Projet
de création des CGA au Gabon
Intervention
du Cabinet Intecogest-Ficadex
Mission
Préparatoire - Rencontre du 24 Mars 2014
Procès-verbal
L’an 2014, le 24 mars, s’est tenue une réunion présidée
par le Directeur Général Adjoint Yannick MOKANDA, dans la salle de réunions de
l’Inspection des Services, ayant trait à l’intervention du Cabinet Intercogest
dans le processus de Mise en place des Centres de Gestion Agréés (CGA) au
Gabon.
Il s’agissait du démarrage de la mission préparatoire de
ladite intervention.
Etaient présents :
-
Pour la
DGI :
o
Mesdames
§
Odette NDAMBO,
Chargé d’études du Directeur Général,
§
Rachel ONNAS,
Directeur de la Centralisation, de la Statistique et des
Emissions,
§
NGOUBILI, Chef
du Service Gestion au CIPEP Nord
(Mont-Bouët) ;
o
Messieurs
§
Yannick
MOKANDA, Directeur Général Adjoint,
§
Martin
ESSANGUI, Inspecteur des Services,
§
Sylvain NDONG
MEZUI, Inspecteur des Services Adjoint,
§
Calixte NDJIBA,
Chef du CIME (Owendo),
§
Raphael DZO
Fils, Chef IFU à la DGE,
§
Michel NKOGHE,
Chef du Service de l’Informatisation ;
-
Pour le Cabinet
Intercogest
o
Messieurs
§
Bertrand KEMBA,
Expert-comptable, Chef de Mission,
§
Ramanou
BADAROU, Expert-comptable, Spécialiste des marchés
africains.
Ouvrant la séance, le Directeur Général Adjoint a situé
le cadre de la rencontre.
Pour lui, la création des CGA participe de
l’élargissement de l’assiette de l’impôt.
Le travail entamé l’année dernière a consisté à définir
la forme juridique, l’organisation et les projets de textes relatifs à la mise
en place des CGA au Gabon.
La rencontre avec M. KEMBA, riche en enseignements de
par sa vision originale du problème au regard des modèles français et ivoirien a
amené la DGI à lui demander une proposition d’assistance.
Suivant l’approche de M. KEMBA, il y a des erreurs à
éviter par rapport au vécu africain de l’expérience de création des
CGA.
Nous avons donc élaboré des termes de référence (TDR) à
l’adresse de M. KEMBA qui nous a retourné une proposition
contenant
-
une
méthodologie
-
un
phasage.
Instructions ont été données à Mme NDAMBO pour des
échanges avec M. KEMBA sur les points de détails.
La mission actuelle se situe dans le prolongement
desdits échanges.
S’y est ajouté M. BADAROU afin qu’il nous partage
l’expérience béninoise et ses conseils sur les erreurs à éviter compte tenu des
réalités et du contexte économique africains.
Ailleurs, il s’est agi uniquement d’accorder des
avantages fiscaux aux adhérents. Ici, il sera question d’amener les opérateurs
de l’informel à rejoindre le secteur formel.
Nos objectifs (DGI) visent l’optimisation des
recettes fiscales à travers
-
l’élargissement
de l’assiette fiscale
-
l’amélioration
du rendement de l’impôt.
Selon le Directeur Général Adjoint, la séance en cours
avait pour but d’entrer dans le vif du sujet en abordant
-
les aspects
concrets
-
le chronogramme
de travail
-
le business
plan
-
etc.
Il a enfin annoncé la tenue de deux (2) rencontres pour
le lendemain 25 mars 2014 :
-
la première
avec la Chambre de Commerce (matinée)
-
la seconde avec
les Experts comptables (après-midi).
Prenant la parole, M. KEMBA a souligné l’originalité du
travail en cours car celui-ci n’avait aucun antécédent.
Selon lui, le modèle français, inadapté à nos contextes,
a systématiquement connu des échecs là où il a été
appliqué.
Il a rappelé que la DGI avait demandé une information
sur les fortunes connues par divers modèles et que lui personnellement avait
trouvé utile d’y ajouter le modèle tunisien.
