Du pays et des hommes
par
Léon Kidjimalé Grant (11 décembre 2013)
Ce que nous
vivons, « est un long processus de désintégration de l'état
centrafricain , remontant à plusieurs décennies » M. Serge
Michaïloff.
1/Les signes
annonciateurs étaient en
place depuis fort longtemps : non paiement des salaires des fonctionnaires
au milieu des années 70, couplés à un fatalisme d’une grande partie de la
population, admettant l'insupportable jusqu'à en « crever », ceux qui
ont essayé de broncher, ont été arrêtés, officiers, officiers supérieurs, hommes
politiques avertis, dans l'indifférence générale. Les gens avaient peur
préférant se coucher. Le centrafricain perdra ainsi son sens de l'honneur et ne
saurait plus s'insurger, en disant : « Non ! Je ne suis pas
d’accord ». Les biens mal acquis, la promotion de l'opulence
matérielle, la banalisation de la mort, l'indifférence à la souffrance d'autrui,
la volonté de puissance pour dominer, humilier, ou se venger, se réclamer de
quelqu'un de puissant ou de connu pour exister, le déni de la
réalité...
Le dirigeant
qui ignore que l'on ne gouverne point un état et une nation comme un village
ethnique ou un quartier.
2/A mon
avis, il faut
inverser les choses. Les élections présidentielles et législatives devraient
suivre une élection fondamentale : les
municipales. Les Maires doivent être élus. Ce sont eux qui sont
proches du citoyen, capables d'écoute pour faire remonter ses doléances. La
pratique de la démocratie doit se faire à la base. Ensuite, le pays doit avoir
cinq régions avec des autonomies suffisantes de gestion et de décisions, avec à
la tête un Président de région. L'extrême centralisme, ou jacobinisme que nous
avons hérité de la colonisation doit donc être remplacé pour que le pouvoir se
rapproche du citoyen.
Ils ne le
savent toujours pas d'ailleurs. Regardez cette effervescence qui les habite
encore... Si ce n'était pas les horreurs de ces massacres, de ces tueries, leur
désir obsessionnel d'être Khalife après le Khalife, qui semble être le seul
moyen qu'ils ont d'exister ou de se faire connaître et avoir une certaine
importance, l'aurait emporté.
3/Comment
conduire une nation et un pays ? Il faut
avant tout apprendre à se conduire, et beaucoup aimer les autres pour se mettre
à leur service, sans se faire trop d'illusions sur la nature humaine. Voyez
cette coïncidence des évènements : le décès de Nelson Mandela, un grand
homme, puis un homme d'état. Les qualités qu'il a générées puis encouragées chez
ses compatriotes adversaires ou partisans, le monde entier, se retrouve dans son
message, dans sa vie où domine le sens du pardon...
Je parle de coïncidence
car l'annonce de son décès a coïncidé celle du massacre en Centrafrique.
L'Afrique du Sud avait entamé un long processus de renaissance post-apartheid.
La Centrafrique, elle parachève dans l'horreur indicible, un long processus de
désintégration de l’état. L'animalité et la sauvagerie de la Peste, du choléra
ont pris le dessus.
Nous nous
voyons tout nus. C’est notre inconscient collectif qui anime cette rage
autodestructrice. Le centrafricain a perdu toute humanité. La bête qui sommeille
en chacun de nous, veut du sang. C'est œil pour œil, dent pour
dent.
4/Cette
terre, ce pays, n'aurait
vu naître qu'un seul homme digne de ce nom ? Boganda que nous continuons à
pleurer, et dont la plupart attend un clone, reviendra-t-il pour nous
sauver ?
Ou bien,
comme disait Barack Obama, tirant les leçons du message de Nelson
Mandela : « Si nous faisons un effort, tous ensemble, nous
pouvons changer le monde »- notre monde, notre pays, la R.C.A., si
je puis compléter.
5/
Méditons et agissons ces pensées dites
aux obsèques de Nelson Mandela :
« Le
sauvage est l'antidote à notre civilité » Gandhi.
« Si
tu veux faire la paix avec ton ennemi, tu travailles avec lui, il devient alors
ton partenaire » . Mandela.
« Ce
qui faisait la force de Mandela, c’était la réflexion
collective » Andrew
Mlangeni, son compagnon de prison et de lutte.
Et
enfin :
« C'est
le moment de faire une introspection pour savoir si nous avons tiré les leçons
de Nelson Mandela. » Barack
Obama.
Un homme
digne de ce nom est capable de prolonger une pensée créatrice plutôt que
d’attendre un homme providentiel ! Il ya peut-être un jeune Boganda parmi
ces enfants qui meurent, qu’on assassine ou que l'on retrouve tout seuls ,
en pleine rue !
Singuila na siriri na yé kouè.
Léon Kidjimalé Grant (11 décembre 2013)