EVITONS UN BAIN SANG
INUTILE EN CENTRAFRIQUE
La classe politique
centrafricaine est divisée sur le chronogramme des élections imposées par la
communauté internationale à la Centrafrique et la fin de mandat de CSP fin
décembre. Tout laisse à penser que nos élites sont à court d’idées à
proposer une solution de sortie de crise.
A travers les
déclarations des différents acteurs nationaux et internationaux politiques, sur
le chronogramme des élections en Centrafrique, et la fin de mandat de CSP qui
doit se terminer le 30 décembre 2015, trois opinions opposées se dégagent à
l’approche du Sommet Extraordinaire de la CEEAC qui doit se tenir à Libreville
le 25 novembre 2015 sur la Centrafrique pour faire une évaluation sur la
situation sécuritaire avant la ténue improbable des élections imposées par la
Communauté internationale. Il s’agit de :
- Ceux qui souhaitent la Troisième Transition
sans CSP, puisqu’elle a rendu illisible la feuille de route qui lui a été
imposée par la Communauté Internationale et s’est livrée à d’autres activités
qui ne sont pas la sienne. Ainsi, elle n’a pas ramené la paix, condition
exigée pour préparer les élections apaisées, et transparentes. Acculée par la
même Communauté internationale qui estime que CSP n’a pas la volonté d’aller aux
élections dans le délai imparti, après avoir vidé la caisse de l’Etat et
détourné une partie de don octroyée à la Centrafrique, elle veut céder le
pouvoir par consensus à un candidat acquis à sa cause pour garantir ses intérêts
futurs ;
- Ceux qui souhaitent aller aux élections coûte
que coûte, contre vents et marrées, puisqu’ils sont rassurés qu’ils gagneront
les élections avec l’aide de la communauté internationale, une assurance fondée
sur logique de bourrage des urnes. Ceux-ci rejettent tout naturellement
l’idée de la Troisième Transition et demandent un réajustement technique
au mandat de CSP. En clair, une prolongation de la Transition de CSP est
souhaitée par ce courant qui parle de l’extension technique de la période de la
Transition sur la base des opportunités juridiques offertes par la Charte
constitutionnelle de la Transition.
- La
dernière voix hésite entre les deux précédentes. Toutefois, celle-là ne souhaite
pas prendre position et se remet à la Communauté internationale notamment à la
France en demandant une concertation inclusive en constatant l’impossibilité
d’organiser les élections dans le délai imparti. Il faut noter que
plusieurs concertations en ce genre ont lieu et n’ont rien données. Il ne sert à
rien de se concerter avec les personnes de mauvaise foi, ayant leurs petites
idées derrière leur petite tête.
Au vu de ces diverses
prises de position, la Communauté Internationale, à court d’idée, semble
s’orienter vers une prolongation du mandat de CSP, en adéquation avec le
chronogramme des élections, ce que réfute la quasi-totalité de la majeure partie
des acteurs politiques ainsi que certains leaders d’opinion
Centrafricains.
Cependant, il faut
noter que pour le citoyen normal, il n’y aucune différence de légitimité entre
un Président voté suite à une mascarade d’élection organisée par la communauté
internationale ou un Président élu par les partis politiques pour dix-huit mois
dans le sens de la proposition d’une troisième transition. La troisième
transition pose un avantage en ce sens que la Communauté Internationale
resterait dans l’obligation de contribuer voir participer à l’élaboration d’une
stratégie de désarmement des forces non conventionnelles réfutée par CSP. En
effet, si CSP avait la volonté de désarmer, les forces internationales auraient
déjà résolu l’épineux problème de sécurité qui entrave le déroulement d’une
élection libre et transparente.
Certains analystes
politiques parlent de la mise sous tutelle de la République Centrafricaine, or,
aux termes de l’article 78 de la Charte des Nations-Unies, relatif au régime
international de tutelle, un pays devenu Membre des Nations-Unies ne peut être
placé sous la tutelle. La République Centrafricaine est Membre des Nations-Unies
depuis 1960.
Eu égard aux éléments
qui précèdent, il nous paraît opportun de proposer aux acteurs politique
centrafricain de réfléchir sérieusement à une solution équitable, acceptable par
tous, afin d’éviter un bain de sang éminent à travers un coup d’état en
cours.
Afin d’éviter la
monopolisation du pouvoir et l’incapacité de CSP à mener à bien sa mission, il
serait hautement souhaitable de conjuguer les deux positions. Pour cela, une
variante consisterait à associer quatre personnalités politiques de Haut Rang à
la gestion du pays en cas de prolongation du mandat de CSP en conformité au
chronogramme des élections qu’elle a même voulue pour continuer à rester au
pouvoir. Le système proposé serait un DIRECTOIRE composé de cinq têtes de
l’exécutif. Ce régime a existé en France entre 1795 et 1799 sous la Première
République.
Pourquoi ne pas
l’adapter à la situation actuelle en Centrafrique.
La méfiance à l’égard
de CSP nous pousse à prévoir un certain nombre de garde-fou. Car seule, CSP est
vouée à l’échec. Et il existe des suspicions légitimes qui laissent penser que
CSP veut céder le pouvoir au candidat issu de l’AFDT (Alliance des Forces
Démocratiques pour la Transition) acquis à sa cause et celle de nos partenaires
internationaux. Tout centrafricain lambda est au courant de cette manipulation.
Le peuple centrafricain
est fatigué de voir ses dirigeants, parler à leur nom sans être capable
d’apporter une solution concrète à leur problème. Au moins un minimum de
sécurité, afin de leur permettre de vaquer à leurs occupations champêtres,
puisque 90 % de la population centrafricaine vit de l’agriculture de substance.
Cette population à laquelle toute la classe politique se réclame d’elle n’a
nullement au courant de ce qui se passe à Bangui, capitale de la Centrafrique.
Elle a besoin d’être sécurisée.
Nestor Lakwuetene
Missi (22 novembre 2015)