POSITION DU FODEM (Forum Démocratique pour la Modernité) à propos du Dialogue Politique Inter-Centrafricain sans exclusive
.1. Pourquoi un Dialogue Politique pour un règlement pacifique ?
Les tragiques évènements consécutifs aux affrontements armés du 25 octobre 2002 et ses dramatiques conséquences sur les populations civiles : bombardements sauvages de l'aviation libyenne, viols de mineures, de femmes offertes en " repos du guerrier " aux rebelles du M.L.C. de Jean-Pierre BEMBA par le Président PATASSE, sans le moindre regret pour les victimes, le pillage et la destruction des biens, placent le régime anti-social et anti-démocratique de Bangui, même s'il s'en défend, le dos au mur, face à ses responsabilités.
En se révélant incapable de réaliser les aspirations sociales du plus grand nombre de centrafricains, surtout de ceux qui l'ont porté au pouvoir par leur vote et leur soutien, d'échapper dans la gestion de l'Etat et de la Démocratie aux méthodes brutales héritées de l'Empereur BOKASSA 1er qu'il n'a pas su imiter dans son rôle de bâtisseur du Centrafrique, dont le nom reste toujours gravé dans la mémoire des centrafricains, le Président PATASSE n'assume, à la tête de l'Etat Centrafricain, que la fonction de Représentant des immenses intérêts économiques et politiques du Colonel KADHAFI, devenu pour 99 ans, l'heureux propriétaire de la totalité des richesses naturelles dont notre pays avait besoin pour sortir du naufrage économique.
En multipliant les manoeuvres dilatoires pour désinformer et faire croire à la Communauté Internationale qu'il n'y a plus de crise politique en République Centrafricaine, aidé en cela par les Nations-Unies dont le Secrétaire Général, Monsieur KOFFI Annan qui, le 25 juin 2002, devant le Conseil de Sécurité, sur la foi d'un Rapport à l'objectivité fort discutable de son Représentant à Bangui (BONUCA), confirmait la normalisation de la vie politique en Centrafrique et invitait le Conseil de Sécurité à soutenir le dossier financier du Centrafrique devant le Fonds Monétaire International, le Président PATASSE découvre la réalité d'une crise qu'il a largement contribuée à créer, à entretenir par son intransigeance et à envenimer par des propos belliqueux.
La solution politique en vue du règlement pacifique de la crise centrafricaine que le Président PATASSE tente de réduire au Grand Débat National de 1992, organisé par le Général André KOLINGBA qu'il avait violemment combattu, en son temps, à la tête du M.L.P.C., reste, plus que jamais, l'ultime porte de sortie pacifique de la crise politico-militaire, avant l'impasse, porteuse de tous les dangers.
Fort des soutiens militaire et financier de la Libye, des rebelles tchadiens et du M.L.C. de Jean-Pierre BEMBA, la protection rapprochée des troupes de la CEMAC, le Président PATASSE entend faire du Dialogue Politique, une simple formalité comme la Conférence de Réconciliation Nationale de 1998, avec ses baisers de Judas et ses belles promesses sans lendemain.
C'est en prenant en considération les risques d'une extension de la crise militaire que le FODEM fonde son soutien au Dialogue Politique sans exclusive et sans délai.
Cette démarche est d'une évidente nécessité. Les crises militaires de 1996/1997, des 28 mai 2001 et 25 octobre 2002, avaient pour objectif de mettre fin au pouvoir du Président PATASSE pour avoir privé les centrafricains de la jouissance des promesses sociales nées des conquêtes démocratiques de 1993.
Ces assauts n'ont guère abouti. En revanche, les populations civiles en ont payé le lourd tribut, le Président PATASSE n'ayant pu sauver son fauteuil qu'avec les interventions des troupes étrangères. Ces affrontements n'ayant désigné ni vainqueur, ni vaincu, la voie reste ouverte à un Dialogue Politique pour un règlement pacifique en vue de la Réconciliation Nationale Véritable.
.2. Un nouvel ordre constitutionnel pour une Paix durable
Fort des enseignements du règlement politique des crises militaires de 1996/1997, le Dialogue Politique sans exclusive en préparation, ne saurait avoir pour résolution, le partage des responsabilités au sein d'un Gouvernement d'Union Nationale ou de large ouverture, entre la Mouvance Présidentielle, l'Opposition Politique, mais déboucher sur un nouvel ordre constitutionnel acceptable par tous les centrafricains, avec des Institutions Républicaines rénovées, pour plus d'efficacité dans la gestion des Affaires de l'Etat, en vue de s'attaquer à l'immense chantier de reconstruction nationale, vaincre la pauvreté, promouvoir la solidarité, l'ancrage de la Démocratie et de l'Etat de Droit.
Sur la base d'Institutions Républicaines rénovées, un Pouvoir Exécutif conforme à la volonté de tous les centrafricains, un Gouvernement de Concorde Nationale formé sur les critères de compétence et d'expérience, ouvert à la Mouvance Présidentielle, l'Opposition Politique, la Société Civile et les Représentants désignés par les Forces de Défense et de Sécurité de l'intérieur et de l'extérieur, sera à même de mettre en application un Programme de Redressement National pour l'assainissement des Finances Publiques, restaurer le pouvoir d'achat, relancer la consommation par l'apurement des arriérés de salaires, pensions, bourses, la dette intérieure, et engager les négociations avec les Institutions Financières Internationales et les partenaires bilatéraux en vue d'établir un échéancier de remboursement de la Dette Extérieure.
