LE CLIN D’ŒIL DE
L’AFRIQUE ?
Les derniers scrutins français
offrent une occasion inespérée pour effectuer un travail comparatif intéressant
sur la longévité des hommes et femmes politiques français et les dictateurs
africains . Qu’est ce qui différencie les uns des autres, à part cette mince
couche de démocratie dont se gargarisent les Français pour mieux se goberger, et
que les Africains ignorent de manière ostentatoire ?
La peur panique de
perdre un pouvoir auquel s’accrochent désespérément les « cumulards » français explique les
cris d’orfraie que l’on entend partout en ce moment et qui se camoufle de
manière démagogique sous la dénonciation de l’inexpérience des candidats de la
République en marche ! et/ou de l’incohérence de confier une majorité
écrasante à un seul parti .
Les « cumulards » ont la mémoire
courte …
1 . Une longévité à toute épreuve
Le candidat victorieux de la
droite aux primaires, Mr François Fillon totalise plus de quarante ans de vie
politique derrière lui, ce qui le place au niveau de feu Bongo au Gabon, de
Sassou-Nguesso au Congo, de Billa au Cameroun ou de Nguéma en Guinée Equatoriale
. On est tenté de dire tel maître, tel élève car dans les pays anglo-saxons,
Clinton, Bush, Obama pour les Etats-Unis ; Major, Blair, Cameron pour le
Royaume-Uni ont quitté le pouvoir et sont allés voir ailleurs . Les pays du sud
( Espagne, Portugal, Italie, Grèce ) ont également beaucoup évolué par rapport à
la nomenklatura française .
Le seul dinosaure
africain qui concurrence les caciques français est le Président Mugabé du
Zimbabwé ! Il est donc trop facile de le railler d’autant plus que Mugabé
était un authentique combattant de l’indépendance qui a mal tourné . Le
dictateur des uns, peut être un héros pour les autres et il est établi que les
bossus ne voient pas leurs bosses . Passons .
Le premier tour des
législatives, fonctionnant comme un véritable rouleau compresseur , a déjà
renvoyé à ses chères études, l’homme qui a insulté tout le continent africain en
soutenant la thèse ridicule, raciste et pour tout dire inepte de « l’homme africain qui n’est pas entré dans
l’histoire » . Mr Guaino,( 4,5% )et son mentor Sarkozy qui avait ânonné
ce discours creux à l’Université Cheikh Anta Diop sont aujourd’hui drôlement
rattrapés, comme par un boomerang (tiens une invention aborigène, noire ) . Le
premier nommé en est à «vomir » ses électeurs .
C’est élégant !
Je suis de ceux qui
considèrent l’auteur de Nations nègres et culture, c’est-à-dire Cheikh
Anta Diop, l’éminent égyptologue, le linguiste distingué, le sociologue émérite,
l’anthropologue novateur, le scientifique visionnaire comme un authentique
savant doublé d’un panafricaniste de premier ordre . Le discours de Sarkozy dans
un théâtre, dans un stade ou pendant un conseil des ministres m’aurait moins
chagriné . La mémoire de Cheikh a été souillée et cela m’est intolérable .
2 . Des cris
d’orfraie
Oubliant allègrement
« la chambre introuvable »
de Louis XVIII en 1815, « la chambre
bleue horizon » de 1919 à 1924 et plus près de nous le plébiscite du
Général De Gaulle après mai 1968, on ne cesse de nous rebattre les oreilles avec
l’écrasante majorité projetée pour le Président français élu . Tout y
passe y compris la mauvaise foi :
-Ce ne serait pas sain
de donner une telle majorité à un seul homme . Ah bon ! et les « godillots » du
Général ?
-Ils sont
inexpérimentés ! Il y a un début à tout . Rares sont les bébés qui se
lèvent du premier coup pour gambader .
-Nul ne peut maîtriser
une telle masse de femmes et d’hommes …
-Il faut une opposition
crédible au parlement…
Ces cris d’orfraie, ces
combats d’arrière-garde masquent mal une lutte à mort pour préserver des
avantages acquis en famille, entre amis ou en bandes . Ils ont pour noms, le
népotisme, le clanisme, le favoritisme, le clientélisme qui sapent et minent ici
comme ailleurs les bases de la démocratie .
Quel mal y a-t-il à introduire 40%
de femmes à l’Assemblée nationale dans le pays des Droits de l’Homme ?
Quel mal y a-t-il à imposer
une parité dans un gouvernement resserré ?
Pour parfaire ce
tableau, il reste au gouvernement Macron la lourde tache de tenir compte de
toute la diversité du peuple français pour relever tous les défis d’une
mondialisation complexe . Tous les augures sont bons : une forte croissance
annoncée, le recul ( mineur ) du chômage, un soutien populaire
…
En 1981, Valéry
Giscard d’Estaing niait farouchement et maladroitement avoir reçu des diamants
de son « cher » parent
Bokassa : il a perdu l’élection présidentielle . Aujourd’hui, l’Afrique
fait un nouveau clin d’œil à Monsieur Guaino qui l’a insultée . Partez en paix,
Mr Guaino, l’Afrique éternelle n’a pas de haine pour vous ni pour votre
ignorance . Vos enfants pourront toujours vous demander comment les Africains (
berceau de l’Humanité de ses livres d’histoire ) ont fait pour coloniser toute
la planète sans « entrer »
dans l’histoire . Je n’aimerais pas être à votre place .
Le 22 juin 2017
David
KOULAYOM-MASSEYO.