LES
DJIHADISTES SONT DEJA EN RCA : FUYONS !
Dans le flot ininterrompu de l'actualité
centrafricaine de ces dix derniers jours, l'information est passée quasi
inaperçue. Elle date du 13 octobre 2014.
Je vais
ici aborder un sujet dont je ne maîtrise pas tous les aspects. Prière donc de ne
pas m'en tenir rigueur en cas d'insuffisance.
Jusqu'à la moitié des années 90, les succès
industriels en Centrafrique dans le domaine public avaient pour nom :
Petroca et Socatel.
Alors que la 1ère a plus ou moins survécu à sa
privatisation, la seconde n'a connu qu'une descente aux enfers au point d'être
aujourd'hui en quasi cessation d’activité. Le sort de la Socatel vient d'une
part de la gestion patrimoniale intervenue
dès le changement d'octobre 1993
et d'autre part, les choix technologiques inadaptés au monde
post-www.
Ainsi donc, quand j'ai lu cette dépêche de Brian
Rubaduka de www.centrafrique.com, mon sang n'a fait qu'un seul tour
et à mon souvenir, est revenue l'origine de l'affaire qui remonte à l'époque de
la gestion du MLPC et du Président Patassé.
Mais découvrons d'abord l'information : «
Quelle honte! La Toile centrafricaine est contrôlée par Daesh! L'État des
lieux du domaine national, le ".cf" Juste pour gagner quelques sous, Samba-Panza
et Mahamat Kamoun permettent aux violeurs jihadistes de Daesh (le soi-disant
État islamique), alliés des esclavagistes de la Seleka, d'héberger des sites
dans le ".cf".Sur ces sites, on trouve des vidéos qui glorifient l'intolérance,
l'esclavagisme sexuel, et le génocide des minorités et des musulmans
non-terroristes. » (1)
Captures d'écran à l'appui, l'information est indiscutable, les
djihadistes du DAESH, utilisent l'extension .CF réserve au Centrafrique pour
diffuser leurs vidéos et actualités
sur le net. J'ai fait un tour sur le site en question, il existe et
fonctionne.
Sans me faire Porte-parole de Mme Samba Panza et Mr
Kamoun, je puis affirmer qu'ils n'ont rien à voir avec la cession du
suffixe .CF, donc ils ne sont en rien responsables de l'utilisation par le
DAESH de celui-ci comme l'écrit Mr Rubaduka.
La cession du suffixe .CF remonte au début de
l'année 2000. Le MLPC était au pouvoir, Ange Félix
Patassé ; Président, Anicet Georges Dologuélé ; Premier
Ministre, Jean Bruno Vickos ; Ministre des PTT, Dr Augustin
Yamandjia ; DG de la Socatel et Benoît Likiti, le PCA. Le 30
août 2000, le quotidien français Libération publie une enquête autour d'une
mystérieuse affaire de nom de domaine en .CF, autrement dit, celui qui
est consacré au Centrafrique, à l'époque, propriété de la Socatel.
Parole à Édouard Launet de Libération :
« Imaginons. Vous montez une
petite échoppe sur la plage pour y vendre des bouteilles d'eau de mer. On se rue
pour vous les acheter quelques francs. C'est le rêve de l'économiste devenu
réalité : disposer d'une ressource infinie et gratuite, et réussir à l'écouler
contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Au pays de l'Internet, le rêve
n'est pas seulement devenu réalité, il a été poussé un cran plus loin. Un
étrange attelage composé de sociétés centrafricaine, américaine, irlandaise et
hongkongaise (excusez du peu) vient de concocter ce joli projet: vendre des
bouteilles d'eau de mer à un intermédiaire, qui les redistribue ensuite
gratuitement au public après y avoir collé des étiquettes publicitaires. Sauf
qu'il ne s'agit pas ici d'eau de mer, mais d'adresses sur le Web: une autre
ressource infinie et gratuite.
