Les
variables d’ajustement du cinquantenaire des 17.
Théories , postures
et hypothèses.
« Peut-on
mettre une démocratie debout avec des hommes à genoux ? »
Célestin Freinet ( adaptation de Gervais
Douba )
Le
coup d’envoi des célébrations du cinquantenaire des indépendances des 17 pays d’Afrique
Francophones au Sud du Sahara a été donné à Dakar par l’élévation du monument de
En
croisant l’œuvre de René Dumont ; « l’Afrique Noire
est mal partie. » Et celle de Sembene
Ousmane ; « les Bouts de bois de Dieu »
les célébrations du cinquantenaire révèlent de façon ostensible la
relégation des oubliés de la répartition des gains du temps de l’abondance et
appelle ; interpellation et assignation, implication, et métamorphose.
I) Interpellation et
assignation.
La
prégnance des logiques autocratique à la prétention messianique a abouti à la
pensée unique des pères des indépendances. De nombreux dirigeants des premières
heures de l’ère postcolonial se sont autoproclamés « sages » et donc paraissaient pour des
« infaillibles » Leur
acharnement à s’enrichir sur le dos des pauvres paysans a engendré des mœurs et
une culture politique quoi fait confiance aveugle, davantage aux allégeances
qu’à l’expertise et à la culture de fabrique d’instruments de mesure et d’évaluation. Les régimes postcoloniaux
qui se sont succédés dans les 17 pays d’Afrique Francophone au sud du Sahara ont
en commun pour marque de fabrique,
le contrôle autocratique du pouvoir, à caractère paternaliste et clientéliste.
Les vagues de nationalisations des entreprises étrangères n’avaient nullement
pour objectif d’éduquer et de former aux valeurs du marché a fortiori aux
valeurs de l’Etat-marché que d’aucuns conviennent d’appeler « Le
capitalisme d’Etat ». Les structures scolaires et universitaires ;
voire les dispensaires hérités de la colonisation ou nationalisés tombent en
ruine par défaut d’entretien. La prétention messianique dont le corollaire est
la pensée unique, a fait naître des partis uniques ; lesquels ont généré
des partis-Etat. Les années 90 sont des années de déroute généralisée de la
logique économique des 17 pays d’Afrique Francophone avec les conséquences
humaines que l’on sait ; absence de logique sociale, faillite de la compagnie
intercontinentale et symbole des indépendances ; Air Afrique et la dévaluation du Francs
CFA.
Interpellons
le cinquantenaire sur le bilan socio-économique et particulièrement sur la
gestion des instruments et la culture d’évaluation puisque « la notion de
bonne gouvernance. » est devenue le « sésame ouvre-toi. » Des
campagnes électorales.
Interpellons les
opérateurs politiques. Par delà les célébrations, les dépendes prébendiers, et
les politiques qui flattent les puissants et insécurisent les plus
vulnérables ; véritables variables d’ajustement, peuvent-ils admettre que
la réduction de la pauvreté passe par la réduction de l’écart de la distance
créée entre le capital et le travail, la distance entre ceux qui possèdent en
détournant les aides publiques et ceux qui ont faim, soif, qui sont sans toit et
sans soins et pourtant sont des petits producteurs.
Enfin,
sur le fondement de quelle théorie peut-on assigner l’ère postcolonial ?
Loin de nous l’idée de sous-estimer les nombreux travaux et débats sur
l’existence ou pas d’Etat républicain et démocratique dans certains des 17 pays
d’Afrique Francophone. Nous, nous contentons ici de chercher à élucider les
ressorts psychosociologiques et managériales qui ont présidé et présideront
encore les mœurs et cultures politiques en vigueur dans les 17 pays d’Afrique
Francophone au Sud du Sahara. L’élément déclenchant de notre questionnement est
le suivant : Qu’est-ce qui fait que dans cette partie du continent
Africain, l’accès au pouvoir par coup d’Etat et l’exercice du pouvoir par
l’intimidation et/ou la torture soit d’une banalité déconcertante ? En
cinquante ans, on compte plus de coups d’Etat dans les zones Francophones
qu’Anglophones ? Pourquoi depuis les indépendances, l’armée et la religion
entretiennent-elles avec beaucoup de succès des relations incestueuses avec le
politique ? Laquelle des deux
théories du management peut rendre compte avec pertinence, cette
complexité. Par le prisme de la théorie des faits, on peut penser que ceux qui
arrivent au pouvoir ; quel que soit le moyen usité ! Quitte à amplifier le
syndrome de la cocotte-minute ont combiner à la fois la théorie des faits et la
théorie des traits. La théorie des faits renvoie à un certain type de
comportement et la capacité à convaincre les parties prenantes pour réunir les
ressources nécessaires à la réalisation du projet. L’émergence des oligarchies
civiles et militaires en est une illustration. Cette théorie expliquerait la
montée des phénomènes des forces occultes et sa contre partie qu’est le partage
amical des ressources. Le référentiel de la tribu n’étant là que pour servir de
voiture balaie ou de porte-nom de celui qui est politiquement le « pater
familias ».
