Points de vue de la DIAMESCA sur les élections en Centrafrique
D’aucun serait étonné de ne pas nous voir prendre position sur l’aboutissement logique de la transition à savoir l’organisation des élections législatives et présidentielles en Centrafrique.
Il est vrai que nous n’avons pas souhaité de manière volontaire nous immiscer dans le processus électoral du 1er tour en ce qui concerne les présidentielles. Vu le nombre de candidats une trentaine, il n’est pas possible de disséquer leurs programmes en si peu de temps et donner notre point de vue surtout que certains ne les ont pas publiés.
En outre il n’aurait pas été sage de notre part de soutenir tel ou tel programme donnant l’impression de prendre parti dans le débat électoral, ce que à quoi nous nous sommes abstenus jusqu’à maintenant.
Après les âpres « batailles » pour arriver au second tour des présidentielles, nous pensons qu’en tant qu’observateur neutre des enjeux politiques du pays, nous nous devons de donner notre avis sur la suite du processus électoral surtout maintenant que le verdict est donné désignant les candidats retenus pour le second tour.
Nous leurs adressons à cet effet à la fois un message et des recommandations quant à leurs projets de société qu’attend le peuple pour fonder son jugement.
Bilan du 1er tour.
Le nombre pléthorique des candidats n’a pas permis d’avoir une lisibilité claire dans leurs programmes respectifs pour ce premier tour.
Cependant bien qu’éliminés au premier tour, certains candidats ont développé des programmes qui peuvent être pris en compte dans les jeux d’alliance au second tour et même au-delà par celui qui arrivera au pouvoir dans l’intérêt national.
Vu les nombreux problèmes que nous avons connus et qui sont à l’origine des crises récurrentes que nous avons traversées, le pays doit être géré autrement en dépassant les clivages quels qu’ils soient (ethniques, religieux politiques etc.) afin d’associer toutes les compétences possibles à sa gestion.
On peut logiquement penser que le gouvernement à venir s’appuiera sur la feuille de route élaborée par le gouvernement de transition à l’occasion des deux forums (politique en mai 2015 et économique en septembre) pour gérer le pays dans le respect de la nouvelle constitution qui vient d’être adoptée en tenant compte bien sûr du projet de société qui a valu au Président d’être élu.
Il est utile néanmoins de reprendre à l’attention des candidats qui seront qualifiés pour le second tour, les thèmes préconisés à travers les quatre piliers de la feuille de route de la transition et qui n’ont pas été assez développés lors de la campagne du 1er tour.
Les thèmes de campagne du second tour
Nous souhaitons qu’il soit explicité d’avantage les thèmes des quatre piliers de la feuille de route de la transition par les équipes de campagnes des deux candidats en lice pour le second tour afin d’avoir l’adhésion du peuple au programme de l’un ou l’autre pour obtenir son suffrage.
La feuille de route de la transition s’articulait autour de quatre piliers que sont :
1- Politique et gouvernance
2- Restauration de la sécurité et consolidation de la paix
3- L’assistance humanitaire
4- Relance économique
Tout en inoculant leurs propres programmes dans le projet de société à développer pour le second tour, les équipes de campagne doivent développer ces thèmes non en termes de généralité mais en étant plus précis quant à leurs projets de gouvernement à travers les moyens de mise en œuvre des projets suivant les priorités.
De toutes les façons, le gouvernement sera jugé par sa volonté politique de réalisation des objectifs fixés. La communauté internationale qui a tant aidé le pays à se stabiliser, ne sera pas insensible à l’appel de pieds du gouvernement quand les moyens feront défaut pour atteindre les objectifs fixés par la feuille de route de la transition et approuvés par la communauté internationale.
Ainsi les thèmes à développer en plus des programmes propres aux candidats concernent :
1) La sécurité
Aucun programme de gouvernement ne peut être viable sans garantie de sécurité à la base sur tout le territoire.
L’apport indéniable de la communauté internationale a permis de retrouver la paix et aller aux élections. Il reste cependant à consolider cette paix fragile tant que les armes sont encore disséminées un peu partout dans le pays.