La problématique se décline en termes de
critères :
-
l’informel,
omniprésent partout en Afrique, est à
formaliser ;
-
s’y adjoint la
question du financement ;
-
la démarche
proposée consiste en des commissions de réflexion sur différents aspects
fondamentaux (forme juridique, etc.) ;
-
la philosophie
d’approche consiste à convaincre les
partenaires ;
-
les
coûts :
o
les aspects
inhérents à la formation pourraient contribuer à la réduction des coûts à
travers des stages d’étudiants encadrés par des référents du
CGA ;
o
le crédit
bancaire pourrait être garanti par l’assurance du suivi du dossier par le
CGA.
Le Directeur Général Adjoint s’étant retiré, les débats
se sont poursuivis sous la présidence de l’Inspecteur des
Services.
Celui-ci, rappelant que le but de la rencontre
consistait à discuter les propositions des experts, leur a redonné la
parole.
M. BADAROU, initiant son intervention, a rappelé que
notre collaboration tenait à la nécessité impérieuse de s’assurer le succès en
évitant les erreurs évoquées plus haut.
Selon lui, nous devons tirer profit des expériences
infructueuses connues par ailleurs, notamment en UEMOA (Bénin, Côte-d’Ivoire,
Mali, etc.).
Il s’agit précisément des choix portant
sur
-
la forme
juridique
-
l’organisation
-
les
missions
-
les avantages
accordés aux adhérents
-
les avantages
accordés aux partenaires.
Sur ce dernier point, il a indiqué que le succès du CGA
est tributaire, entre autres, de l’intéressement des partenaires qui, sinon,
risquent de ne pas nous accompagner.
S’agissant de la forme juridique, l’historique en UEMOA
part des instructions données en 1997 aux pays membres, relativement à la mise
en place des CGA avec les mêmes objectifs que ceux déclinés dans nos TDR ;
à savoir : l’élargissement de l’assiette fiscale et la lutte contre le
secteur informel.
Le Bénin a entamé le processus en 2001. La forme
juridique choisie était l’Association (Loi 1901), également adoptée par tous les
autres pays à l’exception de la Côte-d’Ivoire qui avait opté pour la forme
sociétale
Les limites de l’association tiennent à la modestie et
la faiblesse de ses ressources, constituées
essentiellement
-
des cotisations
des adhérents,
-
des frais
d’adhésion,
-
et des
subventions, ce dernier aspect étant hypothétique car l’Etat subventionne plutôt
l’investissement et le bâtiment et rarement le
fonctionnement.
Dans chaque pays ont été créés
-
des comités
dont l’Administration fiscale constituait un élément
important
-
des
textes :
o
statuts
o
règlement
intérieur.
Au Bénin, les textes étaient conçus au profit du
Directeur du CGA.
La sensibilisation qui est d’une importance capitale
(car il s’agit de convaincre et d’intéresser toutes les parties prenantes) avait
été négligée.
Quant aux missions du CGA, il faut être précis dans leur
définition. Elles peuvent par exemple être fixées en fonction des avantages
concédés aux partenaires.
En sus des missions classiques d’un CGA, il faut en
créer d’autres en vue de satisfaire certains
partenaires :
-
l’accompagnement dans le financement est un point
important déjà souligné par M. KEMBA ;
-
en effet, les
banques sont des partenaires importants, à même de générer des ressources pour
le CGA ;
-
la recherche
des sources de financement est une mission mal ou pas du tout
définie ;
-
il en est de
même du conseil en gestion dont une illustration a été donnée à travers le cas
d’une entreprise agrandie à quatre (4) unités d’exploitation mais dont le
résultat réel est induit par une seule d’entre elles. Cette mission s’avérerait
bénéfique pour l’adhérent
Pour ce qui est des avantages accordés aux adhérents,
ceux-ci se limitaient aux seuls allègements d’impôts à hauteur de 40 à
50% ; ce qui s’est révélé inopérant car les opérateurs ciblés ne payaient
aucun impôt au départ.