Mais
il faut bien reconnaître une articulation entre la théorie des faits et la
théorie des traits car, le comportement ne peut pleinement s’exercer que si son
titulaire est possesseur de certains « traits » ou certains «
désirs de maîtriser son propre destin, plus terre à terre comme la faculté
d’endurance et de ténacité qui, sans être excessifs, semblent caractériser la
propension à entreprendre [T. Verstraet ; 2002 :20] La combinaison de
ces deux théories nous autorise à assimiler les auteurs de coups d’Etat et les
fondateurs de partis politiques aux fieffés entrepreneurs, A ce titre, ils n’ont
que faire des valeurs républicaines et démocratiques dès lors que ces valeurs ne
leur permettent pas de rentabiliser leurs investissements ; à moins qu’ils
ne les instrumentalisent.
Loin
d’être une révélation, la mise en interdépendance des deux théories force notre
travail, à s’inscrire dans une
démarche micro économique. Ainsi, il va consister à mettre en évidence un
paradoxe à partir d’un questionnement. Pourquoi en dépit de sa situation
d’abondance en matières premières et en produits de base, les 17 pays qui
célèbrent le cinquantenaire de leur indépendance ont laissé les ONG se substituer à eux sur plusieurs
terrains dont le repérage des facteurs quantitatifs et qualitatifs de
vulnérabilité des communautés humaines et des collectivités locales en milieu
rural et la préconisation des pistes reposant sur des bases
épistémologiques et techniques pour
des changements?
Les
acteurs de la solidarité internationale se sont mués en prothèses pour
dirigeants snobes, aristocrates et falots, ne se préoccupant nullement de se
donner des outils et plan de
gouvernance quant à la problématique de lutte contre la pauvreté en milieu
rural, alors qu’ils partaient pour
servir de béquilles dans la lutte contre la faim et pour le développement.
Quant
au paradoxe, d’une part, ont-ils cherché à comprendre pourquoi les populations
pauvres ne sont manifestement pas satisfaites de la qualité de la gouvernance
dont font preuve les dirigeants qu’elles ont pourtant élus et de l’autre, ces
populations préfèrent court-circuiter les
canaux officiels d’un Etat apparemment Républicain et démocratique pour
essayer de trouver des solutions à leurs problèmes existentiels. Comment
expliquer que le fait que les institutions Républicaines et démocratiques se préoccupent davantage de maintenir
les pauvres et les petits producteurs dans une relation clientéliste que de leur
faire acquérir certaines capacités essentielles qui font éclore l’émancipation
citoyenne et l’accès à l’autonomie ? Ce paradoxe qui anime les pauvres, somme et
assigne les institutions
Républicaines et Démocratiques, à inventer des mécanismes et à trouver
les moyens pour travailler en leur faveur.