La venue du pape a eu un effet catalyseur dans la réconciliation et amener les uns et les autres à se parler sincèrement. Il faudrait donc transformer l’essai en une paix durable et définitive pour que s’engagent d’autres batailles non moindres à savoir la lutte contre la pauvreté grâce par la création d’emplois pour le grand nombre de la population.
La sécurité dans tout le pays suppose que la population peut circuler librement partout où bon lui semble sans risque d’être attaquée et spoliée de ses biens et surtout perdre la vie.
Quel acte posera le candidat une fois élu pour atteindre cet objectif ?
2) La réconciliation
Elle ne doit pas être un vain mot lors des campagnes électorales mais doit se traduire dans les actes du futur Gouvernement.
Pendant plus de trois décennies après les indépendances, la Centrafrique est le seul pays en Afrique centrale à ne pas connaître de conflit armé, de guerre civile.
Cette paix durable était caractérisée par le brassage des populations à travers les mariages, le choix d’un lieu de résidence dans une région du pays ou un quartier dans une ville quelconque sans privilégier la connotation ethnique, le soutien ou la participation à des clubs sportifs et culturels sans esprit de communautarisme etc. le tout cimenté par la langue nationale le sango parlée sur l’ensemble du territoire cas rare en Afrique.
La réconciliation même si elle est difficile à mettre en œuvre aujourd’hui pour retrouver les fondamentaux d’antan n’est pas impossible surtout pour un peuple condamné à vivre ensemble.
Le gouvernement peut poser des actes qui amènent une véritable réconciliation à travers sa gestion du pays en évitant les situations créées par les régimes précédents caractérisées par l’exclusion, le clientélisme, le tribalisme etc.
Quel acte posera le candidat une fois élu pour atteindre cet objectif ?
3) la bonne gouvernance.
C’est le véritable talon d’Achille du régime à venir. Y’a-t-il des critères pour définir la bonne gouvernance ?
A notre avis son application relève des critères à la fois objectifs et subjectifs.
Au niveau des critères objectifs, il y’a lieu de ne pas suivre les exemples des régimes précédents qui ont été à la source des crises du pays. Ainsi le prochain gouvernement doit garantir :
- Le respect de la constitution
- La liberté de la presse
- L’indépendance de la justice
- Le statut de l’opposition
- La transparence dans l’attribution des marchés publics,
- La mise en place d’une politique de décentralisation dotée des réels pouvoirs aux élus des régions,
- L’association de toutes les compétences nécessaires à la gestion du pays en dépit des clivages ethniques, religieux, politiques etc.
Les critères subjectifs découlent parfois de l’appréciation de l’opposition des actes du gouvernement dans un jeu politique pour sa conquête du pouvoir.
Dans un contexte ou la paix retrouvée implique une cohésion sociale, l’opposition tout en jouant le rôle que lui confère la constitution se doit d’éviter de poser des actes qui à la longue peuvent servir de catalyseur à une crise profonde. La démocratie étant en marche, la bonne gouvernance appliquée, l’alternance doit se faire à travers les urnes.
Quel acte posera le candidat une fois élu pour atteindre cet objectif ?
4) La relance de l’économie
Le forum de septembre dernier a jeté les bases pour une rapide prise en mains du secteur de l’économie à travers les grappes de croissance que sont :
- L’agriculture
- La forêt
- Les mines
Auxquelles s’ajoute le climat des affaires un atelier transversal développant les conditions d’investissements dans le pays et les mécanismes associés.
De manière volontaire peut être; d’autres secteurs ou priorités du pays n’ont pas été abordés lors de ce forum laissant le soin aux candidats de les développer dans leurs projets de société. Cela concerne :
- L’éducation
- La santé
- Le tourisme
- L’aménagement du territoire
- Les infrastructures etc.
Ces thèmes avaient déjà fait l’objet de développement au cours du forum politique de mai 2015. Les candidats peuvent les analyser à travers les résolutions dédiées au comité de suivi pour s’imprégner du calendrier de leurs mises en œuvre.
