Abel Goumba nommé Premier ministre en Centrafrique

BANGUI, 23 mars 2003 (AFP) - 16h17 - Le président autoproclamé de Centrafrique, François Bozizé, a désigné dimanche comme nouveau Premier ministre le professeur Abel Goumba, a annoncé la radio nationale.

Le communiqué annonçant la nomination de M. Goumba a été lu à la radio par le porte-parole du nouveau président centrafricain, le capitaine Parfait Mbaye.

Professeur de médecine à la retraite, Abel Goumba avait été le premier homme politique reçu par le nouveau chef de l'Etat qui l'a ensuite consulté à deux reprises depuis sa prise de pouvoir, le 15 mars dernier.

Eternel opposant aux différents régimes qui se sont succédés à Bangui après la mort en 1959 du père fondateur de la Centrafrique, Barthélémy Boganda, dont il était alors le vice-président, M. Goumba, député, assurait ces derniers mois la présidence tournante de la Coordination des Partis Politiques de l'Opposition (CPPO).

Figure très respectée de la vie politique centrafricaine, M. Goumba préside également l'une des 12 composantes de cette coordination, le Front Patriotique pour le Progrès (FPP).

Dans un entretien jeudi avec l'AFP, M. Goumba avait estimé que le général Bozizé avait "débarrassé le pays d'un dictateur qui a amené la misère".

L'ancien président, "Patassé a laissé le pays dans un gouffre. Nous avons toujours parlé de la clochardisation de la société centrafricaine, de la mauvaise gestion. Il a eu recours à des rebelles (du Mouvement de libération du Congo, alliés au régime) dont les exactions sont connues de tous. Tout cela rendait le pays asphyxiant. C'était trop, il fallait que cela cesse", avait-il ajouté.


 Abel Goumba Premier ministre, les Tchadiens en force à Bangui

BANGUI, 23 mars 2003 (AFP) - 16h59 - Le président autoproclamé centrafricain, le général François Bozizé, a désigné dimanche au poste de Premier ministre l'opposant historique Abel Goumba alors que les Tchadiens, avec 400 hommes, sont désormais en force à Bangui pour appuyer le nouveau régime issu du coup d'Etat du 15 mars.

"Le président de la République décrète" que "le professeur Abel Goumba est nomme Premier ministre, chef du gouvernement", a annoncé dimanche après-midi à la radio nationale le capitaine Parfait Mbaye, porte-parole du général Bozizé.

Agé de 76 ans, professeur de médecine à la retraite, M. Goumba, député, est une figure très respectée de la vie politique centrafricaine. Vice-président du père fondateur de la République centrafricaine, Barthélémy Boganda, dont il avait assuré l'intérim à sa mort en 1959, il n'a jamais accepté de rentrer dans les gouvernements des différents régimes qui se sont succédé à Bangui depuis lors.

Dans un entretien jeudi avec l'AFP, M. Goumba avait estimé que la prise de pouvoir du général Bozizé ne pouvait pas s'apparenter à un coup d'Etat classique car il avait "débarrassé le pays d'un dictateur qui a amené la misère".

Gage de sérieux pour la communauté internationale, cette nomination intervient alors que la normalisation semble gagner du terrain à Bangui.

Cette sécurisation de la capitale, livrée aux pillages les premières 48 heures qui ont suivi le putsch, est imputable pour une bonne part à l'arrivée, depuis le milieu de semaine, des 400 soldats tchadiens qui constituent désormais la principale composante de la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac) dont ils ont plus que doublé les effectifs.

A couteaux tirés avec le régime centrafricain déchu, le Tchad n'était pas représenté jusqu'alors dans la force déployée à Bangui depuis décembre dernier, avant le renversement du président Ange-Félix Patassé. Forte aujourd'hui de plus de 700 hommes, cette force comprenait, avant l'arrivée des Tchadiens, 310 soldats gabonais, congolais (Brazzaville) et équato-guinéens.