Ce Gouvernement doit, entre autre :
- promouvoir la solidarité, l'égal accès à la santé et au savoir en réhabilitant les Institutions, les infrastructures et les acteurs,
- développer la création d'entreprises pour orienter les emplois ver le secteur privé,
- mobiliser et remotiver le monde rural pour dépasser le seuil de la suffisance alimentaire,
- rendre l'Administration efficace et compétente, débarrassée de la tutelle des choix partisans pour les nominations et les promotions,
- restructurer l'Armée, la Gendarmerie et la Police, pour les rendre nationales et multi-ethniques, telles que créées en 1960 par le Président David DACKO et léguées aux centrafricains en 1979 par l'Empereur BOKASSA ; parvenir à l'adéquation entre les moyens et la mission, le sacrifice et la compensation afin de surmonter les grands défis de la défense de l'intégrité du territoire ; pour la Gendarmerie et la Police, combattre les périls nouveaux : terrorisme, trafics illicites, et assurer efficacement le rôle d'auxiliaire d'une bonne Justice,
- aménager et moderniser le territoire,
- renforcer la Démocratie avec une Justice indépendante, une Presse libre comme l'indispensable contre-pouvoir à l'ancrage de l'Etat de Droit,
- promouvoir une diplomatie de bon voisinage, de paix et de développement, l'intégration sous-régionale et africaine, la libre circulation des personnes et des biens, la nécessaire stabilité politique sous-régionale pour la mise en valeur et en exploitation des richesses nationales, notamment le pétrole, pour l'accroissement du niveau de vie, l'amélioration du cadre de la vie et conquérir la prospérité.Seuls un Pouvoir Exécutif fort et réhabilité, avec des Institutions Républicaines rénovées et équilibrées et un Pouvoir Législatif au service des citoyens et non d'un régime, peuvent conduire cette oeuvre de Rédemption pour le plus grand bien de la Nation toute entière.
Le Dialogue Politique sans exclusive que le FODEM souhaite dépassionné et dépolitisé, sans arrière-pensées partisanes, sinon que la recherche de l'intérêt général des centrafricains, entre les premiers dirigeants des Partis Politiques de la Mouvance Présidentielle et ceux de l'Opposition, les Représentants des Forces de Défense et de Sécurité de l'intérieur et de l'extérieur, les Forces Vives de la Nation, peut aboutir à l'indispensable sursaut national sans lequel l'enfer serait le paradis.
Aussi, restant constant à sa position affirmée le 25 mars 2002 et confirmée le 09 octobre 2002 dans une lettre adressée au Président Omar BONGO, Facilitateur du Dialogue Inter-Centrafricain, désigné le 05 décembre 2001 à Libreville par les Chefs d'Etat de la CEMAC, le FODEM précise :
1. Le Dialogue Politique doit se dérouler sous les auspices de la CEMAC, avec son Médiateur désigné le 05 décembre 2001 à Libreville
2. Le Dialogue Politique, pour des questions de sécurité et de sérénité des débats, en vue d'une solution crédible, doit nécessairement se tenir à l'extérieur, dans un pays neutre. Monseigneur Paulin POMODIMO et l'ancien Premier Ministre Henri MAÏDOU assurant la Coordination des Consultations Préliminaires entre les Centrafricains de l'Intérieur et de l'Extérieur.
3. L'Amnistie Générale ne doit pas constituer un préalable à la tenue du Dialogue, mais faire partie des sujets inscrits à l'Ordre du Jour des débats. En effet, les personnes condamnées à mort pour participation à la tentative de coup d'Etat du 28 mai 2001 l'ont été " par contumace ", sur la base d'une Instruction partiale et politique. Ce procès peut être repris avec une nouvelle Instruction et une Cour Criminelle apolitique. Il est à craindre, qu'en exigeant l'Amnistie Générale comme préalable au Dialogue Politique, l'Assemblée Nationale, expurgée des Parlementaires de l'Opposition contraints à l'exil, en profite pour faire le tri des personnes à amnistier et, surtout, échanger l'Amnistie Générale contre l'Impunité pour tous les actes criminels et crimes de sang commis par le Pouvoir, dont les nombreuses plaintes des parents des victimes sont en souffrance devant la Justice. Plus grave, le Parlement peut décider, dans la Loi d'Amnistie, de priver les victimes de toutes les voies de recours pour une juste et légitime réparation des préjudices subis. Le Peuple Centrafricain mérite qu'on lui rende Justice. Les débats, au cours du Dialogue, fourniront l'occasion, comme cela a été le cas dans les pays limitrophes (Congo Démocratique, Tchad), d'examiner les questions relatives à l'Amnistie Générale et au Pardon, en vue de la Réconciliation Nationale Véritable. Les condamnés à mort participant de plein droit au Dialogue Politique sans exclusive.
Le Président du FODEM a autorisé son Représentant au sein du CPPO, à signer la Déclaration relative aux conditions de la tenue du Dialogue Politique, avec comme un des préalables, l'Amnistie Générale.
Deux des trois conditions posées par le FODEM étant prises en compte par le CPPO, le FODEM ne s'est pas désolidarisé de la Déclaration de l'Opposition, au nom du respect du principe de la prééminence de la position majoritaire sur la minorité, comme dans toute organisation quand il n'y a pas de conflits d'objectif ou de personne.
Telle est la position du FODEM, que doivent défendre, en toutes occasions, ses Représentants, dans tous les forums préparatoires au Dialogue Politique Inter-Centrafricain sans exclusive, en vue de la Réconciliation Nationale Véritable.
Fait à Paris, le 08 janvier 2003
Député Charles MASSI Président du FODEM contraint à l'exil en France