Notre association la DIAMESCA avait fait le compte rendu du forum économique de septembre 2015 et fait des préconisations sur certaines situations qui ne favorisent pas l’essor de notre économie et surtout comment faire de la diaspora un véritable acteur au même titre que les autres institutions du pays dans la recherche des solutions à sa gestion.
Nous reprenons ici à l’attention des candidats quelques thèmes que nous avons développés qui se trouvent actuellement en intégralité sur le site de la publication en ligne (taka parler) dans la rubrique « économie ».
Les différents projets ou politiques proposées concernent :
- La création des Centres de Gestion Agréés
- La mise en place d’un Fonds d’investissement,
- La création d’un Fonds national de garantie
- La mise en place d’un nouveau code des PME-PMI
- La création d’un bureau de liaison de la diaspora en Centrafrique
- L’organisation de l’économie à travers la décentralisation
- La création d’un Centre d’affaires et pépinières d’entreprises
- L’accompagnement des politiques des DDRR à travers les Centres de Gestion
- Les publications à mettre en œuvre pour accompagner les politiques du Gouvernement et présenter les opportunités d’affaires en Centrafrique
A cela, il
faudrait associer la restauration de certains vieux immeubles tels le building
administratif et la chambre de commerce qui sont d’intérêts primordiaux pour
accompagner la nouvelle politique.
Un résumé
succinct des projets annoncés ci-dessus donne une indication de ce qui peut être
fait dans les différents domaines.
1) Le Centre de
Gestion Agréé
L’organisation
de l’économie informelle passe nécessairement par la mise en place des procédés
modernes de gestion pour le grand nombre des opérateurs économiques dont la
fiscalisation de même que la garantie de la pérennité a toujours été
difficile.
Le Centre de
Gestion est un outil de promotion de l’entreprenariat, de la croissance
économique et de politique de co-développement qui spécifiquement dans le cas de
la Centrafrique vise les objectifs ci-après :
-
Contribuer à
la sensibilisation des entreprises sur les avantages d’une gestion rigoureuse et
formalisée.
-
Fournir aux
pouvoirs publics une réflexion sur un moyen de promouvoir l’investissement et la
santé financière des PME/PMI.
-
Proposer à
la profession comptable et aux divers conseils aux entreprises exerçant dans le
pays un créneau non en encore exploré où leurs compétences pourraient être mises
davantage au service des PME à travers le Centre de
Gestion.
-
Fournir un
cadre multiforme aux projets d’entreprises de la diaspora centrafricaine de par
le monde en favorisant leur financement grâce à suivi comptable
adapté.
-
Et enfin
dans le contexte actuel du pays, le Centre de Gestion sert de creuset aux
diverses politiques dans le cadre du DDRR et de la décentralisation du pays en
ayant de relais dans les différentes régions.
Sur le plan
fiscal, le Centre de Gestion Agréé augmentera sensiblement l’assiette fiscale
tout en la sécurisant. Une fois présentée les avantages de l’organisation à
mettre en place et les secteurs pilotes définis, les opérateurs qui par
négligence ou par stratégie n’adhèrent pas au processus se verront leurs bases
d’imposition forfaitaire majorées d’un coefficient car l’Etat n’a aucun moyen de
vérifier la sincérité de leurs déclarations.
Ainsi l’Etat
est gagnant dans les deux cas, suivant que les contribuables visés par
l’organisation y adhèrent ou pas. Il disposera de ce fait des moyens conséquents pour assurer sa politique
régalienne au service de la nation.
2) Le Fonds
d’investissement
Dans
la perspective d’organisation du forum de la diaspora centrafricaine en 2010, il
y a eu d’âpres débats sur les difficultés d’accès au crédit bancaire dans la
commission entreprise. Comme l’une des solutions pour pallier cette situation,
la diaspora centrafricaine avait préconisé la création d’un Fonds
d’investissement et de promotion des PME du pays. Ce fonds destiné à compenser
la frilosité du secteur bancaire est une des mesures phares des propositions à
l’issue des concertations d’avant le forum.
