LIBREVILLE, 16 sept (AFP) - 19h50 - Le général centrafricain rebelle François Bozizé a laissé entendre qu'il pourrait prendre le pouvoir en Centrafrique avant l'échéance des élections présidentielles de 2005, qu'il juge "trop loin", dans une interview au journal camerounais Mutations, paru lundi.
L'ex-chef d'état-major de l'armée centrafricaine, réfugié au Tchad depuis novembre 2001 après avoir résisté à une tentative d'arrestation à Bangui, affirme que le président Ange-Félix Patassé doit "soit changer de politique soit rendre son tablier", dans cet entretien parvenu à l'AFP à Libreville.
Interrogé sur sa préférence entre la voie des armes et celle des urnes, il déclare: "Les urnes pour vous, cela signifie qu'il faut attendre la prochaine élection présidentielle dans trois ans? C'est trop loin. Le peuple meurt de faim pendant qu'il (le président Patassé) se remplit les poches".
"Nous avons des atouts pour réussir et des moyens pour parvenir à nos fins. Mais je ne peux pas vous fixer une date. Dieu seul pourra mieux nous fixer sur l'avènement de ce jour là", ajoute encore M. Bozizé, au journaliste qui lui demande s'il sera président dans moins de trois ans.
L'ancien chef de l'armée centrafricaine, devenu pomme de discorde entre les régimes centrafricain et tchadien, fustige le président Patassé qu'il accuse de s'être "transformé en homme d'affaires" et d'avoir "rallié une clique mafieuse qui pille avec lui le pays".
"Aujourd'hui l'Etat centrafricain n'existe plus. Avons nous le droit de croiser les bras? Je dis non!", poursuit M. Bozizé, qui estime que l'armée centrafricaine "me considère toujours comme son chef et ne veut pas combattre contre moi", contraignant selon lui le régime de Bangui a recourir à des mercenaires.
Le général centrafricain reste flou sur les moyens qui lui permettent d'entretenir depuis bientôt un an ses partisans armés à l'extrême nord de la RCA, près de la frontière avec le Tchad.
"Les paysans nous fournissent le nécessaire pour notre alimentation. Des amis extérieurs nous aident aussi. Je contribue également à entretenir mes hommes grâce à mes modestes économies", assure-t-il à Mutations. "N'Djamena ne nous aide par militairement", affirme-t-il.
M. Bozizé souligne qu'il ne serait prêt à être réinstallé dans ses fonctions et prérogatives en RCA qu'aux "conditions" d'un arrêt des poursuites judiciaires et d'une amnistie totale pour lui et ses hommes.