BANGUI, 1er février (AFP) - 18h56 - Si le dialogue national, promis fin novembre par le président Ange-Félix Patassé, vient à échouer, "ce sera un bain de sang sans précédent" en Centrafrique, a estimé samedi le coordonnateur de ce dialogue, le président de la Conférence épiscopale centrafricaine (CECA), Mgr Paulin Pomodimo.
"Si on échoue, ce sera un bain de sang sans précédent et le chef de l'Etat en est conscient", a déclaré, dans un entretien avec l'AFP, l'évêque de Bossangoa pour lequel "aucun dialogue ne peut se tenir sans les rebelles" qui contrôlent désormais des pans entiers du pays.
C'est pourquoi, bien qu'il ait été nommé par le président Patassé sans concertation avec l'opposition, Mgr Pomodimo entend disposer d'une totale liberté d'action pour mener ce dialogue: "l'enjeu est historique pour le pays. Même s'il m'a nommé, je ne suis pas à la solde de Patassé. Au-delà de ma personne, je ne peux en aucun cas permettre que le président se serve de l'Eglise catholique qui est une institution respectée dans ce pays".
Le président Patassé "réalise que cette crise est sans précédent et chaque fois qu'il essaie de tergiverser, nous le lui rappelons", a assuré le prélat. "Le problème est tellement grave qu'il n'a plus le temps de jouer et il le sait (...) le pays n'existe plus en tant qu'Etat", a-t-il dit.
Depuis la dernière tentative de coup d'Etat du 25 octobre, la Centrafrique vit une crise politico-militaire sans précédent, comparée aux mutineries ou tentatives de coup d'Etat antérieurs circonscrits à Bangui et réduits en quelques jours.
Après leur repli de Bangui fin octobre les rebelles, menés par l'ancien chef d'état-major François Bozizé, ont progressivement occupé de vastes régions du pays qui se retrouve coupé en deux. L'objectif des rebelles semble désormais être de prendre le contrôle de la route qui relie Bangui au Cameroun et d'interrompre ainsi l'approvisionnement de la capitale.
"Pourquoi ces coups de force à répétition dans le pays? Les salaires qui ne sont pas payés (NDLR: 34 mois d'arriérés pour les fonctionnaires), les écoles qui ne fonctionnent pas, les hôpitaux qui sont des mouroirs... Tout le monde veut que ça change, mais il faut le faire sans casser le pays", a résumé Mgr Pomodimo.
Quant aux décisions qui sortiront de ce dialogue, "elles devront cette fois être appliquées", a affirmé le coordonateur. "Si on en est arrivé à ce niveau, c'est parce que tout ce qui a été décidé dans les rencontres précédentes n'a jamais été appliqué", a-t-il estimé.
L'évêque et son adjoint, l'ancien Premier ministre Henri Maidou, ont terminé leurs consultations à Bangui. Ils doivent maintenant se rendre en France pour y rencontrer les représentants des rebelles ainsi que les nombreux opposants en exil afin de définir les conditions acceptable par ces derniers. A l'aller, ils feront escale à Libreville pour s'entretenir avec le président Omar Bongo.
Aucune date n'a encore été fixée pour ce dialogue que le coordonnateur voudrait voir débuter rapidement après ses consultations en France.