BANGUI, 16 juillet 2003 (AFP) - 21h48
- Les autorités centrafricaines ont accusé l'ex-chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba de "piraterie" à la suite de l'arraisonnement par ses hommes, le 6 juin, d'un bateau-citerne centrafricain, a-t-on appris mercredi de source officielle."Pour le chef de l'Etat, Jean-Pierre Bemba doit restituer immédiatement et sans condition les biens de la République centrafricaine qu'il a confisqués. Il s'agit d'un acte de piraterie sur la voie des eaux internationales", a déclaré à la radio nationale Me Zarambaud Assingambi, ministre chargé du Secrétariat général du Conseil des ministres.
M. Bemba "voudrait qu'une délégation centrafricaine se rende (dans son fief) à Gbadolite (nord de la République démocratique du Congo) mais le gouvernement centrafricain n'entend pas discuter avec lui. Il préfère plutôt discuter avec le gouvernement légal de Kinshasa", a affirmé Me Zarambaud.
En partance pour Brazzaville au Congo, le Ouaka, appartenant à la Société centrafricaine de transports fluviaux (Socatraf), avait été arraisonné le 6 juin par des miliciens du Mouvement de libération du Congo (MLC) de M. Bemba à Dongou, sur la rive congolaise du fleuve l'Oubangui, à quelques 200 km en aval de Bangui.
Cette affaire a été évoquée à Kinshasa par les présidents centrafricain François Bozizé et congolais Joseph Kabila, au lendemain de son arraisonnement. Elle a ensuite fait l'objet d'une rencontre entre le ministre centrafricain des Affaires étrangères, Karim Meckassoua, et le secrétaire général du MLC, Olivier Kamitatu, qui a réitéré la demande de rencontre à Gbadolite, a indiqué Me Zarambaud.
Joint au téléphone à Brazzaville par l'AFP depuis Bangui, un des marins ayant requis l'anonymat a confirmé que "les membres de l'équipage sont arrivés à Brazzaville sains et saufs", mais qu'ils ont été "maltraités à Dongou. Nous avons tout perdu, argent, bagages, et autres biens. C'est Dieu qui nous a sauvé la vie", a-t-il dit.
Cet homme d'équipage a indiqué que ses collègues et lui-même allaient "remonter le fleuve dès lundi prochain" à bord d'un autre navire de la Socatraf, le M'bomou. "Mais nous ne savons pas quel sera notre sort au niveau de Dongou", s'est-il inquiété.
Le MLC avait confirmé l'arraisonnement du Ouaka "à la suite de l'utilisation abusive du passage de ce navire sur le territoire congolais".
Selon le MLC, le bateau avait été arraisonné "en réponse au refus par les nouvelles autorités centrafricaines d'accepter le passage sur leur territoire de biens de marchandises et de personnes en direction du territoire sous contrôle du MLC".
Le MLC entretenait d'excellentes relations avec l'ancien régime centrafricain, auquel il avait apporté une aide militaire substantielle, en particulier pour lutter contre la rébellion du général Bozizé qui a finalement pris le pouvoir le 15 mars à Bangui.