GORE (Tchad), 17 jan (AFP) - 9h35 - La petite localité de Goré, au sud du Tchad, s'est dotée de 21 modestes tentes pour accueillir depuis mi-décembre 3.000 Tchadiens résidant en République centrafricaine (RCA) et ayant fui les violences politiques de ce pays.
Ces "déplacés" ont quitté le nord de la RCA pour regagner leur pays, à la suite de la tentative de coup d'Etat perpétrée le 25 octobre à Bangui par les rebelles du général centrafricain François Bozizé, qui ont pris ensuite le contrôle de zones entières de la RCA.
Selon le sous-préfet adjoint de Goré, Attilah Mahamat, ces Tchadiens pris en charge par les autorités locales sont au nombre de 3.125, hommes, femmes et endants.
Prise de court par ce retour, la bourgade frontalière de Goré, située à une centaine de kilomètres de Moundou, une des deux principales villes du sud du Tchad, a vite été débordée par cet afflux.
Un site d'accueil y a été pourtant été aménagé. Les plus chanceux sont arrivés à se loger, par groupes de 10 personnes, dans les 21 tentes mises à disposition, a constaté un correspondant de l'AFP.
Les autres aménagent des logis de fortune sous de grands manguiers, en espérant une hypothétique tente.
"Nous avons beaucoup de problèmes. Nous vendons nos vêtements pour acheter de quoi manger", déplore leur porte-parole, Zenallah Abdine.
A cela, s'ajoute le froid des nuits d'harmattan, pendant lesquelles les "déplacés", pour la plupart sans couvertures, restent éveillés. "Il fait très froid. Nous sommes obligés d'allumer le bois pour nous réchauffer jusqu'au matin", explique le porte-parole.
Vivant dans des conditions d'hygiène approximative, "nos enfants sont malades (et) souffrent de la diarrhée", lance, résigné, Zenallah Abdine.
"La pathologie dominante est la gastro-entérite, due à l'eau du fleuve, qui a tué cinq personnes depuis leur arrivée", affirme le médecin-chef de Goré, Dr Massedibaye Natodjimngar.
Pour tenter d'y remédier, les responsables sanitaires ont aménagé des cuves en plastiques remplies d'eau potable, amenée par citernes depuis la localité de Doba.
Assis à l'ombre des arbres par petits groupes, les chefs de famille s'interrogent. Le doigt pointé sur ses six bambins déguenillés, Faki Moussa, confie: "Ces enfants sont nés et ont grandi en Centrafrique. Ils ne connaissent rien du Tchad. Je me demande quel sera leur avenir".
"Aujourd'hui je n'ai plus rien", explique un commerçant, Ousmane Ali, nostalgique de ses "35 ans passés à Bossangoa" (nord de la RCA), qui dit avoir "tout donné à ce pays" d'adoption.
Malgré leur situation alarmante, certains de ces Tchadiens n'excluent pas un retour en RCA, "si la paix revient".
"J'ai passé plus de 40 ans en Centrafrique. J'y ai des maisons et des champs, explique Zakaria. Le Tchad, c'est mon pays, mais je n'y ai rien, j'espère que la paix reviendra rapidement et je repartirai à Paoua", où il vivait en RCA.
En attendant l'apport espéré de la communauté internationale, "des vivres vont être acheminés" à Goré, confie à l'AFP un officiel tchadien.
Un comité interministériel a été dépêché dans les zones frontalières pour effectuer un recensement de ces déplacés tchadiens, mais aussi des Centrafricains ayant fui leur pays vers le Tchad.
Aide médicale française d'environ 80 millions FCFA à la Centrafrique (soit 120.000 € )
LIBREVILLE, 16 jan (AFP) - 16h53 - La France a décidé d'octroyer une aide médicale d'urgence de 120.000 euros (environ 80 millions FCFA) en faveur des populations centrafricaines touchées par la crise politico-militaire que traverse la RCA depuis fin octobre, a-t-on appris jeudi de source diplomatique.
"La crise à laquelle est confrontée la Centrafrique (...) a provoqué d'importants déplacements de population et un accroissement considérable des risques sanitaires. Afin de répondre aux besoins les plus pressants, (....) le ministère des Affaires étrangères a décidé d'apporter une aide médicale d'urgence d'un montant de 120.000 euros", a souligné mercredi le porte-parole du Quai d'Orsay à Paris.
Ce crédit permettra notamment "un appui technique et logistique aux services (...) de l'hôpital communautaire de Bangui. Il permettra également de fournir une aide alimentaire, psychologique et juridique aux personnes déplacées ou victimes de violences" également à l'extérieur de la capitale, a ajouté le porte-parole.
