Chronique de
Rodrigue Joseph MAYTE sur la
passivité de la classe politique
par rapport à la crise contemporaine et les attentes de la population
centrafricaine…
Au fur et à mesure que la situation politique centrafricaine devient de
plus en plus alarmante, nombreux sont les analystes qui s’interrogent sur
l’approche politique réelle de certains hommes politiques du pays. A la base, la
position des hommes politiques centrafricains sur l’actuelle crise est totalement
divergente et varie d’un leader à un autre en fonction de l’orientation
idéologique de tout un chacun. Certains hommes politiques soutenaient mordicus
la coalition Seleka comme étant la force idoine pour un changement réel dans le
pays. D’autres ont préféré jouer la carte de la neutralité tout en soutenant
dans l’ombre les nouvelles autorités. D’autres encore ont préféré prendre
position le jour et jouer à la « Nicodemie »la nuit dans l’unique but
de ne pas échapper à la « mangecratie ».
Néanmoins,
tout ce fourmillement de système politique lance de nos jours un réel débat sur
la responsabilité et la prise en compte des attentes de la population par les
hommes politiques centrafricains. De plus en plus des Centrafricains jettent le
pavé dans la mare sur le comportement passéiste et rétrograde des hommes politiques qui émanent de
l’époque coloniale. Nombreux sont ceux qui estiment que les multiples crises à
répétition en Centrafrique sont l’œuvre de cette classe politique qui non
seulement s’arc-boutent au pouvoir mais s’identifient également par la guerre
d’égo, la guerre de positionnement, les crocs-en-jambes au point de rendre l’environnement
sociétal et politique à la dimension d’un véritable panier à crabe. Tellement
que le constat est amère,
Il est indubitable que le passé tumultueux de
Une situation inédite qui alimente la discussion sur la nature réelle de
l’opposition politique en Centrafrique. Est-ce une opposition qui agit au
faciès ? Ou une opposition politique qui met les attentes de la population
au cœur des ses dispositifs ? Une chose est sûre, si l’opposition centrafricaine agit au
faciès, il conviendrait de reconnaître que cela s’explique par son immobilisme
et sa passivité suite à l’impasse excessive que traverse la population en
générale. De ce fait, on pourrait dire : « Ô tempores, ô
mores » qui veut dire en Français usuel « Autres temps, autres
mœurs ». Bien évidemment, l’ancien locataire du palais n’est plus à la tête
de la magistrature suprême et il est certain que les leaders politiques doivent
changer de fusil d’épaule car les défis qui s’imposent au pays sont nombreux et
ils doivent faire preuve d’un peu de lucidité et de sobriété.
Par contre, si l’opposition centrafricaine s’avérait politique, elle
aurait défendu sans vergogne la population en fustigeant les actes de barbarie
et autres méfaits liés au changement brutal. On se demande toujours et encore si
l’atermoiement politique centrafricain trouve son explication dans la mauvaise
gestion d’un régime quelconque ou dans la mentalité de
Certes, à cause des intérêts grégaires égoïstes et
« alimentaristes », il faut admettre que l’opposition politique
d’hier, en dehors du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) qui lutte pour la
conquête effective de la magistrature suprême, semble devenir de nos jours la
majorité présidentielle de l’actuel homme fort de Bangui. Beaucoup de personnes
s’accordent à dire que le changement brutal du régime défunt a sonné le glas de
l’inviolabilité de l’opposition centrafricaine. Les arcanes du pouvoir ont
écarté certains leaders politiques de leurs entités décentralisées au niveau de
la diaspora occidentale, africaine etc.…Plusieurs leaders politiques ont même
lâché sciemment leurs bases pour des intérêts « alimentaristes » alors
que le débat sur les défis réels qui s’imposent au pays continue d’alimenter la
chronique quotidienne. Il est aisé de reconnaitre que l’actuelle transition
peine à prendre une dimension consensuelle en dépit de l’orientation solennelle
des chefs d’états de
Le caractère contextuel hyper sensible de la précarité sociale actuelle
nécessite une transition consensuelle inclusive et axée sur une grande
représentativité des différentes régions centrafricaines. Les arrangements de
bas étage avec à la clé des prédispositions dotées d’une trivialité balourde ne
pourront qu’embraser la transition surtout lorsqu’on sait que des ilots de
résistances s’organisent encore ça et là. Il est fort important que la
transition soit dirigée par une personnalité neutre et qu’une plate forme républicaine soit
organisée le plus rapidement possible chez le Médiateur de la crise à
Brazzaville en vue de définir les feuilles de route pour une sortie de crise
durable en République Centrafricaine. Des bruits de couloirs depuis l’hôtel
Ledger font état d’une éventuelle élaboration de la constitution sous l’auspice
des nouvelles autorités… Peut être qu’on en saura un peu plus dans les jours à
venir.
RJP MAYTE (07
avril 2013)