L’échec
relatif des politiques publiques mises en œuvre dès le lendemain des
indépendances et dont les logiques et insuffisances ont relevé de façon
prémonitoire par René Dumont ont désormais une assise mathématique([1])
Selon l’auteur, le développement générateur de facteurs d’émancipation et
d’accès à l’autonomie se définit selon la formule suivante :
Développement = FS+ FD- FI
-
FS
représente
le facteur social ( la possibilité de construire le bien-être ou le capital
humain et le capital social)
-
FD
représente
le facteur démocratique ( la promotion et la défense des droits civiques et
humains, le droit reconnu aux personnes de participer et de s’impliquer dans les
décisions le concernant)[ Approche par capabilité ] développée par A. Sen mais
c’est aussi une mise en œuvre de l’Article 23 al 3 de
-
Et
le FI . Il
représente impérial c’est-à-dire le droit des nation à disposer d’elles-mêmes et
à être libres de toute domination impériale
A
propos du FI, le principe de la souveraineté des Etats sur leurs ressources
naturelles, dans le cadre des débats dénonçant le déséquilibre des termes de
l’échange a été largement dévoyé et bifurqué par les Etats d’Afrique Francophone
au Sud du Sahara dans leur fumeuse politique clientéliste d’Africanisation des
cadres. Soustraire le FI revient à
en faire un modérateur, un régulateur plutôt qu’un obstacle ; parlant
d’auteurs de forfaiture, de concussion et de prédation de l’aide publique au
développement.
2)
Implication et participation :
Quand la pauvreté
a fait des nids de poule dans les grandes avenues de l’ère postcolonial, vers la
fin des années quatre-vingts au point de provoquer le vacillement des pouvoirs,
de nombreux sages autoproclamés ont réduit
la crise à une crise conjoncturelle. Ces derniers ont voulu montrer que
malgré la dureté des temps, ils ont la situation en main.
Ils étaient loin
d’imaginer que les effets des Trente glorieuses allaient, à l’image d’une
avalanche, engloutir les intérêts
de l’ensemble des Trente mafieuses se trouvant au-delà aussi bien des
Pyrénées que de la méditerranée. .
Les plans d’ajustement structurels se sont imposés alors que les nantis disaient
aux petits producteurs ; non par démagogie, mais par autisme par rapport à
l’avancée de la mondialisation et par cécité politique car soutenaient à leur
corps défendant, la thèse de la nature conjoncturelle ; donc passagère de
la crise conjoncturelle,. Ils
passaient leur temps à conjecturer sur la conjoncture ; faisant ainsi de
l’ailleurs, le paradis, lieu d’espoir et d’ici ; l’ennemi, l’enfer.
La
courbe de croissance des prix des matières et des produits de base a chuté de façon vertigineuse. Les plans
d’ajustements structurels imposés par les institutions financières
internationales ont révélé avec violence,
les variables d’ajustement.
Comme si les dirigeants
demandaient à la pluie de tomber comme elle veut mais de ne pas les mouiller,
ils ont organisé à leur corps défendant l’appauvrissement exsangue
de leur pays. Ils ont commencé à s’offrir des hôtels particuliers et autres
appartements de grands standing en Europe et ailleurs alors que les prix des
produits de première nécessité s’envolent. Les bourses d’études, les recrutement
dans la fonction publique, l’entretien des structures héritées de la
colonisation sont gelés et ne rentrent plus dans la catégorie d’investissement
productif. Seuls les programmes
dits de « situation d’urgence humanitaire » et/ou de « situation
post conflit » reçoivent des financements internationaux. On a assisté à la
montée des phénomènes d’enfants soldats ; filles et garçons et à
l’immigration clandestine des jeunes diplômés en complète déshérence vers
l’Europe et cela au péril de leur vie , pendant que le fléau de la corruption
gangrénait le lien social.
Pourquoi ?
Durant le temps des vaches grasses, l’oligarchie n’a jamais impliqué les petits
paysans ni n’a organisé leur participation aux échanges internationaux en dehors
des systèmes de stabilisation à géométrie variable. L’élite pensait pour eux et
agissait à leur place. Dans le référentiel de l’ère postcolonial, les termes
« implication », « entrepreneuriat rural ; clé de voûte de
développement local ou levier de développement », « attractivité
territoriale et empowerment des communautés humaines et des collectivités »
n’existaient pas. Dès lors que ces termes induisaient des démarches d’innovation
dans les des modes et méthodes de production ou risquaient de favoriser telle ou
telle région qui n’est pas en odeur de sainteté pour le Chef d’Etat et ses
courtisans.
Les
17 qui célèbrent le cinquantenaire de leurs indépendance n’a pas réussi le
décryptage d’un monde qui se mue. De nombreux auteurs ont tenté d’analyser les
causes profondes de la vague des indépendances des années 60. Ils soutiennent
majoritairement la thèse de la récompense aux ex-colonies pour leur
participation aux guerres mondiales mais ouvrent en même temps le débat sur la
place de l’Afrique au Sud du Sahara dans le monde, qui se reconfigure sous
l’emprise de la coexistence pacifique et de la guerre froide.
