UN NIEME DIALOGUE NATIONAL : POURQUOI FAIRE ?
UN NIEME COUP D’ETAT : CONTRE QUI ?
La situation qui prévaut aujourd’hui dans notre pays interpelle chaque centrafricaine et chaque centrafricain.
C’est dans ce sens que nous voulons apporter notre contribution à la réflexion devant conduire à une véritable résolution des cauchemars auxquels notre pays a pris goût depuis 1996.
Mais avant de proposer une esquisse de solutions, il est impérieux de faire une analyse froide de l’évolution de la situation socio-politique de notre pays ces dernières années dans le cadre de ces deux paradigmes.
Car tout se passe comme si la RCA n’est peuplée que d’amnésiques, à telle enseigne que très peu de compatriotes sont à même de tirer les leçons de notre vécu ; afin de formuler des solutions réalistes et durables. N’est ce pas cet état d’amnésie collective qui fait que notre pays est toujours à la case départ ?
En formulant le premier titre de notre article, nous voulons nous adresser tout d’abord aux tenants de la thèse de « la nécessité d’un Dialogue National »
Est-il inutile de rappeler qu’au sortir de la crise politico-militaire des années 1996/1997, une large frange représentative de la société centrafricaine s’était retrouvée pour, non seulement, faire une analyse sans complaisance de la situation de notre pays depuis l’avènement de la démocratie, mais surtout proposer des mesures, des structures et des mécanismes susceptibles de permettre à notre pays de sortir de cette spirale infernale.
La mise en œuvre de toute cette batterie de recommandations, de résolutions devait permettre de jeter les bases d’un développement socio-éconimique harmonieux devant faire reculer la misère de la plus grande masse ; misère qui constitue, en fait, l’une des principales causes de ces soubresauts. .
Qu’est-il advenu de tout cela ? Rien, mais rien du tout.
Le Gouvernement d’Union National ( G.U.N) ; Le Programme Minimum Commun ( P.M.C) ;
Le Pacte d’Accord Politique (P.A.P)…………….tout cela a été rangé au placard.
En fait, le Président PATASSE, en fin manœuvrier, a une logique et une seule « Démocratiquement élu », il n’a de compte à rendre à personne, même pas au peuple qui l’a démocratiquement élu.
C’est lorsque son fauteuil chancelle qu’il découvre les vertus du dialogue et là il est prêt à tout accepter tant que son fauteuil peut être sauvé.
Dès que la pression baisse et que tout danger est écarté, son « ego » reprend le dessus et nous voici comme en 14.
C’est pourquoi, nous pensons que sauf à vouloir faire gagner du temps et donc à faire baisser la pression, eh bien allons y pour le Dialogue National.
Autrement nous conseillons aux tenants de cette thèse de dépoussiérer tous les documents du dernier Dialogue National, de changer les dates pour les actualiser et de tout remettre au Président Patassé pour leur exécution. Car nous ne voyons pas ce qu’ils diront de plus qui n’aurait pas été déjà dit.
Quant aux partisans d’un nième Coup d’Etat, nous disons d’abord qu’en tant que démocrate, nous ne pouvons adhérer à une telle thèse. Même si nous sommes tout à fait d’accord que le fait d’être « démocratiquement élu », ne signifie pas un chèque en blanc pour « misérabiliser » son peuple.
Certes dans l’histoire de nombreux pays africains, dont le nôtre, il y a eu des coups d’Etat salutaires. Mais que constatons nous depuis plus de six (6) ans ? C’est qu’à plus de cinq reprises, au lieu d’aller extirper le « mal », les tentatives des putschs se sont soldées, non seulement, par des échecs cuisants, mais encore le prix fort a été payé par le peuple.
L’auteur de cet article ne résidant ni au bord de la Seine, ni aux alentours de Mississipi, mais bien sur le territoire national au bord de l’Oubangui et ayant vécu toutes ces affres dans sa chair, sait de quoi il parle à propos de « payer le prix fort ».
