Curieuse guerre de Bangui où tout se mêle et plus personne ne sait qui est l'allié et qui est l'adversaire. De nombreux intérêts politico-économiques sont en jeu. La population payent les frais : les maisons et les habitants tombent sous les coups des bombardiers libyens, des balles perdues projetées par les assaillants, les éléments loyalistes, les sociétés privées de sécurité dont les dignitaires centrafricains sont actionnaires, et les troupes de Jean-Pierre Bémba arrivés en grand renfort. Les scènes de pillage, sans compter les "visites" des résidences désertées, s'ajoutent à la crise longtemps installée : flambée des prix, pénurie, famine, décès et cadavres qu'on ne peut plus ensévelire.
La bataille de Bangui continue ce jour 30 octobre 2002 sous la pluie, autour de la résidence vidée du Chef de l'Etat, en attendant les derniers assauts promis par le porte-parole du gouvernement.
Alliances et intérêts dans la bataille de Bangui : analyses (RFI, médias), 28 octobre 2002
CITE DU VATICAN, 3O oct (AFP) - 13h50 - Le Vatican a adressé mercredi un appel à la communauté internationale en faveur de la pacification en Centrafrique, invitant la population à renoncer à l'usage des armes et à respecter l'ordre constitutionnel.
"La Secrétairerie d'Etat, informée des graves événements auxquels sont confrontées les populations de la République Centrafricaine, souhaite que ses habitants sachent renoncer au recours à la force qui conduit à la ruine et sachent respecter l'ordre constitutionnel", a affirmé le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls.
La Secrétairerie d'Etat "encourage la communauté internationale à continuer son action en faveur de la paix et l'Eglise locale à insister dans ses activités en faveur d'une coexistence pacifique et fraternelle", indique encore le porte-parole.
Le pape avait adressé en juin dernier un appel aux forces qui s'affrontent en République centrafricaine leur demandant de déposer les armes et de chercher des solutions pacifiques.
La capitale centrafricaine est le théâtre de combats entre l'armée gouvernementale, soutenue par des soldats du Front de libération du Congo (FLC) de Jean-Pierre Bemba, et les "mutins" qui ont tenté de renverser le président Ange-Félix Patassé, réélu en octobre 1999 pour un mandat de six ans.
Les forces loyalistes et les éléments rebelles s'affrontent depuis vendredi dernier dans les quartiers nord de Bangui.
BANGUI, 30 oct (AFP) - 12h40 - Des tirs nourris d'armes automatiques sont entendus mercredi, depuis environ midi (11H00 GMT), dans les quartiers nord de Bangui où se concentrent depuis le 25 octobre les affrontements entre les forces loyalistes au président Ange-Félix Patssé et les éléments rebelles, a constaté le correspondant de l'AFP.
Ces tirs proviennent des quartiers Gobongo, Boy-Rabé, Combattants et Ben-Zvi, situés au nord de l'hôpital de l'Amitié.
Un calme précaire, interrompu par des tirs sporadiques et les vols des avions de reconnaissance libyens bombardant à l'occasion des positions présumées des rebelles, était jusqu'alors observé depuis lundi soir dans la capitale centrafricaine.
En aval des quartiers nord, les partisans du général François Bozizé, ancien chef d'Etat-major des forces armées centrafricaines, tiennent également des positions plus avancées en direction du centre-ville, notamment du côté de l'Assemblée nationale,
BANGUI, 30 oct (AFP) - 12h01 - Le calme observé pendant la journée de mardi et la nuit dernière se prolongeait mercredi matin à Bangui, au sixième jour d'une épreuve de force contre le régime centrafricain engagée par les partisans de l'ancien chef d'Etat-major François Bozizé, a constaté mercredi le correspondant de l'AFP.
La pluie tombait en abondance sur la capitale centrafricaine dans la matinée, rendant inutilisables les avions libyens qui procèdent depuis le début des évènements à des missions de reconnaissance mais également à des tirs sur les positions présumées des mutins.
Un contingent libyen assure depuis 18 mois la sécurité du président Ange-Félix Patassé,
Quelques tirs d'artillerie lourde ont été entendus en fin de matinée provenant des positions libyennes, autour de la résidence présidentielle, en direction des quartiers nord.
Dans la partie sud et sud-ouest de la ville ainsi qu'au centre-ville, le trafic urbain -taxis, minibus- était normal. Les boutiques de quartier et une partie des magasins étaient ouverts mais le marché central était fermé ainsi que les banques, plusieurs des grandes artères entre le centre-ville et les quartiers nord restant désertes.
Depuis dimanche, des barrages contrôlés par des éléments de l'Unité de Sécurité Présidentielle (USP), ont été établis aux entrées sud-ouest de la ville. Ces contrôles ont été renforcés mercredi matin, les voyageurs devant désormais y présenter une pièce d'identité.
Le prix des produits de première nécessité -farine, lait, sucre- ont commencé à augmenter et le carburant se fait rare, la majorité des stations service étant situées dans les quartiers nord où se sont concentrés les combats ces derniers jours.
Le kilo de sucre est ainsi passé de 700/750 FCFA (environ 1,10 EUR) en moyenne habituellement, à 900 (1,37 EUR), 1.000 (1,52 EUR), voire 1.100F CFA. (1,68 EUR). La bière ordinaire est passée de 400 à 600 FCFA (0,61 à 0,91 EUR).
Même les cartes pour les téléphones portables se vendent largement au-dessus de leur prix normal (2.500, voire 3.000 FCFA au lieu de 2.000, par exemple). Le portable ne fonctionne pourtant quasiment plus depuis mardi à Bangui, vraisemblablement en raison de l'absence d'entretien du réseau par les techniciens, qui, avec les employés ne peuvent plus se rendre à leur travail depuis le 25 octobre.
La radio nationale, qui n'avait diffusé mardi après-midi que de la musique religieuse, a relancé le même programme mercredi matin avant de reprendre, vers 07H30 GMT la diffusion de musique populaire. Elle a également appelé la population à garder l'écoute.