République Centrafricaine: Les troupes loyalistes reprennent une ville au nord-ouest (Bossangoa), affirme le président Patassé
NAIROBI, 20 février 2003, Nations Unies
(IRIN) - Le gouvernement et les forces
alliées étrangères ont repris le fief rebelle de Bossangoa, à environ 300 km au
nord-ouest de la capitale de la République centrafricaine (RCA), Bangui, a
annoncé le président Ange-Félix Patassé au micro de Radio France Internationale.
« En fait, Bossangoa est sous notre contrôle depuis ce matin, » a précisé le
chef de l'Etat lors d'une conférence de presse qui se tenait mercredi à Paris, à
la veille de l'ouverture sommet franco-africain, à laquelle participera M.
Patassé.
La reprise de Bossangoa par les forces du gouvernement et ses alliés du
Mouvement de libération du Congo, une faction de la République démocratique du
Congo voisine, est une victoire hautement symbolique car c'est précisément dans
cette localité qu'est né François Bozizé, l'ancien chef de l'état-major
militaire, aujourd'hui à la tête de la rébellion. Il s'agit également de la
dernière ville importante avant la frontière tchadienne qui se trouve à environ
150 km plus au nord.
Cette nouvelle survient quelques jours après la reconquête par l'armée de Sibut
(à 184 km au nord-est de Bangui), de Bozoum (à 384 km au nord-ouest de Bangui)
et de Kaga Bandoro (à 342 km au nord de Bangui). Le porte-parole du
gouvernement, le ministre Gabriel Jean Edouard Koyambounou, avait annoncé le 14
février que toutes les provinces devaient être libérées avant l'ouverture d'un
dialogue national provisoirement prévu en mars.
Depuis lundi, la presse locale dénonce les violations de l'armée régulière et de
ses alliés congolais envers les Musulmans des villes qu'ils ont reprises.
Parmi les victimes, figurent des Tchadiens mais aussi des ressortissants
centrafricains, soupçonnés de complicité avec les rebelles.
Face à ces contre-offensives gouvernementales, les habitants locaux fuient vers
le nord en direction du Tchad.
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LIBREVILLE, 20 fév (AFP) - 12h03
- La reprise de la préfecture de Bossangoa (centre) par les troupes soutenant le président Ange-Félix Patassé est consécutive à un "repli tactique" des rebelles du général François Bozizé, a affirmé jeudi à l'AFP un officier rebelle centrafricain."Nous étions au courant qu'ils allaient attaquer et nous avons effectué un repli tactique", a déclaré, sous couvert de l'anonymat, cette source jointe au téléphone depuis Libreville.
Le président centrafricain Ange-Félix Patassé a annoncé mercredi à Paris, en marge du sommet France-Afrique, la reprise dans la matinée de la ville de Bossangoa, fief de la rébellion centrafricaine depuis novembre et ville d'origine du général Bozizé, ancien chef d'état-major des armées.
"Les Congolais (de RDCongo) et les Rwandais (qui se battent aux côtés d'éléments de l'Unité de sécurité présidentielle, USP) occupent Bossangoa et la route nationale, mais une partie de nos éléments sont disséminés partout dans la brousse autour de la ville", a précisé la source rebelle.
Au début de l'attaque, "nous avons pris à revers les éléments avancés de Patassé et nous avons récupéré des armes lourdes", a ajouté le rebelle centrafricain, selon qui une vingtaine de mercenaires rwandais ont été fait prisonniers.
"Nous leur avons pris deux véhicules équipés de mitrailleuses bi-tubes 14.7 mm, avec 10.000 munitions chacune, un canon de 106 mm sans recul, une batterie de missiles sol-sol et des lance-roquettes. Nous nous ravitaillons sur eux", a encore affirmé l'officier rebelle.
Selon cette source, les partisans du général Bozizé ont triplé ces derniers mois leurs effectifs, qui se chiffreraient actuellement à environ "1.300 hommes".
Les troupes soutenant le président Patassé, essentiellement des rebelles de RDCongo du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba et des mercenaires rwandais appuyés par des éléments de l'Unité de sécurité présidentielle (USP), seule force régulière, ont entamé il y a une semaine une vaste offensive contre les localités tenues par les rebelles.
Avant Bossangoa, elles avaient repris successivement les villes de Sibut (155 km au nord de Bangui), de Bozoum (357 km au nord-ouest de Bangui) et de Kaga Bandoro (430 km au nord de Bangui). Le porte-parole de la rébellion avait affirmé lundi à l'AFP que ses hommes avaient également choisi de "décrocher" de ces localités en vue de préserver leurs forces.
Selon l'officier rebelle centrafricain interrogé jeudi par l'AFP, les éléments du MLC qui ont quitté Bangui samedi dans le cadre du retrait de Centrafrique annoncé par leur chef Jean-Pierre Bemba, ont en réalité été acheminés par avion sur Bouar (nord-ouest de la RCA) pour continuer la contre-offensive.
GBADOLITE (RDCongo), 20 fév 2003 (AFP) - 10h37 - Le retrait de Centrafrique des rebelles congolais du Mouvement de libération du Congo (MLC) est retardé par des attaques de leurs positions par les rebelles centrafricains du général François Bozizé, a assuré à l'AFP jeudi le chef du MLC, Jean-Pierre Bemba.
Samedi, premier jour de ce retrait, 150 combattants du MLC avaient quitté Bangui par le fleuve Oubangui et par voie aérienne.
"Depuis samedi, plus personne n'a pu rentrer à cause des provocations, nos hommes ont dû se défendre contre des attaques lancées par les hommes du général Bozizé au moment où ils se retiraient", a assuré M. Bemba dans son fief de Gbadolite, dans le nord de la République Démocratique du Congo (RDC), près de la frontière centrafircaine.
Selon M. Bemba, ces attaques ont été perpétrées à 115 kms au nord de Bangui, sur la route qui mène de Bangui à Sibut.
Le 17 février, un porte-parole du général Bozizé avait affirmé que les combats avaient repris entre les rebelles centrafricains et les forces loyalistes du président centrafricain Ange-Félix Patassé, soutenues, selon le porte-parole, par le MLC et des miliciens rwandais.
Les combattants du MLC étaient intervenus fin octobre en Centrafrique pour aider le président Patassé à faire face à une tentative de coup d'Etat du général Bozizé. M. Bemba assure que 1.500 de ses hommes se trouvent encore en Centrafrique.
"Nous poursuivrons notre retrait, en espérant qu'il n'y ait pas de nouvelles provocations", a conclu M. Bemba.