Sa
mise en place résulte d’une volonté politique afin de doter la PME/PMI
centrafricaine dans son ensemble et la diaspora en particulier des moyens de
financement de leurs projets d’entreprise. Des discussions avec les partenaires
prenant part au forum devaient permettre d’envisager le contour de la mise en
place de ce fonds. Même si l’Etat ne participe pas directement à la constitution
de son capital, il peut l’encourager à travers certains mécanismes.
Nous
développons un cas porté à notre connaissance pour illustrer les difficultés
d’accès au crédit bancaire que connaissent les centrafricains notamment ceux de
la diaspora.
Un
compatriote résidant en France a pu réunir 50 000 000 F CFA il n’y a
pas longtemps pour créer une société de boulangerie à Bangui. N’ayant pas de
garantie suffisante, les banques ne lui ont pas accordé le concours qu’il
sollicitait pour la réalisation de son projet.
Se
sentant frustré malgré le niveau de ses moyens, il dit à l’un des banquiers
qu’ils n’auraient pas eu la même attitude si cette demande de financement venait
d’une communauté particulière à savoir les libanais. Et le banquier de lui
rétorquer que c’est vrai, qu’ils auraient financé le projet du fait que cette
dans communauté la solidarité entre les uns et les autres fait qu’en cas d’échec
d’un projet, la banque ne court pas de risque les garanties peuvent venir des
amis ou d’autres membres de la communauté.
C’est
pour pallier à ces situations que nous avons préconisé la création d’un Fonds
d’investissement à partir de certains mécanismes pour aider les banques à ne pas
supporter seules les risques des crédits.
La
communauté internationale à l’exemple du Fonds BEKOU peut aussi contribuer à la
mise en place d’un tel projet pour le développement du secteur privé
centrafricain et être facteur de croissance économique afin d’endiguer les
crises récurrentes que le pays connait et qui sont des crises de précarité liées
à la pauvreté avant de devenir politique.
Pourquoi
ne pas envisager un véritable plan Marshal garanti par les ressources minières
du pays pour sortir le pays une fois pour toute de la
misère ?
3) Création
d’un fonds national de garantie
Notre
pays étant membre du FAGACE, la création des Centres de Gestion dans les pays
membres et notamment en Centrafrique faciliterait l’intervention du FAGACE en
assurant une présélection des entreprises dont la gestion, vérifiée et certifiée
par les CGA présentera les garanties requises pour bénéficier des différentes
formes d’interventions (prêts, allégements des conditions d’emprunt, financement
d’opérations spécifiques etc.)
L’objectif
étant d’assurer la pleine rentabilité et la sécurité des ressources, le
partenariat avec des Centres de Gestion dirigés par des Experts-comptables est
un gage de succès des projets dont le suivi reste difficile dans les conditions
actuelles de fonctionnement du FAGACE.
Il
s‘est avéré dans les débats à l’occasion du forum que le FAGACE a accordé sa
caution pour une ligne de crédit d’un milliard à la CBCA qui n’a jamais été
utilisée. Cela témoigne encore une fois de plus des difficultés du système
bancaire centrafricain à financer des projets sans mécanismes de garantie de
remboursement une fois le crédit obtenu.
C’est
justement ce rôle que s’assigne le Centre de Gestion. Par le passé nous avons
fait une étude pour le suivi des projets du FAGACE dans les pays membres à
travers les Centres de Gestion. Nous pouvons réactualiser cette étude si le
besoin en est exprimé.
4) La mise en place d’un nouveau code des PME-PMI
Le mouvement de reconstruction du pays ne peut se faire qu’avec des textes adaptés à la circonstance. Aucun texte ne régit le fonctionnement des petites entreprises actuellement en Centrafrique. Les interventions du secteur bancaire pour soutenir l’économie tout comme l’organisation du tissu des PME dans son ensemble ne peuvent être efficaces que sur la base d’une classification des entreprises.
Nous pouvons partir sur une proposition
que nous avions faite il y a quelques années pour voir l’adaptation à la
situation actuelle en l’améliorant.
En dehors de
la chartre des investissements qui régit le fonctionnement des grandes
entreprises, rien n’existe actuellement pour les PME.