Suffixe mystère Depuis quelques semaines, une
société baptisée Freepseudo offre à chacun, "pour la vie" et "gratuitement", son propre nom de
domaine sur le Net ainsi que les adresses électroniques qui vont avec. Par
exemple www.dupont.fr.cf et jean@dupont.fr.cf, ou bien www.smith.us.cf et
john@smith.us.cf. C'est intéressant: déposer un nom de domaine coûte
habituellement entre 85 et 245 francs par an. Mais qu'est-ce que ce ".cf" accolé
à toutes les adresses? Il s'agit du "suffixe" Internet de la République
centrafricaine (tout comme le ".fr" est celui de la France). Mais pourquoi donc
ce pays accepte-t-il de disperser pour pas un rond les adresses de son
cyberespace national? Réponse: ce n'est pas tout à fait le cas.
"Il y a environ six mois, nous avons concédé à la
société britannique "Browling Réseaux" l'exclusivité de la commercialisation de
nos adresses", admet sans chichis Charles
Banga, directeur des relations internationales de la Socatel. Cette société, qui
est le France Télécom centrafricain, est celle à qui l'Iana (Internet Assigned
Numbers Authority, organisme qui supervise l'adressage de Internet) a délégué la
gestion des domaines en ".cf". La Socatel n'aurait donc fait que transférer son
privilège à "Browling". A quel prix? "Secret commercial", répond Charles Banga, qui concède :
"Ils nous paient par tranche de mille adresses."
Nous n'avons pas pu retrouver la trace d'une société
"Browling", mais Freepseudo, elle, est une entreprise enregistrée à Hong-kong.
Son site Web (www.freepseudo.com) ne donne pas de coordonnées téléphoniques,
mais livre une adresse postale et une boîte électronique. Les messages y restent
sans réponse.
Téléphone muet. Piste plus féconde: la consultation
du registre répertoriant les détenteurs d'adresses en. com. Freepseudo.com
appartient à une société de Dublin (Irlande), répondant au nom de Bowman
Technology Services (BTS). Hélas, le téléphone de l'entreprise est resté
résolument muet pendant deux semaines. Jusqu'à ce que Ray Morell, de BTS,
consente enfin, hier, à nous indiquer que BTS était en fait une filiale du
groupe américain de télécoms MG, et que le service "ouvert en juillet 2000", comptait "plus de 12 000 noms enregistrés à la
mi-août". Hong-kong, Irlande, Etats-Unis: on s'y perd. "Mais Freepseudo ne fait rien d'illégal,
proteste Ray Morell. Et MG est un groupe
honorablement connu, qui travaille avec beaucoup d'opérateurs." Il est vrai
que d'autres nations comme Tuvalu et Tonga (deux archipels du Pacifique) se sont
tournées vers des intermédiaires officiels pour faire fructifier leur
cyberespace (1).
Reste le "Free Registration Agreement" de
Freepseudo, contrat auquel se soumet tout occupant d'une adresse en ".cf". Le
texte réserve quelques surprises. D'abord, la promesse d'un nom de domaine "gratuit" et "pour toute la vie", comme l'annonce la
page d'accueil du site Freepseudo, se révèle infirmée par le contrat.
L'enregistrement de l'adresse n'est gratuit que pour un an. Et en contrepartie,
Freepseudo se réserve le droit de placer des bannières ou des fenêtres de
publicité sur chaque site.
Contrat variable. Enfin, et c'est le plus
surprenant, Freepseudo prévient qu'il peut changer les termes du contrat à tout
moment. Ses clients sont tenus de vérifier "au moins une fois par mois" que les
conditions n'ont pas changé. C'est d'ailleurs chaudement recommandé, vu la
clause qui arrive peu après: l'occupant du cyberespace centrafricain "peut se voir imposer des frais applicables
à des services donnés au tarif appliqué au moment où il le demande". Pour
ceux qui veulent en savoir plus, le site renvoie vers un site qui n'existe pas,
ou plus. A noter que Freepseudo ne signale nulle part que les adresses qu'il
distribue sont celles de la République centrafricaine.
