Le vrai visage de l'infamie.

 

 

          A la suite du massacre perpétré par les éléments armée du groupe insurrectionnel UPC d'Ali Darrassa, la Conférence épiscopale centrafricaine, réunie le 24 novembre 2018, a émis deux idées fortes :

 

-        elle demande à « l'église famille de Dieu » en Centrafrique de s'abstenir des festivités du 1er décembre 2018, en signe de deuil ;

-        elle décrète spécifiquement le dimanche 2 décembre 2018 comme « journée de lamentation et de prière » en mémoire des victimes, dans tous les diocèses : les quêtes impétrées ce jour là seront destinées aux survivants de ces massacres.

 

Là où n'importe quel citoyen ne voit dans cette décision qu'un signe de compassion et de solidarité en faveur des victimes innocentes d'une abjection, le Premier-ministre centrafricain, cédant une fois encore à son habituelle propension à l'hystérie, a poussé des cris d’orfraie, vouant le Cardinal archevêque de Bangui aux gémonies, l'accusant de porter atteinte à la laïcité et s'inventant lui-même grand prêtre devant l’Éternel !

Monsieur Simplice Sarandji, qui a eu droit à son défilé du 1er Décembre, oublie sans doute trop facilement le temps, pas si lointain, où le président François Bozizé invitait les Centrafricains à la prière lorsqu'ils criaient famine. Il n'a plus la mémoire lorsque le même Bozizé nommait Monseigneur Pomodimo aux fonctions de Médiateur de la République, en lieu et place d'Abel Goumba. Il était alors directeur de cabinet du premier-ministre Faustin Touadéra.

 

Certes, dans sa mansuétude, le gouvernement a déclaré les mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 novembre 2018, jours de deuil national sur toute l'étendue de la RCA, en hommage aux victimes d'Alindao. C'est devenu un réflexe pavlovien chez nos responsables politiques pour cacher leur impuissance :

 

-        le 3 mai 2018, trois jours de deuil national avaient été décrétés en mémoire de l'attentat contre l'église Notre Dame de Fatime à Bangui ;

-        le 13 octobre 2017, à l'initiative du Groupe de travail de la société civile, trois jours de deuil étaient observés à la mémoire de tous les Centrafricains massacrés ;

-        le 7 juillet 2014, le gouvernement de transition de Catherine Samba-Panza décrétait trois jours de deuil à compter du 10 juillet de la même année, en mémoire des 26 morts et 35 blessés dans l'attaque des déplacés installés dans la cathédrale Saint Joseph de Bambari.

 

Notre compatriote Clotaire Surungba a l'art de poser les bonnes questions. En effet, analysant les circonstances des massacres des 60 personnes civiles tuées à Alindao, dont deux prêtres – ce qui porte à 7 le nombre de prélats soumis au martyr au cour de cette seule année 2018 – il s'inquiète des déclarations faites par le Conseiller spécial du Président de la République au cours d'un débat radiophonique. Ce dernier considère qu'Ali Darrassa et ses sbires sont le paravent du régime contre d'éventuelles incursions armées sur Bangui de la part des groupes animés par Noureddine Adam (FPRC) et Abdoulaye Hissène (CNDS-FPRC).

Fidèle Ngouandjika est atteint du complexe de Peter. Plus personne ne s'étonne de ses frasques et déclarations illuminées. Elles s'inscrivent dans la logique du « désarmement concerté » prônée par le mathématicien Touadéra. D'où la présence d'un représentant de l'UPC au sein du cabinet présidentiel.

 

Il faut par ailleurs se rappeler la politique laxiste menée successivement par les président Patassé et Bozizé, qui ont accordé la nationalité centrafricaine à leurs satrapes et hommes de main étrangers, lesquels violent aujourd'hui la constitution de la République et massacrent impunément nos concitoyens.

La RCA pourrait au moins prendre des dispositions simples pour aider les forces de maintien de la paix, sur lesquelles elle n'a pas directement autorité :

 

-        déchoir les rebelles de la nationalité centrafricaine ;

-        rapporter systématiquement tous les décrets et arrêtés les nommant à des fonctions publiques ;

-        instruire le Parquet de la Cour criminelle de Bangui d'ouvrir systématiquement une action en justice contre X pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité ;

-        lancer un mandat d'arrêt international à l'encontre de toute personne faisant l'objet d'une inscription par l'ONU sur la liste des criminels visés  ci-dessus ;

-        etc.

 

Rien de cela n'est fait, pour une raison élémentaire, mon cher Clotaire : les pouvoirs publics centrafricains sont « les complices objectifs » des bourreaux de la Nation.

Ils sont le vrai visage de l'infamie !

 

 

Paris, le 2 décembre 2018

 

Prosper INDO

Économiste,

Consultant international.