Plaidoyer pour qu’advienne
la Paix en République
Centrafricaine
par B. MANDEKOUZOU-MONDJO
« Si vis pacem, para bellum »
« Si tu
veux la paix, prépare la guerre. »
Si j’étais
Président de la République je serais par priorité un Chef de guerre.
Dans les
temps que nous vivons la République Centrafricaine est en guerre.
Il faut
donc, pour le moral de la Nation , avec elle et nos alliés, faire la guerre à la
guerre.
C’est par la
guerre que nous gagnerons la paix, la sérénité et les libertés indispensables pour toutes entreprises
de développement économique et d’épanouissement humain.
La
République Centrafricaine est en guerre : et les ennemis de la paix sont
connus.
Les ennemis
de la paix en Centrafrique ?
Ce ne sont
pas les Musulmans.
Je pense ici
aux Musulmans venus d’ailleurs et qu’un long compagnonnage autour d’intérêts
partagés a depuis longtemps intégrés dans la vie centrafricaine.
Ils sont
considérés et se considèrent comme des Centrafricains.
Je pense
aussi aux Centrafricains convertis à l’Islam comme d’autres ont adopté le
christianisme ou choisi de ne croire à rien.
Il serait
absurde de penser que leur engagement religieux leur confère un statut
d’apatrides ou qu’ils en auraient perdu leur nationalité et leurs droits de
citoyens centrafricains.
Les ennemis
de la paix en Centrafrique ?
Ce ne sont
pas tous ceux que, par commodité, on a regroupés dans la nébuleuse appelée
« les Chrétiens », qui auraient décidé d’entrer en résistance contre
des Musulmans pour sauver une identifié et un Patrimoine.
L’état de
guerre pourtant en vient et se nourrit des oppositions rendues de jour en jour
plus irréductibles et plus cruelles entre « Musulmans » et
« Chrétiens ».
Dès lors que
nous affirmons que ni les «Musulmans », ni les « Chrétiens » ne
doivent être considérés comme les ennemis et fossoyeurs de la paix en
Centrafrique : à qui donc attribuer cette guerre implacable et meurtrière
? »
Qui
sont-ils, les vrais ennemis de la Paix en
Centrafrique ?
Il faut en
finir avec la politique de l’autruche.
C’est un
secret de Polichinelle : « Chrétiens » et
« Musulmans » sont manipulés et leur instrumentalisation a revêtu le
bel alibi d’une « guerre des religions ».
Un alibi
bien habile qui a créé la première diversion en envoyant par monts et par vaux,
les spécialistes des religions qui ont repris du service pour aller rappeler à
leurs fidèles, dans un bel élan œcuménique, qu’il n’y a qu’un Dieu ; que
quiconque se recommande de Dieu doit savoir que Dieu est amour et nous commande
de nous aimer comme des frères et les fils d’un même Père..
Un alibi
bien habile qui laisse le champ libre à la curée. Et à la manœuvre la cohorte
des prédateurs sans scrupules et des « seigneurs de guerres ». Le
commerce illicite des pierres précieuses (or et diamant), le braconnage,
l’exploitation frauduleuse du bois alimentant le commerce des armes leur
offriront d’entretenir la guerre et l’état de guerre, de faire régner la terreur
et la loi du plus fort.
La terreur
et les terroristes ont investi la vie politique en terre centrafricaine depuis
le coup d’Etat de la saint Sylvestre avec Jean-Bedel Bokassa. Depuis lors est
apparue et se développe une génération d’hommes et de femmes affichant sans
complexe une soif et un goût immodérés pour le pouvoir et les avantages que le
pouvoir assure. Et, en face et en proportion, c’est une absence totale et
affligeante du sens du devoir et du service de l’Etat.
Ils ont très
vite intégré la violence dans leur stratégie de conquête du
pouvoir.
Ils sont
habiles et manipulateurs.
Ils avancent
dans l’ombre, placent leurs pions et savent attendre leur heure.
Parfois ils
se montrent très pressés et sont amenés à forcer le destin et à accélérer le
tempo. Ce sont dès lors des appétits et soifs vifs et violents qui ne peuvent
plus être comprimés, ni a fortiori contrariés trop longtemps !
La fin,
c’est le pouvoir. Si la guerre, sur le chemin du pouvoir est un moyen sûr et –de
surcroît- le dernier recours pour y accéder, ils sont assez cyniques pour
choisir la guerre.
Et nos
« seigneurs de guerres ». ont choisi la
guerre !
Entre leurs
mains « Sélèkas » et « Anti-Balakas » dans la réalité sont
des hommes liges : des Mercenaires et non moins authentiques tueurs sur
contrats, dont ils se sont offert les services.
