BANGUI, 11 nov (AFP) - 13h58 - Le président centrafricain Ange-Félix Patassé a semé le trouble sur le mandat d'une force de paix inter-africaine attendue prochainement en Centrafrique, en s'opposant au départ de Bangui des Libyens et rebelles de RDCongo qui soutiennent son régime, estiment les observateurs.
M. Patassé a exclu samedi, dans un entretien à l'AFP, tout départ du contingent libyen qui assure sa protection depuis mai 2001 dans la capitale centrafricaine.
Il a annoncé le maintien des rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, qui ont sauvé son régime lors du coup d'Etat manqué du 25 octobre, mené par les partisans de l'ancien chef d'état-major centrafricain, François Bozizé.
Ces déclarations semblent contredire l'esprit du sommet des chefs d'Etats d'Afrique centrale du 2 octobre dernier à Libreville, qui avait décidé l'envoi en RCA d'une force de paix de la Communauté économique et monétaire des Etats d'Afrique centrale (CEMAC) de 300 à 350 hommes.
Selon cet accord, signé par M. Patassé, cette force devait en effet comprendre une "compagnie spéciale" chargée d'assurer sa sécurité, implicitement à la place des Libyens.
Elle devait aussi envoyer des "observateurs" veiller au bon déroulement de la sécurisation de la frontière tchado-centrafricaine par des patrouilles militaires mixtes de ces deux pays.
Le président Patassé semble désormais exclure ces patrouilles mixtes. Il accuse en effet le Tchad de vouloir annexer le nord de la RCA pour s'emparer de son pétrole et d'avoir orchestré le coup de force des hommes de Bozizé.
La force de la CEMAC aura donc pour "mission principale" de sécuriser la frontière tchado-centrafricaine, a-t-il affirmé samedi.
Mais il n'est pas du tout évident que la CEMAC accepte cette redéfinition "unilatérale" de son mandat, faisait valoir lundi une source officielle gabonaise, sous le couvert de l'anonymat.
Les accords de Libreville ne prévoient pas un rôle "d'interposition" de la CEMAC, soulignait-on.
Les déclarations de M. Patassé interviennent alors que le commandant de la force CEMAC, le général gabonais Mohamed Achim Ratanga, est arrivé la semaine dernière à Bangui pour préparer son déploiement, initialement prévu d'ici une dizaine de jours.
Lundi, le président Omar Bongo lui a demandé, ainsi qu'au représentant spécial en RCA du secrétaire général de l'ONU, le général sénégalais Lamine Cissé, de venir le rencontrer dans la journée à Libreville pour "éclaircir" certains points, a-t-on appris de source militaire.
Le Tchad ne veut "pas du tout continuer à avoir des Libyens au nord et au sud" de son territoire, a commenté cette source.
Le président Patassé ne vient de sauver une nouvelle fois son régime que grâce à l'intervention musclée des Libyens et des rebelles congolais de Jean-Pierre Bemba.
Il a souligné samedi qu'il n'envisageait pas à court terme le départ de ces alliés, estimant que "chacune des forces présentes sur le territoire a une fonction bien précise".
"Les Libyens sont là pour ma protection personnelle et c'est une présence permanente", a-t-il dit.
Ces derniers sont soutenus, sous l'égide de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (COMESSA), de contingents soudanais et djiboutien, estimés à une centaine d'hommes chacun.
Quant au départ du millier d'hommes de Jean-Pierre Bemba, annoncé pour imminent la semaine dernière par un de ses ministres, M. Patassé est resté flou: "Quand j'aurai consolidé la paix, je verrai".
Selon M. Patassé, il n'y pas de contradiction entre le maintien de ces troupes à Bangui et la force CEMAC: "nous venons de créer l'Unité Africaine et nous allons vers une armée africaine".
BANGUI, 11 nov (AFP) - 10h48 - Les généraux Lamine Cissé et Mohamed Hachim Ratanga, vont effectuer lundi une visite éclair à Libreville pour rencontrer le président gabonais Omar Bongo afin d'éclaircir certains points de l'accord de Libreville, prévoyant le déploiement d'une force d'interposition en Centrafrique, a-t-on appris de source militaire.
Les deux généraux, respectivement chef du Bureau des Nations unies pour la Centrafrique (BONUCA) et commandant de la force de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC), "vont faire un aller-retour à Libreville dans la journée à la demande du président Bongo", a indiqué cette source.
Ce déplacement fait suite aux déclarations du président centrafricain Ange-Félix Patassé qui avait affirmé samedi que le contingent libyen, qui assure sa sécurité depuis 18 mois, allait rester à Bangui indépendamment de l'arrivée imminente d'une force CEMAC, dont le mandat inclut notamment la protection du chef de l'Etat.
Pour le président Patassé, l'essentiel de la force CEMAC doit être postée à la frontière nord, tchado-centrafricaine, afin de la sécuriser.
La création de cette force de 300 à 350 hommes, dont l'état-major est arrivé le 7 novembre à Bangui, avait été décidée lors d'un sommet des chefs d'Etat d'Afrique centrale, le 2 octobre à Libreville, afin de désamorcer la tension entre le Tchad et la Centrafrique.
Si les chefs d'Etat tchadien et centrafricain s'étaient embrassés à cette occasion, la tension est remontée de plus belle à la suite d'une tentative de coup d'Etat le 25 octobre, dont Bangui impute la responsabilité à N'Djamena.
"Les Tchadiens ne veulent pas du tout continuer à avoir des Libyens au nord et au sud", a commenté cette source.
Bordé à sa frontière nord par la Libye, le Tchad a exprimé à plusieurs reprises sa préoccupation concernant la présence de soldats libyens sur son flanc sud, en Centrafrique.