C’est à se demander si c’est contre le peuple que les différents Coups d’Etat sont dirigés ou contre celui qui est le principal responsable de sa misère.
Une certaine frange de la population centrafricaine opterait pour une solution constitutionnelle, c’est à dire que le Président Patassé démissionne et remette le pouvoir au Président de l’Assemblée Nationale.
Outre que cette solution a été écartée par le principal intéressé au cours de sa rencontre avec les chefs de quartier, mais même si on devait opter pour ce choix, il faudrait prendre en considération un certain nombre de facteurs. En effet, la Constitution, dans ce cas, ne donne que 90 Jours au Président de l ‘Assemblée Nationale pour organiser les élections. Très sincèrement peut on valablement organiser des élections dans le contexte actuel ? Où les conditions psychologiques, économiques et financières ne sont pas réunies. Nous pensons que c’est un leurre.
Par ailleurs, il se crée ça et là des structures qui se concertent pour mettre en place des stratégies de sortie de crise. Il en est ainsi du front qui a vu le jour à Paris le 07 Décembre dernier.
Si l’on peut encourager mais surtout féliciter le courage des centrafricains à se mettre ensemble pour trouver les voies et moyens à la résolution des problèmes de leur pays, il est aussi impérieux d’attirer l’attention des uns et des autres pour ne pas encore dans le piège de 1993.
Il faut, en toute chose, savoir raison garder et ne pas se laisser emporter par nos émotions.
Ne pas adhérer à la thèse développer par l’une des grandes figures de notre continent qui disait : « L’émotion est nègre, la raison est hellène. »
Aujourd’hui tout le monde est d’accord pour le départ de Patassé parce que son règne n’a amené que misère, désolation, deuil et pleurs dans chaque foyer centrafricain. Mais prenons garde, car il y a beaucoup de gênes type Patassé au sein de l’intelligentsia centrafricaine. Ne faisons pas feu de tout bois pour obtenir le départ de Patassé. Ne faisons pas des alliances contre nature.
Le front du 7 Décembre en est une parfaite illustration.
Comment peut on rencontrer dans une même structure, ceux qui hier se sont battus pour chasser Kolingba pour mauvaise gestion de la chose publique, avec le même Kolingba qui non seulement a échoué après douze ans de pouvoir, sauf si lors de sa traversée de désert il se serait amélioré, mais encore qui a eu à faire subir les pires sévices à un certain Bozézé, lequel se retrouve aussi dans le front, avec son ancien bourreau, mais qui’ du reste a pris sa revanche en matant le même Kolingba et les siens au lendemain du Coup d’Etat manqué du 28 Mai 2002.
Arrêtons là les circonvolutions, pour dire tout simplement que ce front est si hétéroclite qu’il pose plus de problèmes qu’il n’en règle. D’ailleurs, les dernières déclarations d’un des ténors de ce front « qui voudrait se réconcilier avec son grand frère », en disent long.
Mais me direz finalement quelle issue pour sortir de cette ornière.
Eh bien, comme nous l’avons dit au début de cette note, il est indispensable de tirer les leçons du passé pour asseoir quelque chose de réaliste et durable.
La proposition ci-dessous s’articulera autour de trois fondamentaux qui, à notre avis, peuvent constituer des voies de sortie à la crise centrafricaine.
Le premier élément c’est de la nécessité d’une période de transition.
Notre pays se trouve dans un tel état que même les meilleurs spécialistes de Bretton Woods ne pourront le mettre debout ;s’il n’y avait de travaux de déblayage et de mise au net.
Cette période de transition pourrait correspondre à deux ans ( le reste du mandat du Président Patassé) ou à trois ans ( délai relativement correct, vu l’état de déliquescence du pays) si tant est que tous les acteurs devaient s’accorder sur les structures de gestion de cette période.
