Ne laissons pas le climat détruire l’humanité
Le climat, la façon dont il change, les conséquences de ce changement sur toute notre vie, cela concerne la terre entière. L’Afrique comme tous les continents.
Comment agir sur le climat en Afrique ? De cela, on parle bien peu. Et cela concerne pourtant tous les humains où qu’ils vivent.
Les gaz à effet de serre ou GES sont des composants gazeux qui absorbent le rayonnement émis par la surface terrestre. La terre rayonne sa chaleur mais les GES sont opaques à ces rayons. Ils emprisonnent la chaleur qu’elle émet, réchauffent son atmosphère et provoquent la pollution. Ils sont donc les responsables de l’augmentation de la température sur la terre et du changement climatique.
Les GES sont toujours le produit de l’activité humaine
Il sera question ici des deux principaux GES: le dioxyde de carbone (C02), le méthane (CH4). Quelques informations et exemples seront donnés qui ne peuvent, évidemment pas traiter du sujet du climat en Afrique dans sa totalité.
L’Afrique produit des gaz à effet de serre
Le CO2
On estime que le CO2 est responsable de 60% du réchauffement climatique.
Ce gaz est émis d’abord par des activités industrielles et par les transports. En Afrique, il est dû aussi aux éruptions volcaniques, aux incendies de forêt, à la décomposition de plantes
Il faut ne s’être jamais trouvé dans une grande ville africaine au milieu des voitures et d’un très grand nombre de mobylettes et de motos pour ne pas savoir que les transports africains produisent de la pollution qui rend, au moins dans certains quartiers, l’air encombré par des particules fines de CO2.
17% des forêts du monde se trouvent en Afrique. La déforestation, très importante actuellement, produit du CO2. Celle-ci est souvent due à la recherche d’un espace par les grandes sociétés ou par certains Etats qui veulent effectuer des activités minières ou disposer de grands espaces agricoles. Les arbres, dés qu’ils sont en contact avec du CO2, absorbent ce gaz et le stockent. Lorsqu’un arbre est coupé, il rejette tous les gaz qu’il avait absorbés. La déforestation provoque donc de grandes émissions de CO2.
L’Afrique est peu industrialisée. Mais les grandes sociétés souvent multinationales qui s’installent sur le continent produisent des émanations de gaz à effet de serre.
Le méthane
On estime que le méthane est responsable de 30% du réchauffement climatique.
Le méthane est un GES très présent en Afrique. Sa durée de vie est d’environ 10ans. Il met 25 fois plus de temps à s’éliminer de l’atmosphère que le CO2.
Le méthane est produit, par la digestion des animaux, en particulier les vaches, les chevaux, les chameaux. Et par leurs déchets organiques. Il est produit aussi par certaines cultures comme celle du riz.
Les puits abandonnés de gaz de schiste sont des sources de GES, particulièrement de méthane. La production importante de gaz de schiste aux Etats Unis risque d’augmenter beaucoup la production de méthane et d’avoir un effet inquiétant sur le climat.
L’Afrique subit les conséquences du changement climatique
Ces conséquences sont multiples et souvent dramatiques. Quelques exemples.
L’élévation du niveau des mers et océans
Du fait du réchauffement de la température, une partie importante des calottes glaciaires autour des pôles, mais aussi des glaciers qui se trouvent sur toute la terre fondent. La conséquence est une élévation du niveau de l’eau dans tous les océans. Et en Afrique, des petites ïles sont submergées et disparaissent. Beaucoup de gens qui avaient installé leur habitation ou leurs terres cultivables très près de la mer perdent tout avec les conséquences dramatiques de cette situation.
Des explosions
Certains lacs contiennent une grande quantité de CO2 et de méthane. Pour une grande part ces gaz proviennent de déchets dus à l’activité humaine.
Les lacs Nyos et Monoun au Cameroun ont explosé en 84 et 86. 1800 morts. Une grande inquiétude existe au sujet du lac Kivu qui contient 1000 fois plus de méthane et de CO2 que les lacs camerounais et 2 millions d’habitants à proximité du lac. Une explosion du lac Kivu constiturait donc une catastrophe effroyable. Mais les Rwandais ont installé un système qui absorbe peu à peu le méthane du fond du lac et le transforme en énergie.