On
peut déduire de cette thèse que les territoires indépendants devraient plutôt
être administrés que gouvernés ; en d’autres termes devraient rapporter et
non représenter un coût. Dés le départ, les territoires nouvellement
indépendants étaient des variables d’ajustement selon l’approche des puissances
ex-colonisatrices. La logique du marché était fortement imbriquée à celle de la
politique et chaque fois que les intérêts économiques étaient potentiellement
menacés ou en voie d’être compromis, les représailles et autres capacités de
nuisance sont déployées sans ménagement.
Il
appartenait à l’ère postcolonial de décortiquer, de décrypter les facteurs dont la conjonction serait aggravant.
Parmi ces facteurs, la persistance de la non-implication des populations dans
l’esquisse des desseins politiques, le fait de les contraindre à ne pratiquer
que les cultures dites d’exportation au détriment des cultures vivrières, parce
que celles-ci ne sont pas cotées en bourse. A ces facteurs, se sont ajoutés
d’autres relevant des politiques publiques telles l’absence d’aménagement du
territoire, d’identification des leviers de transformations sociales au niveau
des territoires de proximité [ Alfred Sauvy et la théorie du
déversement ] L’ère postcolonial n’a fait que relayer sinon amplifier les
variables d’ajustement. Bien qu’il ait valsé et vacillé entre les trajectoires
de développement ; endogène ou exogène, intégré ou par promotion des
produits d’exportation, rien de significatif, en terme d’implication et/ou de
participation des populations n’a été défendu et promu. L’éducation et la
formation au développement n’ont pas droit au chapitre, sur le plan dotation
budgétaire ni sur le plan dialogue intersectoriel ; c’est-à-dire la
fertilisation croisée entre le secteur formel et le secteur informel. Dans ce
second secteur ; grand utilisateur de main d’œuvre, le travail n’est pas
qualifiant car, n’est ni débouché ni impasse pour ceux qui s’y aventurent. L’ère
postcolonial n’y a pas vu des raisons d’y développer des emplois qualifiants et
pérennes notamment par la voie de
l’apprentissage. Dans certains pays, les formations techniques et agricoles sont
de véritables voies de garage et donc des mines à ciel ouvert de variables
d’ajustement. En revanche, dans d’autres pays, l’ère postcolonial a mis du temps
comprendre les enjeux d’une participation des petits producteurs mais a initié des expérimentations encourageantes [
François Perroux et la distinction entre pôle de croissance
et pôle de développement ; des îlots qu’il faut relier par un pont]
Si
l’implication et la participation
ne sont pas présentées en
tant que théorie et posture dans une approche citoyenne fondée sur la recherche
de potentialités entrepreneuriales des communautés humaines et des collectivités
territoriales, les 17 célébreront le centenaire, non en tant que partie prenante
à la mondialisation mais dans une
attitude de rejet global et de victimisation
3)
Métamorphose plutôt que renaissance.
La
récente réplique des responsables politiques du continent aux exigences du Consensus de Washington
qui a consisté à se jeter, sans filet de sécurité dans les bras de
Rejeter
massivement et de façon folklorique le Consensus de Washington, pour s’abriter
sous le parapluie de l’empire du milieu au motif que ce dernier pratique une
coopération gagnant-gagnant et ne conditionne pas cette coopération aux respects
des droits de l’homme, est fort de petitesse ; étant donné que l’expression
ne porte aucune opportunité qui préparerait les plus vulnérables à s’émanciper
et à accéder à l’autonomie.
La
notion de « coopération gagnant-gagnant » est frise l’élixir et se
rapproche d’un oxymore dans le discours sur les échanges internationaux des
dirigeants des 17. Ils semblent découvrir cette notion comme ils parent de toutes les vertus celle de
« bonne gouvernance » En effet, cette notion est le résultat de tout
un processus et de production concertée de deux organismes à savoir le Népad et
le MAEP. [ Mécanisme africain d’Evaluation par les Pairs] Si le Népad ; a
vocation économique telle que l’est l’OCDE en Europe occidentale se veut un
laboratoire d’élaboration de concepts et d’instruments – le renforcement des
capacités humaines et organisationnelles en est la parfaite illustration- le
MAEP est inconnue des non initiés. Sorte d’arbres à palabre pour chefs d’Etat,
le MAEP réunit les experts africains sous la houlette des quelques doyens d’âge
encore en place ; en somme ceux qui s’autoproclament « sages ».