Ainsi le nouveau code des PME doit être
caractéristique de ce qui peut être fait pour l’expansion des PME et entraîner
une réduction de l’économie informelle. Il doit être la résultante d’une vision
à moyen terme du secteur privé en général et celui des PME en particulier se
traduisant par des priorités sectorielles.
Il doit ainsi
susciter l’esprit d’entreprise de la part des centrafricains par la mise en
œuvre d’une politique de promotion et de facilitation d’un régime particulier de
PME et PMI instituant des mesures incitatives à travers des critères
statistiques de définition des catégories des PME (TPE, Micro entreprise, PME et
Grande entreprise) et la mise en place d’une politique spécifique à chacune des
catégories sauf pour les grandes entreprises en
terme :
- d’obligation
comptable (adhésion au Centre de Gestion Agréé entrainant une réduction
d’IS),
- d’obligation
en matière d’embauche (mesures incitatives et exonération des charges patronales
à partir d’un niveau d’effectif salarié : minimum 5)
- d’accès au
marché public (bonification de points sous certaines
conditions)
- d’accès au
financement public (à travers la mise en place d’un fonds
d’investissement)
- de bénéfice
de conditions plus avantageuses sur le plan fiscal et social si installation
dans de pôle de développement
- d’accès à
une bourse de sous-traitance et de partenariat à mettre en place pour faciliter
les échanges et rencontres entre les différents opérateurs du secteur privé
-d’aide à la
reconversion ou à la création d’entreprise pour une catégorie de promoteurs qui
peuvent être des déflatés, des diplômés sans emploi etc.
-d’accès au
centre d’arbitrage et de règlement des conflits de la PME
5) La création d’un bureau de liaison de la diaspora en Centrafrique
Les
contributions de la diaspora au développement du pays à travers les transferts
d’argent et réalisations des projets bien que relevant des actions individuelles
et non valorisées dans aucune statistique comme cela se fait ailleurs auraient
permis de corriger l’image souvent fausse véhiculée de la
diaspora.
Sans être un
acteur de second rang, la diaspora à travers ses acquis et expériences à
l’étranger peut contribuer dans tous les domaines possibles de la vie
socio-économique de notre pays pour sa relance. La mise en place d’un bureau de
liaison de la diaspora au pays pour servir de relais entre notre communauté
expatriée et les pouvoirs publics au pays dans bien de domaines qui peuvent
relever de notre expertise.
Pour éviter
une diaspora trop politisée comme on le reproche au pays, on peut mettre en place un bureau purement
technique où les apports de la diaspora relèveront des acquis et l’expertise de
chacun sur le plan de l’économie,
la santé, l’éducation etc.
Pour ce qui
est des projets individuels, il faudrait étudier avec les pouvoirs publics les
incitations fiscalo-douanières à mettre en place à travers les Centres de
Gestion Agréés pour les favoriser sans créer de distorsion de concurrence avec
les entités locales qui pourvoient aux moyens de l’Etat par la fiscalité pour
assurer son rôle régalien.
Là où la
diaspora est beaucoup plus attendue c’est dans ses apports aux grands projets de
l’Etat. Le manque de volonté politique ou le manque de moyens en dépit des
richesses dont il regorge font que notre pays subit des crises à répétition dont
nous souhaitons les prémisses d’une sortie définitive avec l’application des
recommandations issues du forum de Bangui.
Chaque projet
proposé doit être accompagné de sa source de financement qui doit respecter les
normes compatibles avec les intérêts de notre pays.
Pour des
projets procurant des revenus, une retenue de 10% du marché peut être versée
dans les caisses du bureau de liaison afin d’assurer son autonomie de
fonctionnement en termes financiers.
L’Etat doit
garantir les liens organiques l’unissant avec la représentation de la diaspora
au pays de sorte que les projets ne doivent faire l’objet d’aucun détournement
par une structure quelle qu’elle soit. La création d’une bourgeoisie nationale
doit être une des priorités de nos gouvernants à travers l’encouragement de la
diaspora à s’implanter au pays que cela se fasse par des projets individuels ou
à travers des projets collectifs.