De source diplomatique française à Bangui contactée depuis Libreville, on souligne que cette aide sera directement gérée par l'ambassade en s'appuyant sur le terrain sur des ONG dignes de confiance.
Dans le cadre de cette opération, la presse centrafricaine sera "invitée à vérifier que l'intégralité de l'aide accordée bénéficiera intégralement aux nombreux civils centrafricains qui ont dû fuir les combats ou ont été victimes de violences quelle qu'en soit l'origine", a-t-on précisé de même source.
Depuis la dernière tentative de coup d'Etat, le 25 octobre, les rebelles, après s'être repliés de Bangui, occupent de larges régions du territoire centrafricain, notamment au nord. Ces mouvements militaires ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes.
Selon la commission épiscopale centrafricaine, neuf des seize préfectures du pays, principalement au nord et au centre de la RCA, ne sont actuellement plus accessibles depuis la capitale.
GORE (sud du Tchad), 15 jan (AFP) -
19h22 - Environ 2.300 Centrafricains fuyant les zones sous contrôle rebelle dans leur pays se sont réfugiés depuis fin décembre à l'extrême sud du Tchad, à 25 km environ de la localité de Goré, a-t-on appris mercredi de source officielle tchadienne.Depuis le 26 décembre, "2.300 Centrafricains sont arrivés à Yamodo", localité tchadienne à la frontière avec la Centrafrique, "en provenance de Paoua, Bossangoua, Nana Bokassa et Boguil", des localités du nord de la RCA a indiqué à l'AFP le chef du poste administratif de Yamodo, Ngororo Nadjita.
Selon M. Ngororo Nadjita, "ces frères ont quitté les zones qui sont sous le contrôle des éléments de (François) Bozizé", l'ancien chef d'état-major des armées centrafricaines, entré en rébellion en novembre 2001 contre le régime de Bangui.
"Les réfugiés sont pris en charge par la population par solidarité", a ajouté ce fonctionnaire.
"Nous sommes préoccupés devant cet afflux massif de réfugiés car nous ne disposons d'aucune infrastructure d'accueil pour y faire face", a-t-il souligné, lançant un appel aux organisations humanitaires.
Le Comité national des réfugiés (Conar), une structure étatique tchadienne, a été depêché sur place pour évaluer les besoins de ces réfugiés.
La rébellion centrafricaine, qui a tenté un coup d'Etat le 25 octobre dernier à Bangui, contrôle depuis cette date d'importantes portions du territoire centrafricain, complètement coupées de la capitale, notamment au nord.
LIBREVILLE, 17 jan (AFP) - 16h31 - Vingt-cinq religieux de différentes nationalités ont été évacués jeudi du nord de la Centrafrique vers le Tchad, a annoncé vendredi le Comité international de la Croix rouge (CICR).
Ces religieux dont les conditions de vie se sont fortement détériorées avec la guerre, exerçaient initialement leurs activités dans différentes localités du nord de la RCA, passées ces derniers mois sous le contrôle des éléments rebelles du général François Bozizé, a-t-on appris de même source.
"A la demande de toutes les parties concernées, une équipe du CICR a évacué hier (jeudi) pour des motifs humanitaires un groupe de 25 religieux de différentes nationalités (brésilienne, centrafricaine, française, italienne, malgache et polonaise) du nord de la République centrafricaine (RCA) vers le Tchad", affirme un communiqué parvenu vendredi à l'AFP à Libreville.
"Les 25 personnes ont été remises ce matin (vendredi) à N'Djamena, la capitale tchadienne, aux représentants des communautés ecclésiastiques et des services consulaires concernés", précise le texte.
"Le CICR remercie les autorités gouvernementales centrafricaines et tchadiennes ainsi que toutes les parties impliquées de lui avoir permis de mener à bien cette opération, conduite à partir du territoire tchadien pour des raisons d'urgence et de logistique", souligne le communiqué.
les religieux s'étaient ces derniers temps regroupés dans le village de Gafo, non loin de Batangafo, à une centaine de km au sud de la frontière tchado-centrafricaine. Ils ont d'abord été conduits par la route jusqu'à Sahr, principale ville du sud du Tchad avant d'être acheminés par un avion militaire français jusqu'à N'Djamena, selon la même source.
La République centrafricaine connaît une partition de fait depuis la dernière tentative de coup d'Etat du 25 octobre menée par les partisans du général Bozizé.