européennes en mal de maternité, parce que infertiles par l’âge, y font gérer leur grossesse par procuration, en particulier les Françaises. Elles externalisent leurs grossesses comme hier les sociétés Nike ou Adidas externalisaient leur production de chaussures de sport.

 

3 – L'extension du domaine de la lutte.

     A force de multiplier les structures de l’entre soi (G5, G7, G20), dont les États membres sont choisis par cooptation, l'Europe et les États-Unis d'Amérique tournent en rond et diffusent leur toxicité : corruption et exploitation servile. Ceux-là qui ont déclenché la guerre en Irak, en Afghanistan, en Syrie, en Libye, au Yémen et aujourd'hui en Éthiopie, en tirent des profits très substantiels, en termes de commandes d'armements divers, de missions d'expertise en tous genres et de modèles de formation de tout acabit.

Après l'Amérique du sud et le Moyen-Orient, ils s'attaquent désormais à l'Afrique et à l'Europe orientale. C'est à ce modèle que Vladimir Poutine vient de dire : Niet ! Il ne s'agit pas seulement d'un contentieux frontalier ou d'un respect du principe d'autodétermination des peuples.

 

4 – Et l’Afrique dans tout ça ?

L’image des étudiants noirs, empêchés par les soldats ukrainiens de prendre trains et transports en commun pour quitter les zones de combat, traduit bien la volonté des autorités de Kiev de les voir servir de bouclier humain, voire de servir d’appâts pour attirer les soldats russes dans des embuscades. Mis à part un timide communiqué de protestation de l’Union africaine, aucune initiative n’a été prise par le président en exercice de l’Union, le sénégalais Macky Sall, pour convoquer d’urgence un sommet extraordinaire des chefs d’Etats pour débattre des mesures à envisager. Le continent noir ne doit plus se laisser influencer une fois de plus. Elle doit conduire sa propre analyse, dictée par ses propres intérêts.

En effet, si la Russie se détourne de l’Union européenne, c’est l’Afrique qui va subir les pressions maximales pour fournir des matières premières à bas coûts, en particulier l’uranium du Niger. Pour cette raison, le Mali, tout comme la RCA, verra sa stabilité politique menacé d’une manière ou d’une autre, par les Français et par les Russes. En ce qui les concerne, les pays francophones de la zone franc CFA devront sans doute subir une nouvelle dévaluation de leur monnaie, pour permettre à la France de faire face à sa prodigalité financière en faveur de l’Ukraine !

 

4 – L'ONU doit se réformer.

Pour mettre un terme à ces dérives et divagations, la prochaine séquence de cette crise ukrainienne doit se tenir à New-York, au siège des Nations unies.

L'organisation mondiale et ses agences, par leur complaisance et complicité objectives, ont perdu toute crédibilité aux yeux d'un nombre de plus en plus croissant des habitants de la planète. C'est l'ONU qu'il faut réformer, dans ses instances comme dans ses modes d'intervention et ses méthodes de travail.

Ainsi, pour prendre un seul exemple, comment peut-on admettre qu'un pays, comme Cuba, soit vampirisé depuis plus de soixante années, frappé d'embargo économique, financier et technologique imposé par les USA (4) ? C'est le modèle qui va être appliqué à la Russie, sans que l'Assemblée générale des Nations unies n’ait été consultée !

Dans le même temps, on érige des murs en béton et des barrières de barbelés pour interdire les migrations internationales des populations, traçant une ligne de démarcation symbolique entre une « race pure » et des immigrés considérés uniformément et globalement comme « tous des voleurs, des violeurs et des assassins » (5) !

C'est à ce titre que l'Organisation des Nations unies, installées en 1945, est devenue « up to the date » et doit se réformer :

-        le Conseil de sécurité doit être une instance sans veto ; et,

-        l'Assemblée générale devenir une instance démocratique de débat et de vote, dont les relevés de décisions s'imposent au Conseil de sécurité, chargé de les mettre en œuvre et de contrôler les agences, dont le nombre sera réduit.

Cette réforme devient urgente, parce que le droit international sert aussi à faire la guerre (6) !

 

Paris ; le 03 mars 2022

 

Prosper INDO

Économiste,

Consultant international.

 

(1)   – C'est ainsi que l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire peut se permettre de dire « qu'il suffit d'un sandwich et d'une bouteille de coca, pour faire descendre des gens dans la rue et crier des insultes antifrançaises » ! C'est la nouvelle version de l'adage ; « ventre plein, nègre content ».

(2)   - Il suffit pourtant de se rendre dans les églises en France pour se rendre compte qu'ils n'y sont plus.

(3)   - Lire l’article de Solène Cordier, in Le Monde du mardi 29 décembre 2022 : PMA pour toutes : »C’est un moment historique », page 16.

(4)   - L'embargo décrété contre Cuba date de 1959, après la prise du pouvoir par la rébellion du Commandant Fidel Castro. Elle dure toujours, malgré la reconnaissance de Cuba par les États-Unis, à la fin du second mandat du président Barack Obama.

(5)   - Prise de position d’Éric Zemmour, candidat aux élections présidentielles en France, jetant l'anathème sur les populations issues de l'immigration en France. Les mêmes épithètes ont été reprises par le président de la République dominicaine pour justifier la construction d'un mur de 164 km, à la frontière de son pays avec Haïti.

(6)   – Le vote intervenu tard cette nuit à New-York consacre la doctrine de non-alignement portée par les pères fondateurs de l’organisation africaine : mis à part le Tchad, l’ensemble des Etats du continent se sont abstenus ou n’ont pas pris part au vote en faveur de la résolution appelant à condamner l’intervention russe en Ukraine.