Ils sont de
toutes origines ; mais la nationalité étrangère de
certains « Sélèkas », originaires du Soudan, du Darfour, du
Tchad, du Niger ou du Nord-Cameroun… et leur appartenance religieuse majoritaire
à l’Islam ont pu faire diversion et
créer la légende de la guerre de religions : une guerre de résistance de
Centrafricains majoritairement chrétiens contre des envahisseurs musulmans.
Les ennemis
de la paix en Centrafrique ?
Ce sont les
« seigneurs de guerres » et leurs « tueurs de
service » !
Si j’étais
Président de la République je serais par priorité un Chef de guerre et je déclarerais la
guerre à ces hommes et à ces femmes-là : qui hantent les nuits des Centrafricains,
vident nos villes et nos villages de leurs habitants jetés ensuite sur les
routes de l’exil.
Si j’étais
Président de la République, l’exil serait pour ces ennemis de la Nation
centrafricaine et le cauchemar d’une Population qui n’en finit pas d’errer et de
souffrir changerait de camp.
Si j’étais
Président de la République je déclarerais la guerre par priorité… jusqu’à gagner
la paix : qui est le passage obligé pour bâtir une Nation et lui offrir un
avenir heureux.
L’état des
lieux appelle certainement à plus de circonspection pour que cette belle et
généreuse détermination ne soit pas qu’un rêve ou qu’ une simple et vaine
incantation.
Tout est à
faire et il faudrait bien préalablement chercher à doter le Pays des moyens et
chances de succès qu’appelle la politique que
j’annonce !
C’est le
lieu de dénoncer le temps perdu avec une Transition qui n’en finit pas de
mourir. Mme SAMBA-PANZA s’est révélée surprenante de naïveté et/ou
d’incompétence. La Transition avait reçu mission de rétablir une situation
dégradée. Un partenariat doté de grands moyens – ou de tous les moyens nécessaires : dans tous les
cas- a été mis en place pour réussir cette mission. Le cuisant échec de Mme
SAMBA-PANZA, sanction sans appel d’une
mauvaise perception des enjeux et d’une lamentable incohérence dans les
recherches de solutions, est venue contrarier toutes nos attentes.
Quand elle
est arrivée au pouvoir Mme SAMBA-PANZA, comme au théâtre, avait sur la scène des
« Sélèkas » et « Anti-Balakas » prêts à en découdre.
Pouvait-elle ignorer que les théâtres comportent toujours la scène,
l’arrière-scène et surtout des fosses pour les
« souffleurs » ?
L’état de guerre était affiché, mais, apparemment, pas sur l’écran, ni du
côté où pouvait se porter le regard de Mme SAMBA-PANZA. Elle en sera toujours à
les appeler « mes enfants » et s’obstiner à
materner « Sélèkas » et « Anti-Balakas », qui
n’ont eu de cesse de jouer et de sur-jouer la surenchère et ont très vite
déclaré les hostilités.
La
Population est prise en otage. Des villages entiers se vident et des maisons
sont brûlées. Les habitants sont massacrés comme aux pires jours et nuits des
razzias esclavagistes déjà connus
dans nos régions. Car nous vivons un retour de l’histoire des invasions
meurtrières perpétrées autrefois par nos voisins et qui expliquent pour partie
le dépeuplement de l’Oubangui-Chari.
Des camps
souvent dépourvus de confort se multiplient où s’entassent des déplacés de plus
en plus nombreux : en quête d’abris, de nourriture et surtout de
sécurité.
Mais rien de
tout cela ne trouble le sommeil de
Mme SAMBA-PANZA. Elle voit sans voir que le Pays est en guerre. Elle en oublie
surtout que des Forces internationales ont été dépêchées pour l’aider à déclarer
la guerre, pour l’efficacité, à la fois aux « acteurs sur la scène »
et aux « souffleurs dans les fosses ».
Quand ses
nuits, parfois, se font cauchemardeuses parce qu’il y a eu des intrusions
toujours suivies d’échanges de tirs
« à l’arme lourde » entre les deux bastides des Musulmans et
des Chrétiens la Population est chaque fois gratifiée d’un beau et toujours le
même discours accusateur pour dénoncer les « souffleurs » et autres
« tireurs de ficelle », qui, dans l’ombre travaillent à la
déstabiliser. La messe étant dite, elle retournera en hibernation. Et comme le
Prisonnier de Platon, elle se contentera, pour toute information sur la réalité
du Pays, des ombres des choses que réfléchit le soleil extérieur dans le fond de sa caverne.
Elle
apprécie « la vie immobile » et semble former des vœux pour qu’elle
dure !
Il ne
déplaît point à la chrysalide de rester au chaud ; elle n’est pas pressée
de devenir Papillon et d’aller voir d’où peut venir le vent ni, surtout, où il
peut conduire !
Si j’étais
Président de la République,
Je serais
par priorité un Chef de guerre
et je ferais
la guerre aux ennemis de la paix en Centrafrique.