M. KEMBA a renchéri sur ce point en faisant état de
l’exonération de cinq (5) ans pratiquée envers les nouvelles entreprises alors
que souvent aucun bénéfice n’était réalisé par celles-ci.
Poursuivant son propos, M. KEMBA a souligné que,
concernant le statut juridique et l’organisation du CGA
-
le CGA n’est
pas un cabinet comptable ;
-
la création via
l’attribution d’un agrément a instauré une certaine
inorganisation.
D’où, selon lui, l’idée
-
d’un organe
fédérateur au niveau de la sous-région
-
d’une
structuration en départements gérant chacun un secteur
d’activité
-
d’un CGA pilote
appréhendant principalement les secteurs difficiles à gérer, ces derniers devant
servir de secteurs pilotes
-
de critères
incitatifs et obligatoires
devant cibler les entreprises au chiffre d’affaires important mais
demeurant dans l’informel
-
d’une sélection
à opérer selon le nombre de dossiers, leur insuffisance pouvant conduire à un
une responsabilisation en dessous du niveau de l’expertise comptable sans
dévaloriser le travail qui devrait demeurer correct et
orthodoxe
M. BADAROU, reprenant la parole, a insisté sur le
caractère insuffisant des avantages fiscaux, avant de revenir sur les avantages
aux partenaires dont rien n’avait été conçu ou mis en œuvre en
UEMOA.
Il a indiqué le bénéfice des banques en termes
d’élargissement de leur portefeuille clientèle, tout en attirant l’attention sur
les autres partenaires incontournables que sont la Chambre de Commerce et les
Experts comptables.
Aussi a-t-il mis en évidence la nécessité d’une plénière
suivie de travaux en ateliers avec la participation de tous les partenaires qui
devront imaginer des solutions aux thèmes en discussion, des inspecteurs des
impôts jouant le rôle de rapporteurs.
D’où l’importance de convaincre la Chambre de Commerce
de faire route avec la DGI dans le processus. En effet, la DGI peut bloquer
l’action de la Chambre de Commerce, tandis que celle-ci aura besoin de
statistiques en provenance du CGA et à mettre à la disposition des
investisseurs.
Abondant dans le même sens, M. KEMBA, lui, a démontré
que la multiplicité des CGA était vouée à l’échec et qu’il fallait plutôt un CGA
unique avec en son sein des départements dont l’éventuelle subdivision en
sous-départements donnerait lieu à la production de statistiques distinctes par
secteur et par activité, à l’instar de la structuration actuelle de la DGE et
des CIME à travers les IFU dédiés aux secteurs d’activité.
Le Chef du CIME a décrit ladite structuration en mettant
en évidence les regroupements opérés de plusieurs secteurs d’activité, à
l’exemple du CIME :
-
BTP et Génie
civil
-
Commerce et
Négoce
-
Industrie et
Forêts
-
Professions
libérales
-
Prestations de
services.
Il a indiqué que ce principe devait aussi s’appliquer
aux CIPEP mais, le nombre d’activités étant plutôt réduit, cela n’était guère
pertinent ; d’où le besoin de procéder au regroupement de toutes les
activités exercées dans le même périmètre géographique.
Le Chargé d’Etudes a alors souligné la nécessité
d’inclure les moyennes entreprises car la plupart de celles-ci ont des problèmes
de gestion comptable.
Selon le Chef du CIME, à cette défaillance s’ajoute
l’incivisme fiscal qui induit le besoin d’accompagnement de ces opérateurs,
incivisme illustré par
-
l’absence ou le
retard de déclaration
-
la fausse
déclaration intentionnelle ou non, donc la mauvaise
information.
Abordant la question logistique d’hébergement du CGA, M.
KEMBA dit l’importance de la mutualisation du fonctionnement du CGA à travers la
mise à disposition d’un bâtiment abritant par exemple un centre de formation
payant.
