Question sécuritaire, retour de Bozizé sur le terrain, la Coordination et le cessez-le-feu, 14 mars 2003


La sécurité des Banguissois "garantie", selon le ministre de L'Intérieur

BANGUI, 14 mars 2003 AFP) - 19h40 - Le ministre centrafricain de l'Intérieur, Jacquesson Mazette, a assuré vendredi les Banguissois que leur sécurité était garantie et qu'ils pouvaient "dormir tranquille" en dépit des rumeurs sur les agissements de la rébellion, dans un entretien à la radio nationale.

"Il y a une garantie de sécurité pour la population de Bangui" et celle-ci "peut dormir tranquille" même s'il y a "des petits malins qui veulent toujours répandre de folles rumeurs pour empoisonner l'atmosphère", a-t-il déclaré.

M. Mazette a rencontré vendredi les notables de Bangui pour leur demander de dénoncer tous ceux qui distillent de folles rumeurs dans la capitale centrafricaine et gênent "énormément la tranquillité des citoyens".

"Il y a la rébellion, ce n'est un secret pour personne. Mais cette rébellion n'est pas un problème insurmontable. Le président de la République et les coordonnateurs du Dialogue National mettent en ce moment tout en oeuvre pour que ce Dialogue se tienne", a-t-il ajouté.

La réaction du ministre centrafricain, qui n'a pas évoqué la situation militaire sur le terrain, fait suite suite aux rumeurs les plus alarmistes qui se sont répandues à Bangui après le signalement de nouveaux combats, lundi, à environ 300 km au nord de la capitale, entre forces loyalistes et rebelles du général François Bozizé.

L'un des coordonnateurs du dialogue centrafricain censé résoudre la crise militaire dans laquelle est plongé le pays, Mgr Paulin Pomodimo, avait évoqué mercredi soir devant les médias d'Etat l'existence de "grosses pressions militaires sur la ville de Bangui", sans précisions.

La population de Bangui, théâtre de mutineries militaires et tentatives de coups d'Etat à répétition depuis 1996, vit en permanence dans l'angoisse de nouveaux combats.

Les rebelles du général Bozizé, ancien chef d'état-major, avaient tenté un coup d'Etat le 25 octobre dernier à Bangui avant de se replier. Ils demeurent actifs à l'intérieur du pays, en particulier au nord.


Un journal tchadien s'interroge sur le retour dans ce pays du général centrafricain Bozizé

N'DJAMENA, 14 mars 2003 (AFP) - 13h02 - Le journal indépendant tchadien N'Djamena Bi-hebdo s'interroge vendredi sur un possible retour au Tchad du chef de la rébellion centrafricaine, le général François Bozizé.

"Le général Bozizé serait-il revenu au Tchad ?", se demande le journal privé dans sa page échos, citant des propos qu'auraient récemment tenu en ce sens deux opposants tchadiens, Ngarledjy Yorongar et Kassiré Coumakoye, lors de conférences de presse.

"Certaines sources proches du régime confirment la nouvelle sans toutefois donner des précisions", affirme le journal, tout en soulignant qu'"aucune source officielle n'a pourtant infirmé l'information".

N'Djamena Bi-hebdo, souvent critique envers le régime du président tchadien Idriss Deby, accusé par Bangui se soutenir la rébellion du général Bozizé, estime que la tension "semble vive ces derniers temps aux frontières entre le tchad et la RCA".

"Les troupes de Bozizé seraient en train de reconstituer leurs forces après les sanglantes défaites subies à Bozoum, Sibut et Bossangoa", des villes centrafricaines reprises mi-février par les forces loyalistes centrafricaines, rapporte le journal.

D'autres sources à N'Djamena affirment sous couvert de l'anonymat que le général Bozizé aurait en réalité rejoint ses troupes en Centrafrique par le Cameroun, sous une fausse identité.

Le général Bozizé, ancien chef d'état-major des armées centrafricaines s'était réfugié au Tchad en novembre 2001 avec une partie de ses partisans, après avoir résisté par les armes à Bangui à une tentative d'arrestation pour complot.

Il y avait séjourné jusque début octobre 2002, avant d'être éloigné vers la France dans un souci d'apaisement entre Bangui et N'Djamena.

Depuis Paris, il avait revendiqué la tentative de coup d'Etat du 25 octobre 2002 à Bangui, provoquant la colère des autorités françaises qui lui avaient interdit de s'exprimer publiquement depuis le territoire français.

On ignore depuis quelques semaines où il se trouve.


Le coordonnateur du Dialogue centrafricain veut obtenir un cessez-le-feu

BANGUI, 14 mars 2003 (AFP) - 12h14 - Le coordonnateur du Dialogue centrafricain, Mgr Paulin Pomodimo, veut parvenir à un cessez-le-feu entre forces loyalistes et rebelles du général François Bozizé, a-t-il indiqué lors d'un entretien avec les médias d'Etat centrafricains, jeudi soir.

Mgr Pomodimo, président de la conférence épiscopale centrafricaine, a présenté à cette occasion son "schéma" pour ce dialogue censé réunir les frères ennemis centrafricains pour tenter de mettre un terme aux crises politico-militaires qui ébranlent ce pays depuis 1996.

"Il y aura un pré-dialogue à Rome, suivi d'une réunion du sous-comité militaire et sécuritaire (ndlr: de la médiation de la Communauté économique économique et monétaire d'Afrique centrale) à Libreville, présidé par le chef de l'Etat gabonais Omar Bongo, avant le Dialogue National prévu à Bangui", a-t-il expliqué.

Le pré-dialogue à Rome, placé sous l'égide de la communauté Sant'Egidio, doit "permettre à ceux qui combattent sur le terrain de conclure un accord de cessez-le-feu et de s'entendre sur l'essentiel des questions à débattre", a précisé le prélat.

"Quand on aura évacué toutes ces questions militaires et sécuritaires, et défini les modalités d'application et d'observation du cessez-le-feu, a expliqué Mgr Pomodimo, on pourrait aller au Dialogue National, qui doit se tenir à Bangui selon le chef de l'Etat".

Certains opposants centrafricains en exil, dont les représentants du général Bozizé, ancien chef d'état-major entré en rébellion en novembre 2001, souhaitent au contraire que ce dialogue se tienne en "pays neutre", pour des raisons de sécurité.

Mgr Pomodimo, qui a été chargé par le président centrafricain Ange-Félix Patassé de préparer ces pourparlers de réconciliation, a par ailleurs souligné l'existence actuelle de "grosses pressions militaires sur la ville de Bangui".

"Les forces en présence veulent gagner du terrain mais il nous faut réussir à faire assoir autour de la même table ceux qui combattent sur le terrain", a-t-il dit sans plus de précisions.

Des informations, ni démenties ni confirmées de sources rebelles ou gouvernementales, font état depuis le week-end dernier d'une reprise des combats à l'intérieur du territoire centrafricain.

La route stratégique reliant la capitale centrafricaine au Cameroun serait coupée en plusieurs points par les rebelles qui tenteraient de reprendre le contrôle de villes qu'ils avaient perdues à la mi-février, selon ces informations.

Mgr Pomodimo, évêque de Bossangoa (nord) a reconnu par ailleurs qu'il subsistait des divergences sur l'organisation et le lieu du Dialogue national entre gouvernement et rebelles, dont la date n'a toujours pas été fixée.


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 14