Centrafrique : des éléments encourageants pour éviter la « somalisation » [Tribune]. Par Didier Niewiadowski

 

Didier Niewiadowski | ex-diplomate à Bangui - 18/05/2014 à 15h43 - rue89.nouvelobs.com

 

Enfin des lueurs d’espoir dans les ténèbres centrafricaines ? En avril dernier, la crise centrafricaine a connu une nouvelle accélération et s’était rapprochée, encore un peu plus, des crises devenues hors de contrôle, comme celle de Somalie.

Les assassinats de religieux, d’humanitaires et de journalistes, les affrontements de type militaire avec un appui aérien aux commandos Sangaris, le retrait temporaire d’ONG humanitaires et l’effacement du pouvoir exécutif, de plus en plus contesté par les nationaux et de moins en moins écouté par les partenaires étrangers, ne permettaient pas d’être optimiste.

Même si des massacres sont encore signalés, ici et là, et que les assassinats n’ont guère cessé comme en témoigne celui de la jeune journaliste française Camille Lepage, on peut néanmoins s’interroger. A la mi-mai, les premières lueurs d’espoir ne commencent-elles pas à poindre ?

Faits encourageants

Plusieurs faits nous paraissent encourageants et peuvent être de nature à briser l’interminable descente aux enfers :

Oublier les Accords de Libreville ?

Ces légères avancées devront être consolidées et être confortées par d’autres décisions de nature politique et juridique. Ne conviendrait-t-il pas de ne plus faire référence aux Accords de Libreville du 11 janvier 2013, alors que les motivations de l’époque ont totalement disparu, que les principaux protagonistes de l’époque ont tous piteusement quitté la scène et que la répartition des pouvoirs a sensiblement évolué.

Faut-il encore conserver en l’état la Charte constitutionnelle du 18 juillet 2013, alors qu’une nouvelle ère politique a débuté le 10 janvier 2014, que la nature du bicéphalisme de l’exécutif a changé, que le Conseil National de la Transition, dans sa composition actuelle, ne peut exprimer la souveraineté nationale et que l’inéligibilité des principaux responsables actuels de l’exécutif et du législatif ne se justifie plus.

Il serait bon que les hommes et femmes politiques de premier plan puissent se consacrer pleinement à la réussite de la Transition plutôt que mettre toute leur énergie à la préparation des futures élections présidentielles et législatives qui pourront difficilement se tenir début 2015.

Aujourd’hui plus encore qu’hier, il ne suffit pas de tendre la sébile et de dresser des additions en centaines de millions d’euros, il faut aussi réhabiliter la vraie politique, celle qui est au service de toutes les composantes du peuple centrafricain et du développement de toutes les régions du pays.