La campagne électorale pour le renouvellement de la chambre des députés en République Centrafricaine bat son plein.
Les pistes et les villages de brousse jusque là ignorés de l'état, des politiques et des hauts fonctionnaires sont sillonnés par des véhicules tout terrain avec des cortèges de promesses et des tracts.
En 1993 c'était simple. Les centrafricains faisaient l'expérience du multipartisme. Il suffisait de se présenter contre le général Kolingba et son régime par qui la misère a gagné la R.C.A. disait-on. M. Patassé et son parti, le MLPC furent les champions dans cet exercice. Il promirent du miel et des décennies de bonheur à la R.C.A. et aux centrafricains réconciliés dans la paix, libérés de la servitude du travail et des impôts de capitation.
M. Patassé fut démocratiquement élu. Le pouvoir est depuis entre ses mains. Il contrôle toutes les rênes de l'état. Qu'a-t-il fait de ce pays que d'aucun appelait la Suisse africaine dans les années 60 en raison de la stabilité et de sa prospérité malgré l'environnement trouble des guerres civiles et coups d'état dont souffraient déjà un grand nombre de pays africains? Je vous laisse libre de répondre à cette question. Je me permets néanmoins de donner la réponse téléphonique qui vient d'être effectuée par un diplomate de l'ambassade de France à Bangui à une institution qui s'étonnait de son silence par rapport à un dossier de financement d'un projet de retour d'un immigrant centrafricain. << La République Centrafricaine n'est plus un pays. C'est peut-être un gros village et encore, sans règles de fonctionnement et sans responsables. La corruption dépasse l'entendement dans ce pays. Chercher à y investir c'est vouloir jeter l'argent par la fenêtre. De toute façon avant de parvenir à investir le moindre franc ici il vous en coûtera facilement des millions de francs cfa en peau de vin. C'est abominable ce qui se passe ici >>.
C'est dans ce climat délétère si je puis dire que de jeunes compatriotes qui se font une autre idée de la politique et de la gestion du patrimoine national se sont jetés dans la bataille des législatives. Jean-Paul Ngoupandé, président du Parti de l'Unité Nationale synthétise bien les aspirations de cette jeunesse centrafricaine qui en a assez de l'image oh! combien détestable que les hommes politiques véhiculent de la R.C.A.. Il est candidat à Dékoa à 250 km de Bangui.
Pour M. Patassé et le MLPC, c'est l'homme à abattre par tous les moyens y compris par des fraudes massives.
Pas plus que le général Kolingba, M. Patassé ne gagnera durablement à ce jeu. Gagner les élections est une chose; gouverner le pays, être reconnu par les populations de toutes les régions du pays en est une autre.
Le 16 novembre 1998-11-21
Jean-Bosco
Rappel :
109 sièges sont à pourvoir
848 candidats ont été retenus, répartis à travers 27 partis