Quand braconniers, milices, militaires entrent en conflits sur le territoire centrafricain: il y a intense bagarre pour le partage et la partition
RÉPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE: Des milices chasseront les braconniers de viande
de brousse
NAIROBI, 26 septembre (IRIN) - Un groupe de protecteurs
américains de la nature a obtenu du Gouvernement de la
République centrafricaine (RCA) la permission d'organiser une
milice anti-braconnage pour patrouiller quelque 155 000
kilomètres carrés de zones sauvages dans la région orientale
du pays, a rapporté mardi le magazine National Geographic
Adventure.
L'organisme Africa Rainforest and River Conservation (ARRC)
projette de recruter et de former une force anti-braconnage
composée de 400 Centrafricains, pour patrouiller les terres
sauvages et protéger la faune. Ils auront le pouvoir de tirer
sur les braconniers en quête de viande de brousse.
Le groupe entend surtout pourchasser les bandes de maraudeurs
braconniers soudanais qui détruisent la faune de la région et
terrorisent les villageois. Selon l'article de National
Geographic, chaque année, des colonnes comptant jusqu'à 200
braconniers soudanais bien armés, traversent la frontière à la
recherche de gibier qu'ils ne peuvent plus trouver au Soudan.
Après s'être divisés en plus petits groupes, les braconniers
déclenchent des incendies dans la brousse, pour débusquer les
animaux, puis ils les abattent et fument leur viande. Les
populations d'éléphants, de girafes, de crocodiles et de lions
ont été réduites de plus de 95 pour cent dans cette région,
jadis considérée comme le Serengeti de l'Afrique centrale.
Ce projet de défense de la faune comportera aussi des études
scientifiques, la réparation des routes, la construction
d'écoles et de dispensaires, ainsi qu'une composante
d'éducation à l'écologie.
Cette situation illustre bien une crise de plus en plus aiguë de
la viande de brousse en Afrique. Celle-ci est devenue une
industrie d'une valeur d'un milliard de dollars, dépassant même
la déforestation en tant que menace la plus immédiate pesant
contre la faune africaine en voie de disparition, rapporte
National Geographic. Dans le seul bassin du fleuve Congo, plus
d'un million de tonnes métriques de viande de brousse
(équivalant à quatre millions de têtes de bétail) ont été
"récoltées" chaque année dans des forêts qui
reculent sans cesse, soit six fois le taux maximum qui
permettrait de préserver la faune de façon durable, selon la
Wildlife Conservation Society.
Au-delà de la menace pour la faune, la crise de la viande de
brousse pourrait se transformer en une tragédie humaine
d'immenses proportions, étant donné que les Africains des zones
rurales tirent jusqu'à 60 pour cent des protéines de leur
alimentation des animaux sauvages, signale National Geographic.
Lorsque la chasse excessive aura vidé les forêts, les gens
disposeront alors de bien peu d'alternatives pour s'alimenter.
Les principaux organismes de conservation n'ont pas tardé à
prendre leurs distances face aux efforts potentiellement mortels
de lutte contre le braconnage et à la croissance du mouvement
dit "éco-mercenaire". Par ceux-ci, des groupes
internationaux chargés de faire respecter la loi effectuent le
"sale boulot" que des gouvernements et des organismes
environnementaux soucieux de leur image publique, ne peuvent
faire, constate National Geographic. Plusieurs
environnementalistes souhaitent néanmoins que le projet soit
couronné de succès.
"Nous ne le ferions pas", aurait déclaré Richard
Carroll, du Fonds mondial pour la nature (WWF). "Mais nous
espérons qu'il [l'ARRC] y parviendra. Il s'agit vraiment d'un
effort de dernier recours. J'espère seulement qu'[ils]
comprennent dans quoi [ils] s'embarquent. Ces gens [les
braconniers] sont lourdement armés et très dangereux. Il s'agit
en fait d'une situation de guerre".
Copyright (c) UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs 2002
RÉPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE-SOUDAN: Bangui et Khartoum divergent d'opinions
sur la cause des violences frontalières
NAIROBI, 26 septembre (IRIN) - Les autorités de la
République centrafricaine (RCA) et du Soudan ont des divergences
d'opinions sur la cause des terribles violences dont la
population a souffert des deux côtés de leur frontière
commune, en mai dernier.
Les autorités militaires de la RCA prétendent que la région
est pillée par des braconniers soudanais. De son côté,
l'ambassade soudanaise en Centrafrique attribue le conflit à des
différends opposant des tribus rivales.
"Dans cette zone, plusieurs braconniers soudanais, qui se
déguisent en éleveurs menant leur troupeau, tuent, brûlent et
pillent des villages entiers", a déclaré lundi à IRIN le
général Ernest Bétibangui, chef d'état-major des forces
armées centrafricaines. Il dit avoir pris part à une mission
d'enquête dans la région à ce sujet, en juin dernier.
"Nous avons déployé un détachement militaire à Gordil
[à 1 000 kilomètres au nord-est de Bangui]", ajoute M.
Bétibangui. Il signale cependant qu'il n'y a pas encore eu de
confrontations directes entre les troupes de la RCA et les
braconniers soudanais parce que, dit-il, "les braconniers
évitent toujours les patrouilles militaires".
Pour sa part, l'ambassade du Soudan en RCA attribue les
affrontements à des différends tribaux opposant des tribus
rivales des deux pays.
"Je ne peux pas le nier, ni le confirmer, parce que cette
zone constitue une terre libre où les citoyens centrafricains,
soudanais et tchadiens se déplacent librement", a expliqué
mercredi à IRIN Khamis Hagar-Azat, conseiller à l'ambassade du
Soudan. Il répondait ainsi aux allégations voulant que des
braconniers soudanais aient massacré 20 villageois
centrafricains à la mi-septembre à Birao, à 1 000 kilomètres
au nord-est de Bangui. Selon lui, si cela s'est vraiment passé,
il s'agissait vraisemblablement d'un geste de représailles à la
suite du massacre de 53 Soudanais par des villageois
centrafricains, le 17 mai dans l'état du Sud-Darfour.
Le 28 mai, un comité conjoint coprésidé par le général
Ibrahim Mohamed Atib, conseiller sur les questions de sécurité
auprès du président du Soudan, Umar al Bashir, et par Agba
Otikpo Mezode, ministre des Affaires étrangères de
Centrafrique, a été mis en place pour enquêter sur cette
situation et normaliser les rapports entre les deux pays.
Après s'être réuni plusieurs fois à Bangui et avoir visité
la région frontalière en juin, le comité a soumis des
recommandations en vue de trouver des solutions à ces
affrontements récurrents. Il proposait notamment l'ouverture
d'un consulat soudanais à Birao (située à 200 kilomètres de
la frontière), qui serait mandaté pour surveiller les
événements survenant dans la région.
"Des gens des deux côtés tuent et prennent la fuite.
Voilà pourquoi nous allons ouvrir un consulat général à
Birao, pour contrôler la frontière", de déclarer M.
Khamis-Hagar. Il a précisé que les autorités soudanaises
cherchent actuellement des candidats connaissant bien la région
et ses tribus, pour occuper éventuellement le poste de consul
général à Birao.
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