6°
Organisation de l’économie à travers la
décentralisation
Les
différentes politiques préconisées au niveau de la décentralisation notamment en
matière d’aménagement du territoire pour accroitre les pouvoirs des régions
doivent tenir compte des caractéristiques du secteur informel, spécificité du contexte africain ne
permettant pas une adaptation facile des solutions venant
d’ailleurs.
D’où une
approche permettant de mettre en évidence les potentialités des régions et une
organisation efficiente de l’économie informelle parallèlement.
La
décentralisation définie de manière général un transfert de
compétences administratives par l’Etat, aux collectivités
territoriales décentralisées, mais ce transfert s'il n'est pas bien mené
peut apparaître comme source de conflits entre différents organes de la
gouvernance locale.
Dans de cas
des pays comme la Centrafrique, les enjeux de la décentralisation sont entre
autres, la lutte contre la pauvreté, le développement local par la mise en
synergie des forces (les femmes, les jeunes et la société civile), la production
des ressources.
Le
développement local permet aux populations de participer à la démocratie
locale et la coopération décentralisée, est un axe majeur qui permet aux
collectivités locales des pays développés et des diasporas de travailler sur des
projets de base dans les domaines : de la santé, d'urbanisation, et de
l'éducation etc.
Les crises en
Centrafrique sont avant tout une crise de pauvreté avant de devenir politique.
Et ce, pour les régions éloignées du pouvoir central, les frustrations sont
encore plus grandes. Absences de structures de santé, d’écoles dignes de ce nom,
routes impraticables etc.
L’élargissement
des Centres de Gestion Agréés aux régions peut être une occasion idéale pour
mener une véritable politique de décentralisation en créant les conditions d’un
développement local par l’accompagnement au projet de mise en place des CGA,
d’un système bancaire, d’un centre internet pour favoriser les contacts, d’un
système d’énergie fiable pour pallier aux coupures de courant
etc.
7° Le Centre
d’affaires et pépinières des entreprises :
A l’instar de ce qui ce qui existe en
Europe et qu’on rencontre de plus en plus dans les pays africains aujourd’hui,
la création d’un Centre d’affaires répond aux besoins d’une économie en pleine
croissance.
Combien des
Centrafricains de la diaspora et même des investisseurs étrangers arrivant
fraîchement dans le pays se trouvent en bute à des difficultés pour trouver de
bureau pour entreprendre des créations d’entreprises ou toutes autres démarches.
Le Centre des
affaires, outre qu’il offre la possibilité d’une installation facile à ceux qui
démarrent leurs projets et qui n’ont pas de grands moyens pour s’offrir de
grands bureaux, permettra également la réunion sur un même site des acteurs de
différents métiers ce qui facilitera les échanges entre eux déjà, mais drainera
aussi rapidement une clientèle potentielle.
La
participation de l’Etat peut être demandée sous forme d’apport en nature (vieux
bâtiment à restaurer ou terrain à un endroit très fréquenté de la
ville).L’objectif visé à moyen terme est de doter Bangui d’un Centre d’affaires
où l’on trouvera des bureaux locatifs, des salles de réunion et séminaires,
un Centre de Gestion Agréé si les
pouvoirs publics veulent bien s’intéresser à ce projet, un service internet et de
restauration sur place etc.
8°Accompagnement
des politiques du DDRR à travers les Centres de
Gestion
Le forum
économique de septembre 2015 dans son ensemble a été déclaré comme réussi, même
si déplore un diplomate à Bangui, rien n’a été préconisé comme mesure pour les
ex combattants.
Dans une
réunion que nous avons organisée en juillet dernier à Bangui à laquelle prenait
par des représentants de l’armée, ils ont qu’il existe un projet de l’Union
européenne permettant de financer des projets d’entreprises des militaires qui
arrivent à la retraite leur permettant d’avoir une seconde vie à travers des
projets d’entreprises. Faute de projets présentés, les fonds mis à disposition
pour cet objectif risquent de retourner chez le donateur.