Les habitants de ce pays n'auront pas tout perdu.
S'ils n'ont plus d'adresses dans le cyberespace, le premier d'entre eux, le
président Ange Felix Patassé, conserve sur le Web sa page personnelle. On peut y
lire son discours prononcé pour la nouvelle année 1998. Rien de neuf depuis,
semble-t-il, à part quelques sous gagnés avec de l'eau de mer.
(1) En avril, la société américaine DotTV s'est
engagée à payer 50 millions de dollars à Tuvalu pour l'utilisation de son
suffixe ".tv". »
Ainsi donc en 2000, la RCA via la Socatel cédait à une société tentaculaire, la distribution des noms de domaine avec le suffixe .CF, perdant de fait, son contrôle. Quatorze années après cette cession dont on ne connaît pas à ce jour les retombées exactes pour la Socatel, voilà que les Djihadistes du DAESH, utilisent un site en .CF pour leur communication.
Le 15 août 2000 dans une tribune sangonet sous le
titre « Appel à Monsieur Ministre de
Télécommunications en RCA : "CENTRAFRIQUE INTERNET ET
MAGOUILLE-Freepseudo" », Mr Jean
Pierre Mara, telle une forme de prophétie,
écrivait : « Pour la communauté des internautes
Centrafricains, cette question relève de la souveraineté de notre pays. Il nous
incombe de dénoncer ceux qui exploitent la RCA à leur profit. Ne laissons pas faire
pour que le nom de notre pays soit associé aux sites pédophiles ou Néonazis.
Interpellons le Ministre des
Télécommunications de la République Centrafricaine, Autorité de la Régulation
des Télécommunications pour qu'il saisisse Internic sur l'utilisation du suffixe
.CF Il n'est pas normal que les droits d'utilisation de ce suffixe soient gérés
par des individus, combien riches qu'ils soient , au détriment des institutions
étatiques centrafricains. Nous aimerons un jour lire dg@ENERCA.CF,
secretariat@ONI.CF, protocol@PRESIDENCE.CF, direction@MINISTERE.CF,
acceuil@SOCATEL.CF etc... » (2)
Avec les Djihadistes du DAESH, la prophétie de
Jean-Pierre Mara se réalise, nous y sommes. Comment expliquer que dans la
foultitude des suffixes du web, ces derniers(DAESH&CO) aient choisi celui du
Centrafrique ? Quels liens existent-ils entre les Djihadistes du DAESH et
les Neo-djihadjihadistes de Centrafrique ? Quels sont les mécanismes de
contrôle mis en place par ceux qui ont cédé le suffixe du Centrafrique en avril
2000 ? Qui de la Présidence(Patassé), de la
Primature(Dologuélé), du MPTT(Vickos) et de la
Socatel(Yamandjia et Likiti) a autorisé ce transfert de souveraineté
numérique? Peut-on aujourd'hui reprendre le contrôle du suffixe .CF et à quel
prix?
En Centrafrique, on tue, on découpe à la machette,
certains même mangent de la chair humaine. On pille, on rackette, on viole, on
incendie, on tire à l'AK47 pour régler les différends...en plus de ce sombre
tableau, voilà que les Djihadistes du monde entier, se servent du nom de domaine
réservé à la RCA pour leur macabre campagne, la totale.
Si l'actuelle direction de la Socatel, les autorités
de régulation des télécommunications et le ministère pouvaient y jeter un coup
d’œil, ce serait faire œuvre de salubrité publique.
J'espère qu'il ne sera pas trop
tard.
Clément De
Boutet-M'bamba
2: Appel à Monsieur Ministre de Télécommunications en RCA : "CENTRAFRIQUE INTERNET ET MAGOUILLE-Freepseudo". Jean-Pierre Mara, Sangonet.com, 15 septembre 2000 http://www.sangonet.com/ActualiteC3/InternetCFhypotheq.html#MagouilleFreepseudo