Le second élément est la structure de gestion politique de cette période de transition
Qu’il vous souvienne, lorsqu’en 1992, notre pays s’est retrouvé bloquer ; il a été mis en place le Comité Provisoire Politique, qui était composé, outre du Chef de l’Etat, d’un certain nombre de leaders ayant une assise sur le plan national et International.
Pourquoi alors ne pas tirer toutes les leçons de ce vécu, quitte à l’actualiser et en faire un organe de gestion politique de la transition. Outre que cette structure aura la charge de jeter les bases d’une véritable réconciliation nationale ; elle pourra s’appesantir sur certaines dispositions de la constitution dont la révision s’avère nécessaire aussi bien pour une gestion plus rigoureuse de l ‘économie de notre pays ( les pouvoirs du Premier Ministre) ; que pour une cohésion plus parfaite de la société ( la multitude des partis crées souvent sur des bases ethno-régionalistes).
Nous ne nous faisons pas trop d’illusion sur les chances que cette formule puisse être acceptée par le Président Patassé.
Non seulement la pression nationale et internationale doivent l’y contraindre, mais il est temps que « le démocratiquement élu » cesse de jouer à l’autruche. Car si personne ne conteste le fait que c’est par le suffrage qu’il est arrivé au pouvoir, il convient aussi de souligner qu’aujourd’hui sa légitimité est mise à rude épreuve et il doit en tirer toutes les conséquences. L’exemple le plus patent est que depuis les derniers événements, pas une seule fois, on a vu descendre dans les rues une masse critique de ses partisans pour le soutenir, contrairement à son collègue Gbagbo qui, malgré tout continue de bénéficier du soutien d’une frange de la population ivoirienne. D’ailleurs le succès retentissant de la dernière ville morte est là pour témoigner de cette légitimité évanescente.
Le troisième élément fondamental est la structure de gestion économique, financière et sociale de la période de transition
Cette structure doit être pilotée par un compatriote qui en a les compétences et les qualités,
mais qui a une audience tant sur le plan national qu’international. Entourée d’une équipe composée de cadres du même profil et provenant d’horizons divers, sans considération particulière de leur appartenance politique, cette structure doit avoir une mission précise, définie au travers des termes de référence clairs pouvant s’articuler autour des points suivants :
La restauration de la sécurité sur toute l’étendue du territoire ;
La remise en route de l’appareil de l’Etat par :
- une solution définitive aux problèmes d’arriérés de salaires ;
- un rythme normal de versements de salaires mensuels ;
- la remise en état des infrastructures routières en particulier les rues de Bangui et les principales voies d’accès dans l ‘arrière pays ;
- la remise en état des infrastructures sanitaires et éducatives ;
- la relance des activités agro-pastorales…….
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Ces différentes actions ne peuvent être menées qu’avec l’appui des partenaires extérieurs,
dans le cadre d’un programme d’urgence que le gouvernement devra élaboré dès sa mise en place. Chaque secteur devra l’objet d’un diagnostic précis, des actions envisagées pour atteindre les objectifs préalablement fixés, le budget nécessaire ainsi que toutes les modalités de mise en œuvre et surtout d’évaluation.
Nous sommes convaincus que sur cette base de sérieux et de sincère volonté, notre pays pourra bénéficier des concours de nombreux partenaires qui, comme nous, croient encore en la République Centrafricaine.
Comme quoi, il y a du grain à moudre. Mais me direz-vous, pour mettre en œuvre ces esquisses ne faille-t-il pas que l’on se retrouve autour d’une table ?
Oui, mes frères et sœurs, à condition que ce qui sortira de ce tour de table soit le menu de tout le monde et que chacun s’engage à faire en sorte qu’il ne soit pas mis dans le buffet de peur qu’il ne faisande comme ce fut le cas des autres mets. Dans ce cas alors !!!!!!!!!! mettons nous à table.
SITIYEAKO