Ces membres
des forces armées venus à la réunion d’information sur la création des Centres
de Gestion ont ardemment soutenu l’initiative et demandaient à impliquer leurs
autorités de tutelle dans l’organisation à mettre en place. Cette démarche de prise en charge des
retraités de l’armée vaut aussi pour le DDRR.
Le D.D.R. doit
être complété par des projets de création d’entreprises à forte intensité de
mains d’œuvre notamment dans les mines, l’agriculture, l’artisanat, le commerce
de détail etc.
Une formation
de créateurs d’entreprises peut être envisagée sur divers thèmes, suivant le
profil des ex-combattants en tenant compte des besoins de l’économie du pays et
l’existence d’un marché potentiel.
La
récupération des armes dans certains cas,
devrait être accompagnée d’un projet d’entreprise pour ceux qui le peuvent à défaut pour certains d’exercer
comme salariés dans des entreprises où
des compétences sont exigées.
9° Publication ou réactualisation du Guide des affaires et opportunités d’investissements en Centrafrique
La
réactualisation et la mise à jour du premier Guide des investissements en
Centrafrique que nous avons initié il y a quelques années s’avère d’un grand
intérêt pour accompagner le mouvement de la reconstruction du pays. Il
présentera notre pays sous d’autres auspices et contribuera à l’amélioration du
climat des affaires en mettant en exergue les textes régissant le fonctionnement
de l’économie tout en faisant la promotion des investissements dans tous les
secteurs possibles.
Les
recommandations du forum économique et surtout le programme économique du
nouveau Gouvernement seront présentés dans cet ouvrage qui contiendra outre les
textes sur le climat des affaires, mais surtout les opportunités issues des
trois secteurs à fortes potentialités de
croissance que sont l’agriculture, la forêt et les
mines.
Nos ambassades
et consulats ainsi que les chambres de commerce et librairies en France sont des
endroits indiqués pour la promotion de l’image de la Centrafrique à travers cet
ouvrage qui sera accompagné d’un site internet et même d’une version en
anglais.
Conclusion
C’est à
dessein que nous publions ce texte qui relève pour la plupart de nos analyses
d’après le forum économique de septembre dernier à l’attention des candidats
arrivant au second tour des élections présidentielles.
Notre démarche
n’est pas de prendre parti pour tel ou tel candidat; néanmoins les problèmes
qu’a connus notre pays concernent tout le monde, et non seulement la classe
politique.
Nous espérons tourner les sombres pages du passé, mais cela dépendra aussi de la manière dont le pays sera géré en évitant les erreurs à l’origine des crises qui ont tant mobilisé la communauté internationale pour leurs circonscriptions.
En ces périodes difficiles des finances publiques, l’institutionnalisation du partenariat public-privé peut permettre d’initier des grands projets là où l’Etat n’a pas de moyens pour leurs réalisations.
Vu que les
textes existent déjà dans ce domaine, nous espérons leurs promulgations par le
prochain gouvernement afin de les rendre opérationnels assez rapidement pour
éviter de blocage à la concrétisation des projets venant du secteur privé ou de
la diaspora dès l’instant où leurs intérêts publics sont démontrés.
Le futur
gouvernement gagnerait en temps en concrétisant la mise en œuvre recommandations
issues des forums initiés par la
transition avec l’appui de la communauté internationale.
De même, la
diaspora qui peine à ce jour à avoir la place qu’elle mérite pour apporter son
concours à l’édifice du pays ne doit pas être l’éternel oublié des joutes
politiques au pays.
A l’exemple
d’autres pays, notre diaspora si elle est organisée et encouragée, elle peut
contribuer au développement de notre pays, non seulement à travers les idées
pour les réalisations des projets, mais peut être également un vecteur des
marchés entre les pays hôtes et la Centrafrique pour favoriser les contacts et
accroitre le commerce de notre pays si toutefois un cadre propice favorisant ses
apports est mis en place.
Bonne chance à
notre pays.
Pour la
Diaspora de l’Emergence Centrafricaine (DIAMESCA)
Bertrand KEMBA Président