"Nous sommes 400. Notre mission est d'assurer la sécurité de Bangui et des étrangers, ainsi que de restituer les biens volés" pendant les pillages, a déclaré à l'AFP le colonel Abakar Abdelkarim, commandant de la garde présidentielle du chef de l'Etat tchadien Idriss Deby.

Les informations disponibles jusqu'à présent à Bangui faisaient état de la présence d'environ 200 militaires tchadiens.

Le colonel Abakar Abbdelkarim a confirmé qu'au cours des derniers jours, les soldats gouvernementaux tchadiens avaient désarmé des ex-partisans du général Bozizé, dont certains profitaient de leur statut de "libérateurs" pour se livrer à des pillages et des agressions en toute impunité.

Ces anciens rebelles, parmi lesquels figurent des mercenaires tchadiens, "ont été cantonnés dans les casernes" de Bangui, a souligné l'officier tchadien.

Désireux de rassurer l'ensemble des communautés religieuses du pays, le général Bozizé, après avoir assisté à la prière du vendredi à la mosquée, a effectué dimanche le tour des Eglises chrétiennes, se rendant successivement à la petite église protestante dont il est le fondateur, à la cathédrale et au temple.

Dernier signe de ce retour progressif à la normale: la radio nationale, "Radio Centrafrique", a repris dimanche ses programmes habituels après une semaine de musique militaire.

Samedi en fin de journée, avant la fermeture de la station, un animateur a annoncé: "tout est rentré dans l'ordre. La radio nationale aussi va devoir renouer avec la musique populaire pour distraire le peuple".


Le nouveau Premier ministre Abel Goumba, un éternel opposant

BANGUI, 23 mars 2003 (AFP) - 17h25 - Réputé intègre, honnête et rigoureux, le Pr Abel Goumba, désigné dimanche au poste de Premier ministre par le général François Bozizé, est un compagnon de route du père de l'indépendance centrafricaine, Barthélémy Boganda.

Agrégé de médecine, cet homme grand et mince qui porte bien ses 76 ans, fut ministre des Finances de Boganda en 1958. A la mort de ce dernier, le 29 mars 1959, il assure la présidence intérimaire pendant un mois avant de céder le pouvoir à David Dacko.

Les relations entre les deux hommes deviennent vite des plus tumultueuses, allant jusqu'à l'emprisonnement du Pr Goumba, puis à son exil.

L'opposant deviendra alors fonctionnaire international à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), pour l'essentiel au Rwanda. Il milite de l'extérieur pour le renversement de Jean-Bedel Bokassa qui, en 1966, s'est emparé du pouvoir à la suite d'un coup d'Etat contre David Dacko.

Rentré au pays en 1979 à la faveur de l'opération militaire française "Barracuda", qui devait permettre le renversement de Bokassa et le retour de Dacko, Abel Goumba sera candidat malheureux à la présidentielle de 1981 remportée par M. Dacko, renversé dès septembre de la même année par le général André Kolingba.

Nommé recteur de l'université de Bangui, Abel Goumba est rapidement accusé de manipuler les étudiants en vue d'un soulèvement contre le régime.

Arrêté, il est finalement assigné à résidence pendant plus de deux ans dans sa ville natale de Kouango, à environ 200 km à l'est de Bangui.

Candidat malheureux aux présidentielles de 1993 et 1999, remportées par Ange-Félix Patassé, renversé par le coup d'Etat du 15 mars, cet homme ouvert et chaleureux est toujours resté opposant, de 1959 à ce jour.

A la tête de la Concertation des partis politiques de l'opposition (CPPO), qui regroupe 12 formations, M. Goumba, également président du Front patriotique pour le progrès (FPP), s'est montré le plus farouche adversaire au régime du président déchu durant ses 10 années de pouvoir.

Selon Paul Bellet, président du Mouvement national pour le renouveau (MNR), l'une des 12 composantes de la CPPO, la nomination du Pr Goumba "est une grande joie pour la CPPO et une grande partie de la population acquise à l'opposition".


