Le PAM préoccupé par le sort des habitants du nord de Bangui
NAIROBI, 15 novembre (IRIN) - Le directeur
des opérations du Programme alimentaire mondial des Nations Unies en République
centrafricaine, David Bulman, s'est déclaré jeudi « fort préoccupé » par les
conditions de vie et la sécurité alimentaire des habitants des quartiers nord de
la capitale, Bangui.
« Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour leur venir en aide mais la
présence d'éléments armés entrave l'accès à ces quartiers, » a-t-il confié à
IRIN.
M. Bulman a précisé qu'avec l'aide de ses partenaires, le PAM a réussi à
distribuer « quelques aliments » aux personnes les plus vulnérables - une
classification englobant généralement les enfants de moins de cinq ans, les
femmes enceintes, les mères qui allaitent et les personnes atteintes de maladies
- vivant dans un périmètre situé de 12 à 24 km du centre de Bangui.
Cette aide alimentaire, soit environ 9 tonnes de nourriture, a-t-il précisé,
équivaut à quelque 18 000 rations. Il a ajouté qu'environ 2 000 personnes ont
reçu de la nourriture ce vendredi. « Nous sommes très satisfaits de ce qui a été
effectué, » a-t-il lancé.
Certains habitants se sont réfugiés dans cette banlieue nord de Bangui afin
d'échapper aux affrontements survenus du 25 au 31 octobre entre rebelles et
troupes du gouvernement appuyées par leurs alliés. Le président de
l'Observatoire centrafricain des droits de l'homme en RCA, Lambert Zokeozo, a
indiqué samedi à IRIN que cette zone - baptisée PK 12 - a été le théâtre d' un
grand nombre de massacres pendant les combats qui ont opposé les troupes
progouvernementales à celles du général militaire dissident, François Bozizé.
Quelque 200 troupes libyennes dépêchées en RCA pour protéger le président
Ange-Félix-Patassé et les rebelles du Mouvement de libération du Congo, dirigé
par Jean-Pierre Bemba, ont réussi à repousser les militants de François Bozizé.
Cependant, des troupes de M. Bozizé ont été observées à 55 km du nord de Bangui.
Leur proximité associée aux récents combats a créé un climat d' insécurité dans
la ville de Bangui. Face à cette nouvelle crise centrafricaine, les pays de la
Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale ont mis à disposition
de la RCA un contingent de 300 à 350 soldats attendus sous peu à Bangui.
Lors des affrontements, les fermiers n'ont pas été en mesure d'approvisionner la
ville en denrées alimentaires, provoquant de ce fait une hausse des prix
considérable. Le PAM a fait savoir que le prix des principales denrées
alimentaires, notamment le manioc, a quasiment doublé et les prix continueront
vraisemblablement de grimper si la crise se prolonge.
Ainsi, un sac de 100 kg de manioc, aliment de base, qui coûtait 9 000 francs CFA
(14,38 dollars) avant le conflit, se vend aujourd'hui à 15 000 francs (24,38
dollars).
« La population ici vit déjà dans des conditions très difficiles dues à une
extrême pauvreté et au non paiement des salaires des fonctionnaires, » a précisé
M. Bulman.
L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture continue
de surveiller les prix du marché en ce qui concerne les principales denrées
alimentaires tandis que le PAM et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance
observent l'évolution de la situation nutritionnelle. M. Bulman a informé que le
PAM s'attachera à recenser les groupes de personnes vulnérables nécessitant de
l'aide « pendant toute la durée de la crise ».
UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs IRIN, 2002