C’est une congrégation où l’on se copte et qui jouerait le rôle de
« Conseil » ou « d’accompagnateur ; voire de
« coach » pour les dirigeants inexpérimentés. Le MAEP prétend se substituer à la coopération
française et constitue le rempart contre l’apocalypse qu’incarnaient les experts
et autres conseillers ; prophètes du dogme du Consensus de Washington et
ses bras armés que sont ,
C’est
dans ce contexte qu’il faut placer la grande kermesse de Pékin, lequel entre
frontalement en compétition avec le sommet France-Afrique ; bien que le
premier n’ait de valeurs et de signification -en référence au file rouge de cet
article- que pour remettre en
mémoire le tristement célèbre sommet de Bandung de 1956 des non alignés. Au
fait, qu’est devenu le slogan
confus et diffus de ‘non aligné » depuis l’écroulement du pacte de
Varsovie. Sa seule utilité a été d’offrir des tribunes à des tribuns hors paires
et d’avoir permis à l’empire du milieu d’alors de s’inscrire dans le registre du
plus grand pays du Tiers monde.
Quel effet bénéfique le continent en général et les 17 en particulier ont-ils
tiré de cette Kermesse, pour être utile aux variables d’ajustement ? Par
rapport au cénacle de Pékin, qui n’a rien de tropisme, les 17 seraient mieux
inspirés de lire deux fables :
Le
1er renvoie à la fable du Baudet et son maître quant à la tentation de changer de
maître. On, sait ce qu’on change d’emprise mais le changement n’entraîne rien en
terme d’amélioration du sort. Quant à la seconde fable, elle porte sur les
règles du jeu de coopération
gagnant-gagnant rédigées par le
chat, la souris et la belette.
Durant
les cinquante ans qui sont entrain de s’écouler, la politique dans les 17 pays
d’Afrique Francophone n’est pas la
science qui consiste à rendre intelligibles les rapports empiriques entre les
différents pouvoirs et autorités au
sein d’un même espace.
Désarmée
de tout caractère scientifique par les acteurs, elle a été réduite à n’être
qu’un instrument d’accaparement des richesses et de concentration des pouvoirs.
Sous prétexte de singularité, les pères de la nation
se sont empêtrés dans un syncrétisme confus et diffus et qui a fini par rendre
l’Afrique au Sud du Sahara insulaire par son archaïsme et démunies de toute
potentialité d’adaptation et de réactivité au monde moderne qui l’environne. On
dit des cultures africaines que contrairement aux cultures asiatiques et
latino-américaines, elles sont inertes et misonéistes à la création
d’entreprise ; au point que l’on dénie à l’Afrique au sud du Sahara toute
capacité à s’approprier les valeurs républicaines et démocratiques. La marque de
fabrique de l’Afrique de l’ère postcolonial est d’essaimer les usages et
cultures politiques du soupçon, de la trahison et de l’ostracisme tous azimuts.
On a assisté ; durant le cinquantenaire à la banalisation de la torture des
adversaires politiques comme méthode de gouvernement et multiplier des manœuvres
dilatoires pour s’incruster aussi longtemps que possible au pouvoir, tout en
claironnant le mot « démocratie. »
Pour
le centenaire des indépendances, il convient d’agir pour que la politique au
sens scientifique serve ; non pas à démunir la force de la tradition et à
émasculer les savoirs locaux mais à
accompagner les petits producteurs dans leurs démarches d’appropriation
progressive des leviers de transformation de leur quotidien. Le cheminement vers
le premier centenaire des indépendances passe inéluctablement par la
rationalisation des pratiques politiques c’est-à-dire l’élucidation des facteurs
de pauvreté, la non-assimilation de la pauvreté à une condamnation divine. Il
est question de se servir des instruments scientifiques qu’offre la science
politique pour élucider les causes et les effets de la pauvreté et non pour
lutter contre le pauvre ; au point d’en faire un paria.. L’autre
dimension de cette approche de la
politique est de rendre lisibles les différents niveaux d’imbrication des
communautés et collectivités, d’abord au niveau interne et ensuite leurs
intrications avec le reste du monde ; ce que nous appelons le reste de la
communauté internationale.
