Budget 2017 : persévérer dans l'erreur est un crime !

 

La loi de finances 2017 fixe le budget de l'Etat centrafricain à hauteur de 237,23 milliards de francs cfa, pour des ressources prévisionnelles estimées à 203,25 milliards cfa. Le déficit prévisionnel s'établit donc à 33,98 milliards de francs cfa.

 

Ce budget n'est pas sincère. En effet, 80 % des ressources programmées par le ministère du Plan, de l'économie nationale et des relations internationales, sont gagées sur les dons et prêts concessionnels espérés des partenaires financiers internationaux. Autrement dit, le déficit sera supérieur aux prévisions et, plus encore, les objectifs visés ne seront pas atteints, dans quelque domaine que ce soit, si les promesses attendues ne sont pas au rendez-vous.

 

A cet égard, il nous faut faire amende honorable et saluer le courage des 7 députés de l'URCA (Union pour le renouveau du Centrafrique) qui ont refusé de cautionner cette banqueroute financière organisée.

Ils ont eu raison de voter contre cet exercice de pure cavalerie budgétaire, au regard des fonds spéciaux attribués à la Présidence qui augmentent de 766 % ! Cette enveloppe, qui a été abondée à 1,061 milliards de francs cfa contre 150 millions auparavant, échappe totalement au contrôle du Parlement car elle est peut être « consommée » sans justificatifs !

Venant d'un Président de la République qui continue de dispenser des cours à l'université comme un vulgaire vacataire, cette pratique surprend. Elle procède en effet d'un mécanisme de prédation et de captation financière si loin de l'esprit de rupture que laissait espérer le discours d'investiture du chef de l'Etat. Il s'agit en l'occurrence d'un véritable détournement de fonds publics et d'abus de biens sociaux, au bénéfice de quelques seigneurs de guerre et chefs de milices privées, ou de partisans politiques.

On rappelle le précédent inauguré par le chef de l'Etat de transition qui avait usé des mêmes stratagèmes pour justifier les millions évaporés du don angolais !

Persévérer dans la même erreur est un crime.

 

Honte donc aux 130 députés qui ont accordé leur blanc-seing à cette loi de finances, le président de la Commission des finances en tête, à seule fin d'avaliser la hausse de leurs propres indemnités parlementaires. Cette hausse porte à 1.450.000 francs cfa par mois les indemnités et primes servies à chaque député. Dans le même temps, les appointements mensuels du président de la dite assemblée sont surévalués à 7 millions de francs cfa. Ce dernier gagnerait ainsi trois fois plus que le chef de l'Etat. Ceci explique sans doute cela.

L'Assemblée nationale a beau disposer d'un budget autonome, rien ne justifie un tel privilège, sauf la vanité d'un hippopotame transporté comme une bulle légère par le courant des eaux de l'Oubangui.

 

On voit mal les partenaires techniques et financiers de la RCA cautionner ces dérives mafieuses, à un moment où le FMI est au chevet de la sous-région, la Cémac étant malade de la chute des cours des matières premières, pétrole en tête. En face de cette situation, le Tchad par exemple a serré la vis à tous ses services, ministres et parlementaires compris.

Dans un tel contexte, voir le Chef de l’Etat centrafricain joindre sa voix à l'appel du Programme alimentaire mondiale en faveur d'une aide humanitaire de 21,5 millions de dollars, à destination de 2,2 millions de Centrafricains menacés de famine, relève de l'inconscience ou de l'irresponsabilité.

 

En Centrafrique, le peuple souffre, les élites se gargarisent.

 

 

Paris, le 15 janvier 2017