LIBREVILLE, 20 fév 2003 (AFP) - 14h21 - Le président tchadien Idriss Deby a affirmé jeudi qu'"il y a un plan d'extermination des Tchadiens" en Centrafrique et demandé à la communauté internationale de "sauver" les Tchadiens pourchassés dans le nord de la Centrafrique par les troupes soutenant son homologue Ange-Félix Patassé.
"La chasse à l'homme" en cours est "une sorte de préparation à haut niveau pour massacrer tous les Tchadiens qui ne sont pour rien dans cette instabilité que connaît la RCA depuis 1996. C'est planifié, (...) un plan d'extermination des Tchadiens", a-t-il dit, dénonçant "un régime qui s'abat contre ceux qui portent la jalabya et le turban", "les musulmans".
"Dans un premier temps, nous faisons appel à la communauté internationale pour sauver ces Tchadiens" mais aussi "des Soudanais, des Sénégalais, des gens de l'Afrique de l'ouest", a assuré le chef d'Etat tchadien.
"Je ne pense pas que le peuple centrafricain a un problème avec le peuple tchadien. Il y a un problème de régime" à Bangui, a affirmé le chef d'Etat tchadien, qui participe au sommet France-Afrique à Paris et s'exprimait sur Radio France Internationale (RFI), captée à Libreville.
Depuis l'offensive lancée la semaine dernière contre la rébellion implantée dans le nord et le nord-ouest de la Centrafrique par les diverses forces sur lesquelles s'appuie le président Patassé, "7.000 réfugiés" ont trouvé asile au Tchad et "racontent les massacres" dont ils ont été témoins, a poursuivi le président Deby.
"Est-ce que nous sommes en droit de (...) laisser les Tchadiens être massacrés par des rebelles, par des mercenaires", s'interroge-t-il, en référence notamment aux rebelles congolais et à des "Rwandais" soutenant le président Patassé.
Evoquant sa visite samedi dernier à Bangui qui avait laissé croire que les difficultés entre les deux pays étaient surmontées, le président Deby a déclaré: "Mon déplacement à Bangui, c'était ma décision, certes. Mais j'ai été encouragé aussi par les autorités françaises, y compris le président Chirac (...) Je pensais très honnêtement que le problème était réglé".
"On peut dire que j'ai été roulé dans la farine. Mais on peut aussi dire que la communauté internationale a été roulée dans la farine", a-t-il commenté.
Prié de répondre aux accusations de soutien à la rébellion formulées par Bangui, Idriss Deby a répondu: "Quel intérêt le Tchad va tirer qu'il y ait des problèmes en RCA? (...) La frontière avec la RCA, c'est dans la zone pétrolière du Tchad. Donc, il faut être fou" pour se mettre dans cette situation, a-t-il dit. Le pétrole tchadien devrait commencer à couler "en août
Plusieurs centaines de milliers de Tchadiens sont établis, souvent depuis plusieurs décennies, en Centrafrique dont environ le tiers de la population est de confession musulmane.
LIBREVILLE, 20 fév (AFP) - 15h45 - La reprise des combats en Centrafrique a vivement relancé la tension avec le Tchad voisin, dont le président Idriss Deby a accusé jeudi les troupes de son homologue centrafricain, Ange-Felix Patassé, de "pourchasser" et "exterminer" les Tchadiens vivant en RCA.
Le chef de l'Etat tchadien, interrogé par Radio France Internationale à Paris, en marge du sommet France-Afrique, auquel participe également M. Patassé, a dénoncé un "plan d'extermination" des Tchadiens installés en RCA et évoqué "un problème de régime" à Bangui.
Cette escalade verbale intervient alors que la situation entre les deux pays, très tendue depuis novembre 2001, offrait des signes de normalisation, au lendemain de la visite "d'amitié et de travail" effectuée samedi par M. Deby dans la capitale centrafricaine.
Ce regain de tension trouve son origine dans la contre-offensive générale menée depuis une semaine en Centrafrique par les forces loyalistes et leurs alliés étrangers pour reprendre les villes occupées par les rebelles centrafricains du général François Bozizé.
Selon des témoignages, la reprise des villes de Sibut, Bozoum, Kaga Bandoro et de Bossangoa a été accompagnée d'exactions, visant en particulier les nombreux Tchadiens installés dans ces zones, suspects de collusion avec les rebelles de Bozizé, ancien chef d'état-major des armées.
Le régime de Bangui, fortement appuyé par des combattants du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba et des mercenaires rwandais, accuse le Tchad de complicité avec la rébellion de Bozizé depuis que ce dernier s'est réfugié au Tchad, en novembre 2001, après s'être rebellé à Bangui contre le régime Patassé.
Ces accusations, réfutées par N'Djamena, se sont accentuées lors de la tentative de coup d'Etat des rebelles de Bozizé, le 25 octobre dernier à Bangui.
Après son repli de la capitale, la rébellion centrafricaine, à laquelle prennent part des civils tchadiens, a progressivement occupé des pans entiers du pays, où des biens de l'Eglise ont été pillés, un prêtre et trois employés d'une radio catholique assassinés.
Depuis la reconquête d'une partie de la zone occupée par les rebelles, "le gouvernement tchadien a les yeux tournés vers ses compatriotes qui sont jetés dans les rues, femmes, enfants, des imams égorgés, traînés dans les rues attachés à l'arrière de véhicules militaires", a accusé en retour Idriss Deby.
"La chasse à l'homme" en cours est "une sorte de préparation à haut niveau pour massacrer tous les Tchadiens qui ne sont pour rien dans cette instabilité que connaît la RCA depuis 1996". C'est planifié, (...) un plan d'extermination des Tchadiens", a ajouté M. Deby, dénonçant "un régime qui s'abat contre ceux qui portent la jalabya et le turban", "les musulmans".
"Dans un premier temps, nous faisons appel à la communauté internationale pour sauver ces Tchadiens", a-t-il poursuivi, avant de menacer en termes à peine voilés: "Est-ce que nous sommes en droit de laisser les Tchadiens être massacrés par des rebelles, par des mercenaires?"
Selon M. Deby, "7.000 Tchadiens" ont trouvé refuge au Tchad et "racontent les massacres".
Une source officielle tchadienne s'étant rendue mercredi à la frontière des deux pays, avait indiqué à l'AFP que 3.500 Tchadiens ayant fui ces derniers jours la Centrafrique avaient été recensés.
Le président Patassé a refusé à Paris de commenter ces événements, indiquant qu'il souhaitait "normaliser" ses relations avec le Tchad.
Le porte-parole du gouvernement centrafricain, Gabriel Jean-Edouard Koyambounou, a récemment qualifié les exactions contre les Tchadiens de RCA de "dommages collatéraux".