Abel Goumba: "le couronnement d'une vie de combat pour la démocratie"

BANGUI, 23 mars 2003 (AFP) - 18h13 - Le Pr Abel Goumba a estimé dimanche à Bangui que sa nomination au poste de Premier ministre en Centrafrique était "le couronnement d'une vie de combat pour la démocratie", et a promis de "tout faire pour le redressement du pays", avec "intégrité et honnêteté", dans un entretien avec l'AFP.

"C'est le couronnement de la vie de combat que j'ai menée pendant 40 ans pour la démocratie dans ce pays", a réagi M. Goumba, 76 ans, après l'annonce par la radio nationale du décret du président autoproclamé François Bozizé le nommant Premier ministre.

Le doyen des opposants centrafricains, compagnon de route du père fondateur de la République centrafricaine (RCA), Barthélémy Boganda, a adressé ses "remerciements au général Bozizé qui m'a fait l'honneur de me confier la lourde tâche du redressement de ce pays qui est tombé si bas".

Abel Goumba a précisé avoir appris sa nomination "à la radio, comme tout le monde".

Il a indiqué qu'il ferait de plus amples déclarations sur la composition de son futur gouvernement après avoir rencontré lundi le général Bozizé, qui a renversé le 15 mars le président Ange-Félix Patassé, à la faveur d'un coup d'Etat.


Abel Goumba: "le couronnement d'une vie de combat pour la démocratie" (afp version 2)

BANGUI, 23 mars 2003 (AFP) - 19h05 - Le Pr Abel Goumba a salué dimanche sa nomination au poste de Premier ministre en Centrafrique comme "le couronnement d'une vie de combat pour la démocratie", et a promis de "tout faire pour le redressement du pays", avec "intégrité et honnêteté", dans un entretien avec l'AFP.

"C'est le couronnement de la vie de combat que j'ai menée pendant 40 ans pour la démocratie dans ce pays", a réagi M. Goumba, 76 ans, après l'annonce par la radio nationale à Bangui du décret du président autoproclamé François Bozizé le nommant Premier ministre.

Le doyen des opposants centrafricains, vieux compagnon de route du père fondateur de la République centrafricaine (RCA), Barthélémy Boganda, a remercié le "général Bozizé qui m'a fait l'honneur de me confier la lourde tâche du redressement de ce pays qui est tombé si bas."

"Je ferai tout pour redresser ce pays", a ajouté M. Goumba, précisant avoir appris sa nomination "à la radio, comme tout le monde", avant qu'une foule en liesse ne vienne se presser aux abords de sa modeste villa d'un quartier populaire du centre de Bangui.

Il a indiqué qu'il ferait de plus amples déclarations après avoir eu des entretiens lundi avec le général Bozizé, qui a renversé le 15 mars le président Ange-Félix Patassé à la faveur d'un coup d'Etat.

M. Goumba, chef de file respecté de l'opposition intérieure centrafricaine, a estimé qu'il devait peut-être sa nomination à sa réputation "d'honnêteté".

"Le général Bozizé a dit qu'il souhaitait s'entourer de ministres intègres, travailleurs, ayant le sens de l'Etat", a expliqué M. Goumba. "Un gouvernement ramassé, soudé, et surtout l'intégrité, la lutte contre la corruption, c'est tout ce que j'ai toujours préconisé pour ce pays", a-t-il dit.

"Je me vois très mal travailler dans un gouvernement de dictature", a-t-il ajouté, estimant que la prise du pouvoir par le général Bozizé n'était "pas un coup d'Etat, mais une révolution, une libération".

"Il y a des Centrafricains en armes qui se sont révoltés. Moi et certains compatriotes avons combattu avec le verbe et les mains vides. Mais c'était le même combat", a-t-il dit.

Le nouveau Premier ministre centrafricain a souligné avoir "toujours gardé de bonnes relations" avec le général Bozizé, qui a connu comme lui l'exil, et avec lequel il a été emprisonné à Bangui sous le régime du président André Kolingba (1981-1993).

M. Goumba s'est encore déclaré "pas surpris" par la joie populaire qui a salué sa nomination: "La foule connaît mon intégrité. Elle sait que je ne m'acoquine pas avec tous les gouvernements au bord de la mangeoire".


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