Nous n’avons pas encore fini
d’ergoter sur la cause de la mort de l’État. Tant qu’on n’aura pas compris
beaucoup de choses sur la mort de l’État, jamais nous ne saurions révolutionner
notre esprit. Qui a tué
l’État ?
Au forum, ils ont parlé de
gouvernance comme une des causes cliniquement identifiées ; cependant, ce
qu’ils ont oublié d’évoquer à ce sujet c’est les qualités du caractère de chef.
La gouvernance est une politique, c’est-à-dire une action, un ensemble de
décisions que l’on prend, de choses que l’on fait, de risques que l’on assume
et, le tout avec l’appui du peuple dans une cohérence d’objectifs managériaux
et, ce n’est pas des idées parachutées.
La gouvernance, il faut savoir
le réaliser et il faut avoir des qualités de chef. C’est la qualité du manager
qui fera la différence à ce sujet. L’histoire des peuples comme des entreprises
témoigne de façon irrécusable de l’influence du chef quant au destin d’une
nation. C’est les qualités du chef, sa façon d’être, ou de faire, et sa seule
présence, jouent un rôle considérable sur l’efficacité de ses collaborateurs et
il est différent d’eux parce qu’il sait qu’il est responsable infiniment en cas
d’échec.
Nous avons constaté que les
candidats aux élections sont encore,pour la plupart, ceux là même qui ont échoué
dans la gestion du pays qui parlent de la gouvernance à la télé. Alors qu’ils
ont été Premiers ministres, alors qu’ils ont été Ministres. Ils ont géré l’État
et ils ont échoué. Ils sont les responsables inaltérables de cette crise car la
crise résulte de ce que nous avons atteint le plateau de l’incompétence vitale
dans la gestion de l’État.
Vous êtes étonné de constater
que, malgré cet échec cuisant provenant de leur incompétence, ils veulent
toujours rester plus haut dans l’échelle sociale. En fait ils refusent de
reconnaître leur incompétence vitale, cause de frustration et d’échec
personnel.
L’incompétence n’a rien à voir
avec le diplôme. Ce sont des situations d’échec personnel au travail. C’est le
manque d’autorité sapientiale et personnelle qui empêche une personne d’assurer
correctement les missions d’une fonction donnée.
Ces hommes politiques arrivés
au gouvernement, ils deviennent des bons à rien. Ces hommes politiques irrésolus
qui se passent pour des hommes d’État,et que la servilité congénitale empêche de
gouverner réellement.
En toute vérité, tout le mal de
notre pays vient de l’État et de ses dirigeants ; de son incompétence
chronique liée à des traits culturels caractérisés par une inconscience à toute
épreuve, une naïveté, et des dirigeants qui n’ont aucun sens des principes de
développement, aucune rigueur et ni volonté de puissance. Des dirigeants qui
vivent dans une excessivité conviviale et le refus à tout
conflit.
Un État traditionnel, quand une
remise en cause de ce qui existe est toujours mal vue et comprise comme un défi
aux réalisations passées et leurs auteurs, imprécision des objectifs de
gouvernement, absence de sanctions objectives, le mythe du chef et de ses
courtisans, le trafic d’influence,le népotisme accru, l’omniprésence de la
mentalité communautaire qui entraine des obligations (allégeance, protection,
redistribution)sont des facteurs paralysants.
Un État qui aime les aides et
les dons des autres. Un État fainéant qui aime les fêtes autour du chef de
l’État. Toutes ces caractéristiques font de notre État, un État attardé, nain,
isolé et ignorant de tout concept de modernité. Il s’agit là d’une question
d’état d’esprit qu’il faut révolutionner : penser et agir autrement pour
apporter le changement.
L’échec nutritif de nos
gouvernements a conduit à l’échec destructif des agents de l’Etat et par la
suite à l’effondrement de l’État. Cette crise est la conséquence imparable des
mauvaises gouvernances.
En définitif ces politiciens
irrésolus ont été promus à des postes ministériels pour lesquels ils sont
incompétents. Ils ont été promus Premiers ministres, Ministres, grâce au
népotisme et aux accointances clientélistes et non au défi de fournir à l’État
un service.
Ce qui fait dire Sidney Smith
que, si chacun faisait son métier, les vaches seraient bien gardées. Ceci dit la
main qui sait traire les vaches avec compétence risque d’être malhabile pour
faire les comptes de la ferme.
Aussi Sidney Smith décrit
remarquablement l’incompétence au travail au moyen des images. Cette description
reflète la réalité du travail en RCA et à quoi s’ajoute le fait que le
centrafricain travaille peu et veut gagner beaucoup, est incontestablement la
preuve de l’incompétence. L’incompétent travaille peu et veut toujours gagner
beaucoup. Il se plaint tous les jours, il n’est jamais satisfait, en plus il se
plastronne.
Cette triste réalité, même si
nous en parlons de la gestion de l’État pour la bonne conduite des affaires du
pays, elle est la même dans les entreprises privées. C’est un constat. C’est le
comportement du centrafricain en général que nous
dépeignons.
Selon Sidney, si l’on
représente tous les stades de la vie au moyen des trous dans une table. Des
trous rond, carré, rectangulaire, triangulaire et des personnes occupant ces
stades par des morceaux de bois de formes similaires, nous trouverons
généralement que la personne triangulaire a tenté de pénétrer dans le trou
carré, la rectangulaire dans le triangulaire et la personne carrée a voulu
s’enfoncer dans le trou rond.
Cette réalité de la vie sociale
met en évidence que le salarié ne correspond pas toujours à son poste. Donc de
la difficulté de pénétrer dans le trou qui ne soit pas le trou dédié, explique
la difficulté de ne pas correspondre au poste. Les centrafricains en général,ne
correspondent pas à leur poste de travail et c’est au niveau politique et
administratif que c’est effarant.
Et comme toujours on arrive à
identifier le meurtrier, l’État dans ses derniers soupires a réussi cet exploit
en inscrivant sur le mur du palais de la renaissance de Bangui avec son sang:
l’incompétence m’a tué…
Robert ENZA, Entrepreneur politique.
Source: CENTRAFRIQUE LIBRE le 25 juin 2015