"Merci Patassé": les médias d'Etat racontent "les villes libérées"

BANGUI, 25 fév 2003 (AFP) - 11h57 - Embrassades de soldats loyalistes, images de maisons brûlées, civils faisant le "V" de la victoire: les médias d'Etat centrafricains racontent depuis plusieurs jours la reprise de villes de l'arrière-pays aux rebelles de l'ancien chef d'état-major François Bozizé.

Des journalistes de la radio-télévision nationale et du quotidien gouvernemental Forum de l'unité se sont rendus récemment à Bozum et à Sibut, deux villes reprises mi-février aux rebelles par les forces loyalistes au président Ange-Félix Patassé et leurs alliés étrangers.

Ces villes étaient occupées depuis le repli des rebelles de Bangui, où ils avaient mené une tentative de coup d'Etat le 25 octobre dernier.

La radio et la télévision de Bangui diffusent chaque jour des tranches d'information, en français ou en langue nationale sango, consacrées au "retour à la vie normale" dans ces zones qui étaient occupées depuis novembre dernier par la rébellion.

"La reprise de Bozoum a donné lieu à des combats meurtriers qui ont fait au moins 2O morts parmi les assaillants", dont les cadavres portant des amulettes sont visibles sur le petit écran, explique-t-on.

De jeunes enfants, des hommes et des femmes s'extasient et demandent à témoigner de leurs souffrances

"C'est pour nous un rêve. A chaque fois qu'on voyait un véhicule, il fallait courir nous cacher dans la brousse. Merci aux attaques des loyalistes. Nous sommes sauvés", déclare un jeune homme

"Le choses n'allaient plus bien entre les rebelles et nous. Ils ont commencé à violer des filles, des femmes, et à prendre de force nos animaux domestiques. Il était temps, nous sommes très contents d'avoir été libérés", raconte un autre Centrafricain.

Le Commandant des opérations militaires, surnommé "coup par coup", affirme que "les combats pour la reprise de Sibut ont duré quatre heures, le 14 février. Puis l'ennemi a décroché, abandonnant quatre véhicules 4X4".

A Galafonfo, à une cinquantaine de kilomètres de Sibut, une jeune fille montre ses deux bras portant des blessures et des traces de point de sutures: "C'est les rebelles qui m'ont fait ça. Leur chef, "Emi", est allé me chercher à la maison pour me torturer parce que j'avais refusé de me joindre à eux", affirme-t-elle.

"Il m'a battu longuement, puis s'est servi d'un sabre pour me porter ces blessures. Un de ses compagnons a dû tirer en l'air pour que j'ai la vie sauve", ajoute-t-elle.

"Ils ont violé la fille du chef de subdivision des Travaux publics, qui sortait à peine des couches, et la femme du pasteur de N'Géréngou", assure Lucienne Maléyombo, ancienne mairesse de Sibut.

"Je remercie Patassé qui nous a libérés, déclare encore une femme à Sibut. J'étais venue pour passer deux jours mais je suis restée bloquée quatre mois ici dans la brousse. Je suis heureuse de rentrer à Bangui".

Avant la diffusion de ces reportages, le Premier ministre, Martin Ziguélé, a confirmé dans une interview la réouverture de la route Bangui-Sibut-Grimari-Bambari, appelant les Banguissois à aller visiter leurs parents pour ceux qui en ont les moyens.

"Les préfets, sous-préfets et autres responsables administratifs des villes libérées doivent regagner leurs postes et la population est appelée aussi à regagner les villes et villages désertés lors de l'occupation des partisans de Bozizé", a-t-il déclaré.

A Sibut et Bozoum, les préfets étaient présents pour accueillir les journalistes.

Ces derniers n'ont fait nulle mention des exactions des forces loyalistes dirigées, selon N'Djamena, contre les civils Tchadiens et les musulmans, suspects de complicité avec les hommes de Bozizé. Des accusations démenties par les autorités de Bangui.


Actualité Cantrafrique de sangonet - Dossier 14