Mais je
tiens à préciser que, à l’heure où il semble que Mme SAMBA-PANZA va enfin se
retirer (1), cette noble et
excitante ambition est et demeurera mon appel pour demain : un clin
d’œil que je m’autorise en direction des candidats qui aspirent à prendre la
relève.
Faire de la
politique en Centrafrique peut et doit conduire à reproduire des schémas que
nous retrouvons partout et chaque fois qu’on s’avise de prendre en charge la vie
de la Cité et de chercher à y assurer le bien-être et la félicité pour les
hommes qui y vivent.
La poursuite
des Objectifs du Millénaire (2) en offre un
canevas classique :
Ø
Combattre
l’extrême pauvreté et la faim
Ø
Rendre
l’enseignement primaire accessible à tous
Ø
Promouvoir
l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes
Ø
Réduire de
2/3 la mortalité des enfants de moins de 5 ans
Ø
Améliorer de
¾ la santé maternelle
Ø
Combattre le
VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies
Ø
Assurer un
environnement durable
Ø
Mettre en
place un partenariat mondial pour le développement…
Je n’ai pas
le moindre doute que ce canevas n’ait pu inspirer plus d’un programme ou projet
de société de nos candidats aux Présidentielles.
Il est classique, mais il reste général et,
partant, théorique.
Il est
d’application malaisée pour le cas centrafricain où l’efficacité de l’entreprise
a et aura à compter avec des obstacles de tous genres, dont l’état de
guerre, -qui a chassé de nos paysages la paix et la sécurité-, n’est pas le
moindre.
Par ce clin
d’œil à nos Candidats je veux partager avec nos Présidents de la République de
demain cette conviction :
La
République Centrafricaine est un Pays de Paix : on y a installé la guerre
et, pour longtemps, l’état de guerre. Sans la Paix nous ne pourrons jamais
garantir de transmettre ni à nos enfants, ni à nos petits-enfants, ni aux
générations futures, le pays uni et le berceau de Bantous : hommes dignes,
respectables et respectés du rêve de Boganda.
Il n’est pas
trop tard.
Mme
SAMBA-PANZA aux affaires a oublié de rappeler aux forces internationales
intervenues en Centrafrique les exigences de leur mission :
Ø
vider les
poches de désordre
Ø
restaurer la
sécurité, la libre circulation des personnes et des biens
Ø
ramener la
paix
C’est parce
que la « paix » est la condition sine qua non de notre réussite future
que je maintiens que le prochain Président de la République ne devra pas se
refuser à déclarer la guerre aux ennemis et fossoyeurs de la
paix…
Avec tous
nos partenaires,
Mais aussi
et surtout avec toutes les forces de défense de notre Pays.
Et ici,
s’agissant de nos forces nationales de défense, doivent être réputées comme des
projets prioritaires les actions du Président de la République pour la
structuration et/ou la restructuration de nos forces de défense afin que le Pays
par lui-même et par ses propres Enfants garantisse la paix sur tout le
territoire et la sécurité dans nos frontières.
Nos
partenaires ont pris des engagements :
La Minusca
et Sangaris, de procéder aux désarmements de toutes les
milices.
La cour
Pénale Internationale (CPI), de faire la guerre contre l’impunité et de lancer
les enquêtes requises pour traquer tous ceux qui se seraient rendus coupables de
crimes de guerre et/ou de crimes contre l’humanité….
Il nous appartient de le leur rappeler le
cas échéant.
Soyons
vigilants pour nous éviter des regrets.
Nous ne
pourrions que nous en prendre à nous-mêmes si au terme des missions venues
prêter main forte nous découvrions trop tard qu’il y a eu des programmes oubliés.
Il n’est pas
trop tard.
Sortons de
nos chapelles et de toutes les idéologies et logorrhées futiles et
stériles.
Pour l’amour
de notre Pays cherchons le chemin de la concertation la plus large et de la
convergence des
esprits…
J’ai foi que
de cette manière nous trouverons le bon projet politique qui ramènera, avec la confiance dans l’avenir, l’espérance
en Centrafrique.
B.
MANDEKOUZOU-MONDJO
30 Novembre
2015
1. Un
nouveau report est annoncé, qui repousse du 31 décembre 2015 au 31 mars 2016 la
fin de la Transition. Sans commentaire. Je reste fidèle à ce que j’avais déjà
écrit le 20 janvier 2015 quand on eut annoncé le premier report de mars à août
2015 : «
Ce que Mme Samba-Panza n’a pas fait dans le temps imparti, elle ne le
fera pas non plus au bout des mois et années complémentaires ou supplémentaires
qui lui seraient octroyés » (L’honneur perdu de CSP. par B. MANDEKOUZOU-MONDJO in
Tribunes de Sangonet, 20 janvier 2015.)
2. Lire
« Un Centrafrique à l’encan » par B.MANDEKOUZOU-MONDJO publié dans les
Tribunes de Sangonet : 06/10/2014