LES CONTREVERITES DE LOME , L'EGO ET L'AUTO-SATISFACTION
La rumeur persistante voudrait
que Bozizé tombasse sous les pieds du président Patassé et lui demandât pardon
pour une réconciliation entre frères. Ainsi les commentaires allassent bon train
pour le malin plaisir du radio trottoir. Comment des élites et des cadres en
voie de se faire pétrifiés dans un ego ou d'entrer en hibernation, ne puissent
pas se rendre compte de l'état squelettique des gens qu'ils fréquentent ou qui
les entourent. D'aucuns diraient qu'on a le chef qu'on mérite, donc il ne faut
pas s'en plaindre.
Aujourd'hui, le Wakodro n'est pas à une contradiction près. Il est vain de
chercher à jeter l'anathème sur l'autre et de crier au voleur ou de dire tout le
monde est incapable.
Mais qui est responsable de ce qui se passe ? Il faudra un jour redevenir
sérieux et pouvoir traiter sereinement des problèmes graves qui agitent la
République Centrafricaine.
Que tous les enfants du pays se retrouvent d'une façon ou d'une autre autour
d'une table, qu'elle soit ronde, ovale, triangulaire, rectangulaire. Mais enfin,
il faudra s'en sortir ou bien disparaître. Le seul facilitateur en vue immédiatement,
s'il le décide, est le Président Patassé qui, selon toute vraisemblance,
dévoilera son plan le 31 décembre 2002 au soir. Un second est le peuple
centrafricain lui-même. Le reste est un pur débat d'auto-satisfaction ou un
calcul d'intérêt étranger à celui du pays dans son ensemble.
Le sage et le rebelle
L'intelligent Centrafrique
N° 2189
Du 22 au 27 décembre 2002
Réfugié en France après l’échec de la tentative de coup d’État du 25 octobre (mais pas encore de la rébellion), le général François Bozizé s’est rendu le 18 décembre à Lomé afin d’y rencontrer, à sa demande, le président Gnassingbé Eyadéma. L’ancien chef d’état-major de l’armée centrafricaine a pris le vol Air France à destination d’Abidjan, via la capitale togolaise, où il a été le seul passager à descendre. Bozizé, qui devait regagner Paris après son audience, contrôle encore une partie du nord de la Centrafique (à la frontière du Tchad), par l’intermédiaire de son fils, le caporal-chef Francis Bozizé, qui dispose de l’une des deux valises satellitaires de la rébellion.
Le lendemain, à Bangui, alors que le général se trouvait encore à Lomé, le président Ange-Félix Patassé s’est entretenu avec Jean Ping, le ministre gabonais des Affaires étrangères, Ali Abdessalam Treiki, le « monsieur Afrique » de Kaddafi, et Jean-Pierre Bemba, le chef rebelle – désormais vice-président – congolais, des voies et des moyens d’un déploiement du contingent d’interposition de la Cemac.
Comment le chef de l’État centrafricain, qui envisage par ailleurs de nommer un médiateur chargé du « dialogue national » en la personne de l’ex-Premier ministre Henri Maïdou, accueillera-t-il l’entretien accordé par Eyadéma à Bozizé ? Sans doute plus sereinement qu’on ne le pense. D’abord, parce que le chef de l’État togolais a toujours été l’un de ses « protecteurs ». Ensuite, parce qu’il héberge, à sa demande, depuis plusieurs semaines, Abdoulaye Miskine, l’un de ses lieutenants (et ennemi juré de Bozizé). Il serait donc pour le moins prématuré de conclure que la rencontre Eyadéma-Bozizé signifie que le « sage » de Lomé a décidé d’appuyer le « rebelle » de Bangui.