La sècheresse, l’accès à l’eau
Une augmentation de la température aboutit à un dessèchement du sol. Ce sol devient de moins en moins fertile.
Une augmentation de la température provoque une diminution des pluies, quand ce n’est pas une disparition de l’eau dans les sources. La façon dont les grandes sociétés utilisent l’eau produit le même résultat. Les nappes du sous-sol dans lesquelles beaucoup d’habitants ont toujours cherché leur eau deviennent de plus en plus profondes et de plus en plus inaccessibles. L’eau pour boire et aussi l’eau pour l’agriculture deviennent des denrées rares. Et c’est bien souvent la soif et la faim qui se développent.
Les migrations
Une partie des migrants qui arrive aujourd’hui en Europe a fui un pays dans lequel le changement climatique leur avait fait perdre toute possibilité d’assurer leur survie.
La pollution due à l’exploitation du pétrole
Au Nigéria, Shell produit du pétrole pour l’exportation. Une centaine de torchères brûlent jour et nuit et produisent autant de CO2 que 2 millions de voitures. Le climat est totalement perturbé.
L’air pollué atteint la santé des populations : maladies respiratoires, cancers. Il atteint aussi leurs moyens de subsistance. La teneur en soufre des pluies acides réduit les rendements agricoles.
Comment réagir ?
Peu d’actions sont engagées en Afrique pour éviter la dégradation du climat. Trois exemples dont l’un finit par tourner bien, au moins pour certains et l’autre finit mal.
La protection de la terre au Gabon
Sans consultation de la population, l’Etat gabonais a attribué à la société Olam 300 000 ha de terre pour y faire une plantation d’hévéas. La population va perdre ses activités agricoles. Elle s’est mobilisée contre le projet Olam et a obtenu des milliers de signatures sur une pétition soutenue par l’association Brainforest et Marc Ona Essangui titulaire du prix international de l’environnement, le prix Goldman.
Le chef de cabinet du président de la République a poursuivi Ona Essangui pour avoir cité son nom dans l »implication du dossier Olam. Celui-ci a été condamné à une lourde amende et à 6 mois de prison avec sursis .
Des actions contre Shell au Nigéria
De nombreuses plaintes contre Shell ont été déposées devant la justice contre Shell par diverses ONG ou autres organisations. La plupart sont restées sans réponse
23 mars 2012 Avec le soutien de l’ONG « Les Amis de la Terre », les avocats représentant plus de 11.000 Nigérians ont déposé plainte à Londres contre le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell ...
Face à la pollution colossale produite par Shell, la Cour d’appel de la Haye a été saisie de l’affaire. La juridiction néerlandaise a donné raison, le 18 décembre, à 4 plaignants nigérians. Cette décision devrait faire date.
Il faut travailler sur le sujet du méthane
Pour agir contre les effets du réchauffement climatique, il faut d’abord pouvoir s’appuyer sur des connaissances scientifiques. Des travaux ont été faits par des instances comme le GIEC mais l’on constate que ces travaux, comme d’autres, concernent pour l’essentiel le CO2. Beaucoup dénoncent une omerta sur le méthane. Pour des raisons financières ? pour s’occuper des pays industrialisés plutôt que des pays du Sud ? ou ???. Le mot méthane ne figure pas dans la loi française sur la transition énergétique, il ne figure pas dans le « paquet climat » de la commission de Bruxelles. Il est indispensable que des structures scientifiques et politiques se penchent sur ce sujet.
L’Afrique a besoin d’aide
L’Afrique a aussi besoin d’aide financière et technologique mais ces aides n’auront de vraie efficacité que si les Africains eux-mêmes veulent agir sur le changement climatique.
Chacun de nous peut et doit réagir. Que ce soit dans sa vie personnelle, dans des activités communes avec d’autres ou face aux autorités tant locales que nationales.
C’est tous les hommes ensemble qui sauveront l’humanité. La COP22 aura lieu en décembre sur le continent africain, à Marrakech au Maroc. Préparons-la tous ensemble.
Françoise HOFFET Afrique-EELV [19 mai 2016]