L'opposition centrafricaine accuse Patassé de "haute trahison"
Paris, France (PANA)
, 15/12/2002 - Les partis de l'opposition centrafricaine, regroupés dans la Plate-forme mise en place le 7 décembre dernier, ont accusé, ce week-end à Paris, le président Ange-Félix Patassé d'avoir commis un acte de "haute trahison", en appelant à sa rescousse les troupes du rebelle congolais Jean-Pierre Bemba."Le président Patassé a fait venir sur notre territoire des rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC), qui ont ouvert le feu sur la population, violé des jeunes femmes, pillé des magasins avant d'installer le chaos. C'est un acte de haute trahison qui justifie amplement son départ du pouvoir", a déclaré la PANA Henri Grothe, coordonnateur de la Plate-forme.
Il a en outre accusé le chef de l'Etat centrafricain d'avoir utilisé des moyens aériens pour bombarder les populations civiles de Damara (à 115 km de Bangui) qui pourrait, a-t-il ajouté, à nouveau être soumis aux bombes larguées par les avions étrangers dans les prochains jours.
"Si le président Patassé contrôle comme il le prétend le pays, pourquoi a-t-il fait bombarder la ville de Damara ? Pourquoi s'apprête-t-il à le faire à nouveau", s'est interrogé l'opposant centrafricain qui a nié tout lien de connivence des partisans de François Bozizé avec le Tchad.
Selon le coordonnateur de la Plate-forme, le Tchad ne s'est jamais engagé militairement aux côtés des hommes de l'ancien chef d'état-major des Forces armées centrafricaines, François Bozizé, auquel N'djaména avait, a-t-il dit, offert "l'hospitalité" pour favoriser un règlement politique de la crise politique en Centrafrique.
Présentant l'action menée par les hommes de Bozizé comme "une insurrection populaire" contre "un président vomi" par son peuple, M. Grothe a appelé la communauté internationale à rompre le silence sur les atteintes aux droits de l'homme commises par le régime de Patassé et ses alliés extérieurs, notamment le millier "d'enfants-soldats" dépêchés par Jean-Pierre Bemba.
"La communauté internationale doit éviter d'avoir une lecture mécanique de la légalité constitutionnelle en Centrafrique. Elle ne peut, sous aucun prétexte, continuer de soutenir un président isolé qui vit enfermé dans Bangui seulement et qui se méfie de son propre peuple", a affirmé Henri Grothe.
L'opposition pour une transition consensuelle en Centrafrique
Paris, France (PANA), 14/12/2002 - Plusieurs partis politiques centrafricains regroupés dans une "Plate-forme" politico-militaire formée le 7 décembre dernier ont annoncé samedi à Paris leur intention de mettre en place une "transition consensuelle" de trois ans dans leur pays confronté depuis de nombreuses années à une crise politique.
Dans un entretien accordé à la PANA, M. Henri Grothe, coordonnateur du regroupement de l'opposition centrafricaine, a précisé que cette transition consensuelle, qui aura pour mission de "reconstruire le pays", devrait consacrer la fin du régime actuel de Bangui.
"Nous avons les moyens militaires et politiques de chasser le président Patassé du pouvoir. Les hommes du général Bozizé, qui sont nos alliés dans la Plate-forme, sont actuellement sur le terrain. Ils sont chaque jour rejoints par une dizaine d'éléments des Forces armées centrafricaines (FACA). La chute du régime de Bangui n'est qu'une question de temps", a assuré M. Grothe.
Selon le coordonnateur de la Plate-forme, les forces politico-militaires, regroupées sous le leadership du général François Bozizé, ancien chef d'Etat-major des FACA, contrôlent actuellement 70% du territoire centrafricain.
"Le président Patassé ne contrôle que Bangui où il vit coupé de son peuple et protégé par les forces étrangères. Pour notre part, nous contrôlons de Bossembélé à Bria, soit au moins 70% du territoire national. Nous sommes simplement gênés dans notre progression par les armées étrangères", a déploré l'opposant centrafricain.
Le règlement de la crise en RCA, a-t-il assuré, passe par la remise en cause de tous les soutiens extérieurs au président Patassé, notamment celui que lui confère, selon M. Grothe, l'accord de Libreville, parrainé par la Communauté Economique des Etats d'Afrique centrale (CEMAC).
Estimant que M. Patassé a "perdu tout soutien" de son peuple et qu'il n'est protégé que par "des mercenaires étrangers", l'opposition centrafricaine en exil en France exhorte les Etats de la CEMAC à reconsidérer leurs positions vis-à-vis du chef de l'Etat centrafricain.
"Le président Patassé n'a jamais tenu ses engagements. C'est pour cette raison que nous refusons son offre de dialogue. Nous demandons du reste à la CEMAC de retirer ses troupes de notre pays. En tout état de cause, nous continuerons sur notre schéma d'installation d'une transition de trois ans au terme de laquelle nous organiserons des élections générales", a dit Henri Grothe.