S’en est suivie une discussion sur l’éligibilité des
entreprises au regard des critères incitatifs et obligatoires. Plusieurs y
répondent et l’on devrait s’intéresser à celles soumises
-
au Régime de
base (chiffre d’affaires annuel inférieur à 20 millions) –
RB
-
au Régime
simplifié (chiffre d’affaires annuel entre 20 millions et 60 millions) –
RSI.
Concernant la collaboration des experts comptables, M.
KEMBA a indiqué que la discussion du lendemain avec eux devrait permettre de
fixer leur intéressement et leur contribution. A titre d’exemple, on
pourrait
-
alléger ou
exonérer de l’IRPP les experts comptables en tant
qu’individus
-
définir des
horaires dédiés à la gestion du CGA par les experts comptables, à l’instar des
permanences effectuées par les cabinets d’avocats auprès du Tribunal pendant les
jours non ouvrés.
Le Chargé d’Etudes a estimé que les experts comptables
sans cabinet devraient être attirés.
Pour M. KEMBA, des critères de maintien devraient être
définis pour les adhérents, ceux-ci étant amenés à suivre leur comptable à la
sortie du CGA.
Le Chef du CIME a, quant à lui, attiré l’attention sur
l’effort d’assainissement actuel du paysage qui compte de nombreux comptables
non certifiés auxquels s’adressent nombre d’opérateurs. La solution définitive
en a été proposée par le Chargé d’Etudes, consistant pour la DGI à ne valider
que les documents signés par un expert-comptable agréé ou le
CGA.
M. KEMBA a souligné la prééminence de l’Ordre des
Experts comptables qui devrait accréditer toute personne exerçant ce
métier.
Puis il a décliné sa proposition d’ateliers thématiques
dans leur intitulé et leur composition respective, selon le tableau
ci-après :
N° |
Intitulé |
Composition |
1 |
Statut
juridique et Cadre légal & réglementaire |
Experts comptables
(Ordre) |
DLC d la
DGI | ||
Chambre de
Commerce | ||
Patronat des
PME | ||
2 |
Financement |
Banques
(APEC) |
Microfinance | ||
BEAC | ||
Ministère des
PME | ||
Ministère du Travail
et de l’Emploi | ||
DGI | ||
3 |
(Secteurs
d’)Activités pilotes |
Syndicats de
commerçants |
Chambre de
Commerce | ||
Ministère de
l’Agriculture | ||
Experts comptables
(Ordre) | ||
4 |
Formation
professionnelle |
Ministère de la
Formation Professionnelle |
Ministère de
l’Enseignement Supérieur | ||
Experts comptables
(Ordre) | ||
5 |
Rapports
avec les pouvoirs publics et les autres tiers |
DGI |
Chambre de
Commerce | ||
6 |
Missions
du CGA |
Experts comptables
(Ordre) |
DGI | ||
Chambre de
Commerce |
Les experts ayant insisté sur le caractère impérieux de
la collaboration avec la Chambre de Commerce, un débat sur la question a fait
ressortir des aspects importants :
-
il faut
convaincre les partenaires dans l’intérêt des
adhérents ;
-
il faut combler
l’absence d’instruction ministérielle qui conduit à l’anarchie responsable de la
situation actuelle
o
en UEMOA,
l’instruction a été donnée au niveau communautaire,
o
ici, il s’agit
d’un simple point figurant dans le plan d’action triennal de la
DGI,
o
puisque la
CEMAC envisage maintenant une action dans le sens de la mise en place des CGA,
le Gabon peut servir de contexte pilote, d’où sortiraient des textes pouvant
être adoptés par la CEMAC ;
-
il faut
envisager et proposer lors de la rencontre du lendemain avec leur délégation,
l’organisation
o
de séances
d’harmonisation des deux (2) approches,
o
d’une rencontre
au sommet Président de la Chambre de Commerce / Directeur Général des
Impôts ;
-
il faut aborder
avec eux leurs relations avec les différents corps de
métiers.
C’est sur ce dernier point que, l’ordre du jour étant
épuisé, la séance a été levée par l’Inspecteur des Services, M.
ESSANGUI.
Fait à Libreville, le 31 mars
2014,
Michel NKOGHE NDOUTOUME,
Rapporteur