L’interdépendance
de l’imbrication et de l’intrication
n’a pas fonctionné et sans être réducteur, a généré la relégation de
cette partie de la planète à la périphérie du monde civilisé. Il ne s’agit point
de « renaissance » mais de créer les conditions propices à une
métamorphose plutôt qu’une révolution. Révolution ou renaissance ou réveil
induit une marche forcée vers un état sous l’impulsion des autocrates.[ Travaux
de Karl Popper sur la société ouverte et la société fermée ] La renaissance
implique une procédure ; parfois contre nature et sans la participation
volontaire et l’implication des personnes concernées. A titre d’exemple, le
discours portant sur la bonne
gouvernance.
Le
management en Afrique ; une composante de la bonne gouvernance, est un
management d’injonction paradoxale
et de prescription violente. Ce n’est pas un management de régulation,
d’incitation..
En
revanche, la métamorphose implique la participation de chacun en fonction de ses
moyens, par la prise en compte des données de la nature. Même si la métaphore
est empruntée à l’animal ([2]) la métamorphose relève plutôt du
processuel que du procédural.
Le
tropisme qui doit animer les
initiatives et les orientations des politiques publiques devra être est
la nécessaire participation des 17, à la réalisation d’au moins 4 sur les 8 Objectifs du Millénaire pour le
Développement, L’Afrique au sous-sol riches en matières premières est sommée d’arrêter de vaciller entre entre
Nous
lançons un appel au coup d’envoi du
premier centenaire des indépendances des 17 en ces termes. Loin d’être
utopique ,l’enjeux pour le premier centenaire des indépendances réside d’une
part dans la ferme volonté d’arrêter d’être des pupilles des ONG et de la
communauté internationale et d’autre part de faire de la participation et
l’implication, le moteur de la métamorphose, si l’on est tenté d’accrocher cette
région de la planète au wagon de la mondialisation..
S’agissant
du statut de pays indépendants mais pupille. Ce n’est pas avec des diagnostics
approximatifs et réducteurs des situations politiques internationales complexes
que l’on aura la levée du statut actuel d’Etats dits politiquement indépendants
mais pupilles de la communauté internationale et économique sous perfusion pour
certains et complètement sous dialyse pour d’autres. L’appel des ONG pour
l’annulation de la dette est un geste de charité au sens Alfred Sauvy du terme
mais il faut lui donner sa mesure ; il s’agit de vider l’océan de la
pauvreté et de l’ignorance avec une louche.
Pour ce qui est de
la participation et de l’implication comme étape de métamorphose tant des
communautés humaines que des collectivités territoriales en milieu rural, la
solution à cette problématique ne réside guère dans le fait de se jeter
cupidement dans les bras de l’empire du milieu après avoir pactiser longtemps
avec le club de Rome et le Consensus de Washington . La réponse réside dans le
processus de démarginalisation des pauvres par la reconnaissance de leurs droits
de propriété et la sécurisation des transactions étendue au secteur informel. [
Travaux de Hernando de Soto ]
C’est la conjonction des deux qui
engendrera indépendances et créativité . La lutte contre la
pauvreté et pour le triomphe des droits civiques en vue de faire naître le
développement ; aussi bien humain que matériel ne réside pas, dans
l’élévation autocratique des monuments de renaissance de l’Afrique ou dans la
construction des basiliques de prestige, qui ne génère aucun levier de
transformation sociale et sociétale. Cette lutte ne passe pas non plus par un
maintien du pauvre dans la résignation et l’asservissement par l’alimentation de
ses pulsions et ses peurs ; en tant que variables d’ajustement, mais par l’aiguisement de sa raison et sa créativité.
[2] ) [ Prof Austruy « La chenille et le papillon et le prof Edgar Morin ; la métamorphose dans Sciences Humaines ]
[3] ) Jean-Marc Bernard « La scolarisation va marquer le pas en Afrique noire ; il faudrait 2,3 millions d’enseignants en Afrique Subsaharienne d’ici 2015 » Rubrique Planète du journal Le Monde quotidien du 9 décembre 2009.