Procès de Jean-Jacquers Démafouth : la vraie-fausse pièce à conviction écartée des débats
BANGUI, 19 sep (AFP) - 19h07 - La justice centrafricaine a achevé jeudi à Bangui l'examen du cas de l'ex-ministre de la Défense Jean-Jacques Démafouth, sans diffuser une écoute téléphonique, jusqu'alors présentée comme la principale pièce à conviction de l'accusation, a constaté un journaliste de l'AFP.
Jugé pour "atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat", l'ancien ministre, détenu depuis un an, est accusé d'avoir fomenté un coup d'Etat parallèle au putsch avorté du 28 mai 2001 à Bangui contre le président centrafricain Ange-Félix Patassé.
Malgré l'insistance de ses avocats, et à la surprise générale, la Cour criminelle de Bangui n'a pas procédé jeudi à l'audition publique d'une conversation téléphonique du 26 juillet 2001, lors de laquelle le ministre aurait demandé des renforts en hommes au chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba pour l'aider à renverser le président centrafricain.
Mardi, le président de la Cour avait pourtant donné son feu vert à une requête de la défense réclamant l'audition publique de la bande enregistrée dont M. Démafouth conteste formellement l'authenticité, tout comme M. Bemba.
"Ce n'était ni plus ni moins qu'un montage", a lancé l'un des trois défenseurs de M. Démafouth, l'avocat français Mono Dupont.
"Par définition, dans un procès, la défense n'a pas de pièces à apporter. C'est à l'accusation d'apporter les preuves, et nous n'avons pas entendu publiquement cet enregistrement", a critiqué l'avocat en fin d'audience.
"On a voulu porter atteinte au rôle joué par notre client (...) or M. Démafouth est quelqu'un qui a bien fait son travail pendant ce coup d'Etat", a-t-il ajouté.
Le procureur général Joseph Bindoumi, qui a été en charge de l'enquête préliminaire, a objecté qu'il détenait "des preuves suffisantes dans le dossier de l'accusé".
"Je puis rassurer mes contradicteurs que nous avons la cassette de cet enregistrement, et nous avons également la transcription. Mais il appartient à la cour de dire si oui ou non telle pièce doit être portée à l'attention du public", a-t-il dit.
Le président de la Cour n'a fait aucun commentaire et annoncé que les débats se poursuivront lundi et mardi par les réquisitions du ministère public et les plaidoiries de la défense.
La comparution de M. Démafouth depuis mardi n'a rien apporté de nouveau par rapport à ses dépositions et aux auditions de témoins lors de la première phase du procès, en février dernier.
Tenu par l'accusation pour responsable des lenteurs suspectes de réaction de l'armée centrafricaine contre les putschistes, l'ancien ministre avait mis en cause les carences du commandement militaire de l'époque et les ambitions personnelles de certains de ses chefs.
Aucun des témoins, parmi lesquels des militaires et plusieurs ministres en charge des questions de sécurité au moment des faits, ne l'avait mis en cause formellement.
BANGUI, 17 sept (AFP) - 14h00 - L'ancien ministre centrafricain de la Défense, Jean-Jacques Démafouth, a comparu à nouveau mardi devant la Cour criminelle de Bangui pour le crime présumé d'"atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat", passible de la peine de mort ou la prison à perpétuité, a constaté un journaliste de l'AFP.
M. Démafouth, accusé par la justice centrafricaine d'avoir préparé un coup d'Etat parallèle au putsch avorté du 28 mai 2001 à Bangui, s'était déjà longuement expliqué en février et mars derniers, mais son procès avait été suspendu en raison du retrait collectif des avocats de la Défense.
L'audience de mardi a été suspendue après une heure et demi de débats et reprendra mercredi matin.
La Cour criminelle a donné son accord à une requête des avocats de l'ancien ministre demandant que lui soit communiquée et "publiquement entendue", une écoute téléphonique retenue comme pièce à conviction par le ministère public, dont M. Démafouth conteste l'authenticité.
Il s'agit d'une conversation au cours de laquelle le ministre aurait sollicité, le 26 juillet 2001, un renfort de plusieurs centaines d'hommes auprès du chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba pour l'aider à renverser le président Ange-Félix Patassé.
Selon cette écoute, dont l'AFP a eu connaissance, le chef rebelle aurait décliné cette demande trop risquée à ses yeux, mais prodigué des conseils à M. Démafouth pour parvenir à ses fins sans encourir une condamnation de la communauté internationale.
M. Bemba avait volé au secours du président Patassé lors du putsch avorté de mai 2001, en dépêchant à Bangui plusieurs centaines d'hommes qui avaient "sécurisé" les quartiers riverains de la capitale centrafricaine.
Interrogé en septembre 2001 par l'AFP sur l'enregistrement téléphonique en possession de la justice centrafricaine, il en avait également contesté l'authenticité et formellement nié avoir été contacté par M. Démafouth pour un coup d'Etat.
Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 11