6 000 habitants du nord-ouest de la République Centrafricaine ont un besoin urgent de secours, selon la Croix-Rouge
BANGUI, 2
décembre (IRIN) - Ayant fui les récents combats opposant
les troupes gouvernementales aux rebelles, près de 6 000
habitants de la ville de Bossembélé, au nord-ouest de la
République centrafricaine (RCA), ont cruellement et
immédiatement besoin d'être secourus, a déclaré le
secrétaire général de la Croix-Rouge centrafricaine, Patrice
Yagenga.
"Une trentaine de maisons ont été incendiées et 80 pour
cent des quelque 7 000 habitants de Bossembélé sont encore dans
la brousse", a-t-il confié à IRIN, samedi à Bangui.
Il signale que ces gens ont encore peur de revenir dans leur
ville, située à 157 km au nord-ouest de la capitale, Bangui.
Les troupes gouvernementales, soutenues par les combattants
rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC), de
Jean-Pierre Bemba, ont chassé de Bossembélé la semaine
dernière les rebelles centrafricains fidèles au général
transfuge François Bozizé.
La Croix-Rouge centrafricaine a effectué une visite
d'évaluation de trois heures à Bossembélé. Elle a alors
distribué aux victimes des couvertures et articles ménagers,
mais en quantités insuffisantes. M. Yazenga signale que la
Croix-Rouge a fait appel aux donateurs pour pouvoir distribuer
ces articles, ainsi que de la nourriture et des tentes.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a jugé que le niveau
insuffisant de sécurité prévalant dans cette zone l'empêchait
de procéder à une évaluation complète des besoins de ses
habitants. "Nous ne pouvons pas nous rendre au-delà de PK
22 [22 km au nord-est de Bangui]", a déclaré vendredi
Albert Bango-Makoudou, chargé de programme au PAM.
Durant ce temps, une équipe nationale de crise, mise en place
pour aider les victimes de viols commis durant les combats entre
forces gouvernementales et rebelles, a amorcé ses travaux le 25
novembre, soit un mois après l'invasion de la capitale.
Cette équipe comprend un gynécologue, une avocate, un
psychologue et un expert en communication. Elle a notamment
commencé à contacter des partenaires nationaux et
internationaux au nom des victimes de viols.
Des membres du MLC, un mouvement basé en République
démocratique du Congo, auraient perpétré la plupart de ces
viols. Même si le nombre des cas d'agressions sexuelles n'est
pas connu, le président du comité de crise sur le viol, Sacko
Wilibiro, déclare que "les premiers rapports, qui demeurent
encore provisoires, révèlent que 100 femmes ont été
violées". On compte parmi elles une vingtaine de cas
particulièrement difficiles ayant nécessité des soins
intensifs, a-t-il ajouté.
La "principale difficulté" rencontrée pour rassembler
des statistiques précises sur les victimes de viols, réside
dans le fait que les victimes, notamment les femmes musulmanes,
refusent de divulguer les détails des épreuves qu'elles ont
subies, explique-t-il. De son côté, la présidente du Bureau
national des femmes musulmanes, Hadidja Sarah Nimaga, affirme que
30 des 140 musulmanes tchadiennes ayant fui les combats, ont
été victimes de viols.